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Confessions en temps de Corona : Ghada Jabak

20/03/2020

Ghada Jabak, auteure et enseignante de français

 

Pensez-vous que cette situation va amener à un changement ? et si oui, comment ?

Y aurait-il- un changement ? Question difficile. Le monde est en mutation, comme le serait le coronavirus et ce, selon les scientifiques. Beaucoup de facteurs seraient à prendre en considération et avec le temps nous serons capables d’évaluer ce changement. Ce qui est sûr, c’est que nous en tirerons des « leçons », tant au niveau mondial qu’au niveau individuel. 

 

De quoi est fait votre quotidien en temps de confinement ?

Mon quotidien ? Dans la continuité des choses, pendant ce confinement, je n’ai pas de quotidien. J’ai découvert que ma mère a le cancer du côlon, il y a de cela une vingtaine de jours et depuis tout a basculé. Entre prise de sang, tests, hospitalisation, CNSS, assurance, avis des spécialistes, sorties de chez moi, retours pour tout désinfecter et peur d’attraper le virus et de contaminer mes proches, c’est une bataille au quotidien. Et la peur de ne pas pouvoir gagner ma vie, de ne pas pouvoir être à la hauteur de mes responsabilités me torture par moments. Dans ce quotidien qui n’en est pas un, mes cours en ligne m’usent et prennent beaucoup de mon temps. Mais je m’adapte et je fais avec dans le regret d’avoir aimé être confinée, seulement. 

 

Des petits bonheurs simples d’une vie active, qu’est-ce qui vous manque le plus ?

Ce qui me manque le plus, c’est le contact humain, le regard des passants dans les rues, la folie des choses insignifiantes dans la vie et qui ne cessaient de m’éblouir. 

 

Pour tromper l’ennui que suggérez-vous à nos lecteurs ?

« Tromper l’ennui », c’est se préoccuper à vivre dans une illusion du réel. Pour moi, pas d’ennui pendant ce confinement. Le réel est tellement présent qu’il est difficile de divertir. Cependant, je m’efforce à prendre soin de ma santé mentale, je verbalise mes émotions, je parle de ma peur et je trouve que c’est le seul moyen, pour moi, de rester lucide. Garder son système de soutien dans ces moments difficiles est la chose la plus importante à faire. Pour ceux qui se sentent seules, contactez la Ligne de Vie de Embrace au 1564, vous aurez quelqu’un qui vous écoutera et cela pourrait apaiser votre solitude. 

 

Un mot d’encouragement

Tenir à la vie, c’est vaincre ce virus ! Nous, Libanais, aimons la vie plus que la vie elle-même et réussirons à la ramener dans notre pays qui s’est réveillé de sa torpeur avec notre mouvement de contestation. Hiérarchisons les priorités aujourd’hui en nous préservant, pour pouvoir régler le compte de ce régime pourri, demain ! C’est cette idée qui m’anime et me donne envie de continuer la lutte ! Le mot d’ordre pour cette étape est Espoir. Demain, c’est un autre jour.

 

Projets : 

Ghada Jabak est passionnée de son métier, l’enseignement. Elle adore la lecture et il y a quelques années, elle a commencé à écrire. L’écriture, selon elle, est libératrice et porteuse d’espoir. Elle a publié deux romans et plusieurs nouvelles. Ghada se présente comme étant surtout une personne engagée qui dénonce les injustices et défend les causes qui lui tiennent à cœur, dans le monde, et en particulier dans son pays, le Liban. Elle est aussi opératrice à la Ligne de Vie de l’ONG, Embrace. 

En ce moment, elle se penche sur un projet regroupant plusieurs nouvelles érotiques qui verra le jour, peut-être d’ici la fin de l’année. 

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