For a Novel Architecture de Karim Nader n’est pas un livre disciplinaire. Ce n’est pas non plus un ouvrage pour les passionnés des grandes constructions. C’est un ciné-roman pour les assoiffés de renouveau, pour les amoureux de la vie, ceux qui veulent écrire leur propre histoire. Imaginer sa vie pour mieux la construire à travers les idées, voilà somme toute le but d’un manuscrit de plus de 240 pages. Initié aux mécanismes de sa propre pensée le lecteur entrevoit, bâtiment après bâtiment, la nécessité de reconnaitre la nature fictive de son existence pour mieux l’appréhender.
Se souvenir, vers l'avant
Karim Nader ne voulait pas partir d’un point A à un point B. Mais plutôt voyager entre les méandres sinueux de la vie, à travers une architecture toujours en mouvement. Quête paradoxale face à l’inertie des bâtiments. Son précepte : pas de chronologie, surtout pas de linéarité. Mais un lien d’autant plus puissant que discret, tapi sous l’âme des textes, entre les trois grands thèmes qui bâtissent l’ouvrage. Et une conclusion qui le clôture ; celle que tout n’est qu’illusion.
Principalement, le désir d’une demeure éternelle, où les extériorités ne passeraient pas le pas de la porte. L’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 lui aura confirmé la nature illusoire de cette recherche. La nécessité incontournable de la reprise. Saisir ce que la capitale libanaise nous a légué avant d’imploser : ses chapes, ses vitraux, son époustouflante authenticité. Et reconstruire, sans nostalgie dans l’enduit. Pour ne pas emmurer les souffles de vie. C’est ce qu’il appelle « le souvenir vers l’avant », le plan ultime qui sauvera du naufrage le navire d’une nation noyée dans la souffrance.
« Faire l’effort d’aller visiter les lieux de notre imagination, c’est les rendre moins réels »
Son livre est son insurrection. Sa révolution par et pour les idées. Une autobiographie qu’il ne dissimule pas. Un essai philosophique dont le titre tranche doublement : novel, comme le renouveau. Mais novelcomme un roman qui, entre ses chapitres, recèle d’une multitude de formes artistiques, chacune cohabitant avec l’autre dans une union euphonique.
C’est aussi une ode à l’imagination. Celle qui attise le rêve, qui l’empêche de se dissiper. Celle qui n’est jamais plus vive que quand elle n’est pas satisfaite. Celle qui respire à travers l’inconnu, le néant qu’elle entrevoit comme liberté d’exister. Celle qui se nourrit d’opacité. « Faire l’effort d’aller visiter les lieux de notre imagination, c’est les rendre moins réels » : cette citation, empruntée au poète Joë Bousquet, l’architecte en fera le maître-mot de son ouvrage, pour permettre à chacun venu y puiser de l’inspiration, de devenir l’architecte de sa propre vie.
Karim Nader signera son ouvrage sur la terrasse du musée Sursock jeudi 10 juin à partir de 17h00
La signature sera suivie d’une séance de questions réponses.
Le livre sera en vente à la boutique du musée et à la libraire Antoine.
“For a Novel Architecture” paru aux éditions Letteraventidue en Italie.