''La Musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à la pensée''. Platon
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La mort véritable est dans l’oubli. Effacer la mémoire est le plus grand préjudice que l’on puisse porter à l’avenir. Sans histoire, nous sommes réduits à des électrons libres à la merci de forces contraires. Bâtir sur du vide n’est pas porteur par définition. Alors, malgré les guerres, l’oppression, les exodes, la politique de la terre brûlée, gardons au fond de notre cœur, dans les replis de nos souvenirs, des lieux, des images, des mélodies que personne ne peut atteindre et détruire, un ancrage fort, une source profonde et intarissable, d’où pourront rejaillir tous les possibles.
Parler de la vie musicale au Liban, c’est ouvrir un album méconnu et excessivement riche.
Son histoire, son ouverture, sa sensibilité, conséquence de toutes les civilisations qui l’ont traversé et de la Méditerranée qui a élargi ses horizons, ont fait que le Liban a produit des œuvres au cachet oriental, occidental, classique, traditionnel, populaire, cinématographique, religieux et militaire, qu’il serait difficile d’aborder complètement dans cette rubrique. Alors, dans un premier temps, il sera question de la musique folklorique et populaire jusqu’au début de la guerre dans les années 1970, aperçu qui n’a aucunement la prétention d’être exhaustif.
Confluent de civilisations, ouvert sur la mer et les ailleurs, le Liban a donc permis l’éclosion d’expressions musicales diverses, fruit des nombreuses influences qui se sont croisées sur son sol : byzantine, syriaque, persane, ottomane, arabe, occidentale (aussi bien classique que moderne).
A la différence de la musique occidentale dans laquelle se sont développés l’art de la polyphonie et de l’harmonie, la musique arabe est ancrée sur la monodie où la mélodie est monophonique (une seule note jouée à la fois) et construite sur un système extrêmement riche de modes mélodiques appelés maqâms.
Dans les premiers siècles du christianisme se développe une musique sainte syriaque, byzantine, qui, conjuguée aux musiques égyptiennes et bédouines, peut être considérée comme la genèse de la musique libanaise.
On retrouve en effet dans les chants liturgiques traditionnels de l’Église Syriaque en général et Maronite en particulier, de fortes ressemblances avec les caractéristiques de la musique libanaise.
Le patrimoine musical bédouin a également influencé le folklore musical au Liban. Les traditions et les chants bédouins sont arrivés au Liban surtout avec l’immigration et le phénomène de transhumance. Le fonds musical commun que l’on retrouve dans les pays du Proche Orient est probablement dû à ces tribus nomades qui ont marqué de leur empreinte les pays où elles sont passées. Certaines tribus bédouines se sont sédentarisées et l’on retrouve dans la Békaa bon nombre d’entre elles. Le verbe poétique est pour les bédouins le summum de l’expression artistique. Leur poésie traite de l’amour, des hommes valeureux, du désir, de la douleur. Plusieurs théoriciens, historiens, poètes et chanteurs libanais font remonter l’origine de quelques formes de chants populaires libanais à des tribus bédouines qui existent toujours.
La musique et le chant traditionnels libanais sont en quelque sorte la résultante d‘un mélange des musiques de civilisations lointaines transmises oralement à travers les siècles. En l’absence de documents écrits, il est impossible d’en connaître les auteurs véritables. Cette musique campagnarde et ces chansons liées à la vie de chaque jour sont souvent mal connues. Elles risquent de se perdre avec le décès des anciens, trésoriers du passé et porteurs de la tradition. Il se fait donc pressant de les enregistrer avant qu’elles ne disparaissent définitivement.
Parmi les chants populaires libanais, héritage des diverses influences bédouines, syriaques et arabes qui se retrouvent dans la musique folklorique du Liban, nous pouvons citer :
La Ataba, plainte généralement chantée a cappella, c’est un des genres populaires les plus anciens et les plus répandus dans la région. Dans sa forme traditionnelle, c’est un chant d’amitié, un poème nostalgique et mélancolique, un chant d’amour.
La dalouna qui accompagne normalement la dabké. Dalouna en libanais veut dire : qui est choyée. Ce chant est généralement accompagné de deux instruments, le mejwez et le tabl. L’origine du mot remonterait à la langue syriaque.
Ya gzayel que les frères Rahbani ont adapté de sorte à ce qu’il puisse être joué sur les instruments orientaux et occidentaux. Il accompagne aussi la dabké.
Abou zeluf avec l’interprétation remarquable de Sabah et son « owf ». Chez l’homme, zeluf veut dire favoris. C’est un chant montagnard qui célèbre les amours rustiques. Il est le fruit de l’improvisation et se transmet par tradition orale.
Mijana, communément considéré comme une forme représentative du Zajal libanais.
Jina wjina wjina. C’est un chant nuptial interprété avec joie et fierté. Il est chanté au moment où l’époux et sa famille vont chercher la jeune mariée de la maison paternelle.
Ces divers chants prennent des formes et des interprétations plus ou moins différentes selon les régions libanaises. Les chants libanais étaient accompagnés par un ensemble d’instruments traditionnels anciens tels que le rebab, le mejwez et la darbouka.
On distingue :
Le chant mélismatique interprété par un soliste sur une mélodie libre et improvisée.
Le chant syllabique qui est communautaire, interprété en choeur et souvent accompagné de dabké.
Le chant mixte dans lequel un soliste et une assemblée se répondent.
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