Présentés au sein d’une même soirée, Biokhraphia et Riding on a cloud interrogent l’autoportrait. Dans Riding on a cloud, un homme appelé Yasser se confie à un dictaphone, projette des vidéos et diffuse des enregistrements, tout en émettant des réserves sur la conformité de ces documents avec sa véritable personne. Dans Biokhraphia, c’est Lina Majdalanie qui se prête à une très insolite interview.

Biokhraphia (2002) est un mot composé qui pourrait être traduit par « vie-délire » et qui déploie une interview houleuse de l’artiste Lina Majdalanie à propos d’une pièce qu’elle aurait créée avec son partenaire Rabih Mroué et qui s’intitulerait Biokhraphia. L’intervieweuse qui pousse l’artiste dans ses retranchements se manifeste par la propre voix enregistrée de Lina Majdalanie, obligée de répondre de ses choix intimes, familiaux, politiques et surtout artistiques. On devine que certaines critiques de l’intervieweuse font échos aux reproches récurrents reçus par le tandem Majdalanie-Mroué à propos du théâtre qu’ils pratiquent, au regard d’un théâtre plus conventionnel, considéré par certains comme seul digne de ce nom. Une mise en abîme grinçante et loufoque du récit de soi, et un manifeste politique et esthétique.