Du 16 mai au 27 juin, la 17e édition du Festival Bipod 2020 sera diffusée pour une seconde fois à travers www.citerne.live. Ainsi, plus de 70 artistes, 10 villes dont Beyrouth se réunissent pour la diffusion en direct de spectacles de danse, de talks, comme un hymne à l’art et à la culture. Le thème, “Architecture d’un corps en ruine”, interroge le corps avec un grand C et tout ce qu’il implique. Le corps avec ses possibilités, ses faiblesses, sa force de résilience ou de résistance. En temps de crise, le corps doit une nouvelle fois se redéfinir et se réinventer. Nous avons interrogé Omar Rajeh et son épouse, Mia Habis, co-directrice artistique du festival, à l’occasion de cette 17ème édition un peu spéciale.
Le thème du “corps en ruine” intervient dans un contexte international particulier qui redéfinit notre rapport aux autres. Pensez-vous que la pandémie a remis en question notre rapport au corps et en quoi ?
Bien sûr, la situation est extrêmement difficile partout dans le monde, et au Liban plus particulièrement. Le corps de la pandémie est un corps confiné, isolé, craintif, malade, contraint.... nous sommes loin du corps épanoui et libre. Le contexte politique libanais apporte en plus l’humiliation, la soumission, la terreur, le désespoir et la mort.
Ce qui est directement atteint dans tous les cas, c’est le corps. Toute notre perception du corps est aujourd’hui remise en question. Et donc forcément toute la relation de celui-ci à autrui est plus forte aujourd’hui, qu’elle soit plus solidaire, plus aimante, ou plus en colère et plus révoltée.
Pour la deuxième année consécutive, le festival se tiendra en ligne. Quels sont les défis, les avantages et les inconvénients d’une version online ? Pensez-vous que nous tendons de plus en plus vers les performances à distance ?
Cette année est très spéciale pour BIPOD et Citerne.live. Le fait que le festival soit en ligne a aussi permis de réunir au sein d’un même programme des organisateurs culturels de 10 villes et de pays différents, d’accueillir différents publics au même moment et ce de partout dans le monde. Cette programmation partagée est très symbolique pour nous. Elle donne le ton du message que nous aimerions faire passer qui relève justement de valeurs de solidarité, de célébration des différences, qui souligne l’importance de s’ouvrir à de nouveaux horizons et à de nouvelles façons de faire. Parce que les temps changent et que le propre de la culture et des artistes est de constamment se réinventer. L’important pour nous, à travers Citerne.live, était de proposer un espace culturel loin de la mentalité des réseaux sociaux, respectueux des artistes et de leur travail. Mais c’était également de proposer un lieu partagé qui puisse permettre des propositions riches et diverses, et puisse accueillir des publics de tous horizons.
Cependant nous tenons à préciser tout de même que les événements ont également lieu sur place avec un public plus ou moins restreint pour le moment selon les pays... Nous pensons d’ailleurs que le digital n’annule en rien le fait d’aller dans les salles et sur place.
Quel avenir pour le milieu artistique, en particulier celui de la danse ?
L’avenir de la danse nous semble brillant. Les crises permettent le plus souvent de nouveaux départs et, de ce que nous ressentons, les artistes se posent à juste raison beaucoup de questions essentielles quant à leurs pratiques et l’importance de leur rôle dans la société. La pandémie a suscité beaucoup de réflexions, a bousculé certains modes de pensées au profit d’une réflexion plus libre et encore plus passionnée qu’avant.
Comment, au bout de 17 éditions, repenser tous les ans le festival pour apporter quelque chose de novateur, d’inédit ?
Vous êtes désormais basés à Lyon. Comment se passe l’organisation de BIPOD à des milliers de kilomètres de votre ville natale ?
Le mouvement n’est-il pas le propre de la danse ? À Beyrouth, nos projets artistiques ont toujours été construits sur des sables mouvants, qui aujourd’hui nous ont mené jusqu’à Lyon. Mais cette incertitude constante ne nous a jamais empêché de réaliser ces 17 années de festival ni de persévérer en tant qu’artistes. Nous avons développé une certaine méthode de travail et une capacité d’adaptation au fil des années. Nous avons endossé une responsabilité presque militante vis à vis de notre présence sur la scène culturelle libanaise qui fait qu’à Lyon, Beyrouth ou n’importe où, nous continuerons à œuvrer autant que possible pour ce que nous avons construit au Liban.
Et enfin, que diriez-vous à quelqu’un qui ne connaît pas le festival pour lui donner envie de regarder ?
Ce que le festival a de magique c’est qu’à travers les spectacles et événements qu’il propose, il nous fait vivre des moments intenses qui nous touchent, nous surprennent, nous provoquent ou nous donnent de la joie. Il vous donne envie de revenir.
Pour en savoir plus, cliquez ici
Photo crédit : Hadi Bou Ayash.
Plus de 70 artistes, 10 villes à travers l'Europe et la Méditerranée et 10 organisations culturelles dans 8 pays différents se réunissent pour la diffusion en direct de spectacles de danse, d'événements hors les murs, de promenades dans les villes, de conversations et plus encore sur Citerne.live.
Co-programmé & Organisé par CCN Bourgogne Franche-Comté à Belfort / Viadanse/Belfort Maqamat / BIPOD - Beyrouth/Lyon Dan.Cin.Lab/Saint-Etienne Egomio Cultural Center/Nicosie Taldans/Istanbul Menhir Compagnie/Bari Sareyyet Ramallah / RCDF/Ramallah Rézodanse/Alexandrie Les Subsistances/Lyon CN D - Centre National de la Danse/Lyon
En coopération avec Allianz Kulturstiftung - Prohelvetia - Mawred El Thaqafy - AFAC
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