L’exposition "Words Unspoken" riche en portraits contemporains, se tient à la galerie Carré d’artistes, du 1er Mars au 31 Mai 2023.

Le portrait, en latin imago, image ou ressemblance, incarne donc la représentation de la figure. Qu’il soit d’époque grecque ou romaine en passant par la civilisation égyptienne, l'art du portrait a toujours évolué à travers les âges. Il traduit le reflet précis de l'expression d'une société et de sa progression au fil du temps.  

Le portrait est de nature commémorative: il rend présents « ceux qui sont absents » dixit Alberti dans le grand traité artistique du XVe siècle, « De Pictura », en s'appuyant sur les écrits de Plutarque. 

Ce genre pictural qui souligne l’articulation entre la société et l’individu, reste un enjeu crucial de l'art et de la peinture actuels. 

Carré d’artistes vous propose une sélection de portraits contemporains, allant de Frida Kahlo à Amy Winehouse en passant par des figures anonymes de différents artistes qui occasionnent une réflexion portant sur la question de l’identité et de la mutation du regard au sein de l’art figuratif contemporain.

Abelardo Hernandez représente ses figures en 3 dimensions. Un style très particulier, fruit de son inspiration de l'environnement coloré et chaleureux des Caraïbes d'une part, et de l'autre de sa passion pour la sculpture, “je nourris le désir de façonner un univers aux apparences magiques”. 

Anne Pivot-Iafrate cultive la marque du temps à travers ses icônes feminines aux yeux clos. Ornés parfois de fleurs, ses visages doux, invitent à la solennité, l’intériorité et le recueillement. L’artiste conjugue couleurs et matière pour installer une présence. Pour elle, l'émotion passe à travers le regard “qui en dit souvent plus long que beaucoup de paroles”.

Le style de Virginie Schroeder s’oriente plutôt vers le Pop Art. L’artiste développe des techniques personnelles, nées de la synthèse entre sa maîtrise du figuratif et sa fascination pour l’abstrait. Ses créations “cherchent à intriguer et portent au questionnement par l’apparence abstraite qui se voit au premier regard, mais dont le portrait ou le sujet choisi se précise au fur et à mesure que l’observation se prolonge.”

À la recherche d'une vraie liberté, loin des conditionnements imposés, les figures poétiques et en gros plan de Béatrice Riva sont quant à elles une introspection à travers les troubles et les contradictions de l'âme humaine. L’artiste présente souvent des figures qui semblent inachevées pour souligner “l’imperfection du monde intérieur”. 

Grand admirateur des figures iconiques de son temps, Franck Lamboley rend hommage aux stars du cinéma, de la musique ou encore aux personnages imaginaires issus des comics américains, qui ont tant marqué nos esprits. Les formes s'épurent, se réinventent, et se recomposent en assemblages délicats, mêlant les techniques mixtes de collages et de dripping. 

Styliste pour de grands couturiers comme Angelo Tarlazzi, Karl Lagerfeld et Andres Sarda, avant de se consacrer à son activité artistique, Karl Gustavsen, fixe sur son support des instants anodins et éphémères du quotidien. Ses personnages se mettent en scène et prennent la pose devant un spectateur intrigué. Décomposés et fragmentés, ils proposent une alternative imaginée. 

Quant à Graffmatt, sa passion pour la peinture s’est révélée à travers de celle vouée au Street Art et à la culture Hip-Hop. Pour s’immerger complètement dans son univers, l’artiste agrémente son travail pictural d’écoutes musicales urbaines. Il rehausse ses figures en noir et blanc, de touches fluorescentes pour créer un sentiment mitigé de fragilité et de puissance. Ses portraits emboîtent ainsi le rythme effréné de notre société actuelle, avec le mouvement pour fil conducteur.

Ces portraits aux multiples facettes, ces oeuvres expressives et parlantes, aux couleurs froides ou chatoyantes sont un vrai enchantement pour les yeux! 

Un déplacement qui en vaut certes le détour.

Nadine Ghorra