TRACES, ROY DIB
ArtVernissage: 26/02/2025 à 18:00
Du 27/02/2025 à 11:00 jusqu'au 03/04/2025 à 19:00
Dans Athar, Roy Dib présente un corpus d’œuvres qui témoignent de son vécu des événements politiques les plus récents. Ces événements, il les aborde en faisant un pas de côté, afin de pouvoir les regarder. Entièrement contenu dans
ce décalage qui rend l’énonciation possible, le travail de Dib transpose la violence extrême et sa représentation problématique sur les éléments de son quotidien en temps de guerre. La sexualité et l’épreuve du son constituent les
deux entrées dans le champ de cette expérience.
Ce n’est pas la première fois que les paradigmes de la sexualité, des limites et des frontières affleurent dans le travail de Roy Dib, comme autant d’accès pour construire un récit possible du moment actuel dans ce qu’il a de complexe et
de difficilement appréhendable. Ici, la sexualité et les rapports de force qu’elle permet de performer, constitue la première entrée pour rendre compte du rapport du corps à la ville en contexte de violence. Traces (ou Athar) est donc
une série de 20 photographies succédant à un épisode sexuel. Sans arrangement ni mise en scène, l’artiste donne à voir, en l’absence des corps, le lieu où s’est déroulée la rencontre et les objets qui y sont encore présents,
comme autant de traces de ses désirs, de ses pratiques et de sa vulnérabilité dans ce contexte plus général.
L’expérience phénoménologique et les traces sonores de la violence constituent la deuxième réponse. Dans Jidar, il propose une série de vues prises en champ et contrechamp. Les deux plans constituent ensuite les deux
volets d’un diptyque, un récit qui donne à imaginer le déploiement du son dans ce qu’on appelle « le mur du son » (ou jidar el sawt), c’est-à-dire sa redondance. Se trouvant littéralement entre les deux espaces, l’artiste donne à comprendre qu’il est également pris entre les deux moments constitutifs du « mur », l’entre-deux dans lequel se déploie également la tension dramatique de l’incertitude et de l’attente. Au centre de l’exposition, une espace cubique muni d’un casque suppresseur de bruits est une invitation à s’asseoir pour un moment de silence et de tranquillité loin du bruit de la guerre. De même que les trois boucliers attenant à cet ensemble qui ont également pour fonction
d’éloigner le mal et de protéger la ville.
Comment raconter l’espace de la violence ? Comment faire le récit des temps catastrophiques ? Comment dire la solitude du corps ? Le travail de Roy Dib veut répondre à ces questions à travers une poétique de la trace, en invitant le
regard à se déplacer vers les dispositifs de mise en récit que celle-ci permet de développer et qui rendent la narration envisageable.
Nayla Tamraz
ÉVÉNEMENTS SIMILAIRES