Le mercredi 8 juin à 20h30 se tiendra à l’ESA une soirée jazz pour découvrir dans quelle mesure ce genre musical peut s’avérer être un modèle inspirant pour le monde des affaires. Guillaume Taslé d’Héliand, un des trois experts au commande de la soirée, nous expose le concept de ses rencontres musique-business.
Comment vous est venue cette idée de soirées mêlant musique et monde des affaires ?
La musique est un media extraordinaire, qui conduit au dialogue et au partage, qui rapproche les personnes les unes des autres. A l’occasion d’un mémorable dîner auquel participait Stéphane Attali, directeur de l’ESA, et son épouse, il a beaucoup été question de musique. Stéphane Attali m’a raconté ce qu’il avait entrepris avec la création des ’Rencontres musicales’ au sein de l’école, sous la direction artistique d’Alain Pâris. Il m’a expliqué pourquoi : le monde de la création artistique et de l’innovation devraient être inspirants pour des managers ; le sens de l’esthétique est important dans toutes les dimensions de la vie ; les artistes sont condamnés au renouvellement, à l’interprétation du monde et à la différenciation. A chacun son univers. Les hommes d’affaires, en fait, ont au moins les mêmes contraintes. Ma petite idée, que Stéphane Attali a tout de suite vu venir, a été d’observer que le jazz est un modèle très actuel, très flexible, peut-être plus universel que la musique classique.
En quoi consiste cet évènement ?
Beaucoup de personnes vous affirment sérieusement qu’elles n’aiment pas le jazz. Ma petite expérience m’a enseigné que c’était inexact : la bonne réponse serait qu’elles ne connaissent pas le jazz, elles ne savent pas ce que c’est. Plus de 90% des musiques que nous écoutons ne seraient pas du tout les mêmes si le jazz, apparu avec la radiodiffusion et le gramophone il y a 100 ans, n’avait pas existé avant. Beaucoup de gens écoutent du jazz, ignorant que c’en est. Il y a deux idées dans cette soirée : démontrer que tout le monde aime le jazz et que c’est l’un des premiers vecteurs de rencontre dans le monde actuel. C’est une soirée de rencontres, dans le sens le plus noble du terme. La deuxième idée, c’est de mettre en évidence toutes les métaphores de management et d’intelligence dont le jazz est porteur. C’est donc aussi une soirée ’’business minded’’.
Pourquoi mettre en avant le jazz en particulier ?
La dimension humaine est complexe, faite d’individualités plutôt égoïstes et d’entreprises communes dans l’intérêt général, qu’elles soient économiques, religieuses, politiques… où l’individu tient une place plutôt secondaire. Un orchestre symphonique laisse relativement peu de place à l’individu, solistes et chef mis à part, il comporte une direction centrale forte, si je caricature un peu. Un groupe de jazz, ou de rock, est plutôt une somme d’individualités qui, à un moment ou à un autre, vont chercher à s’affirmer. Le jazz, plus que n’importe quelle musique, se caractérise par quelques lignes fortes : l’improvisation et le dialogue permanents, la rupture, l’innovation, le rythme, avec la basse et les percussions, l’échange permanent avec le public, la simplification, la suggestion, la reconnaissance du talent individuel et son concours essentiel au succès de l’ensemble. La sanction est rapide, comme dans le business.
Que retirent les participants de ce genre de rencontres ?
L’idée première, c’est que les arts comportent de nombreux modèles inspirants pour le management et pour la conduite des affaires. Si vous observez que la plupart des grands patrons, qui marquent leur entreprise et leur époque, sont des personnes inspirées, en recherche de modèles, vous avez un premier bénéfice à cette rencontre qui illustrera beaucoup de métaphores. Une deuxième idée est que la création nous a donné deux oreilles et une seule bouche : nous faudrait-il écouter, après avoir appris à entendre, deux fois plus que nous parlons ? Cette soirée, située dans l’univers du son et de l’écoute, nous apportera sa réponse.
Allez-vous réaliser d’autres évènements du même genre au Liban ?
Je suis ouvert à cette perspective très réjouissante, ce qui revient à dire que je l’espère ! La deuxième condition pour créer ce type d’événement, c’est la ’’rencontre’’. Chaque séjour au Liban est pour moi l’occasion d’au moins une rencontre que je n’oublierai jamais. La rencontre révèle des affinités et le partage d’une vision qui créent une opportunité… ou pas. Plus besoin alors de finir les phrases car on se comprend. La confiance est importante. Dans ce contexte, pas de temps perdu, les choses avancent vite et le temps, que la musique incarne mieux que tout, est le plus précieux de nos capitaux.
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