Confessions en temps de Corona – Spécial diaspora : Georges Daccache
24/03/2020
Georges Daccache, Pianiste Compositeur
De France
Quelles sont vos réflexions sur cette situation ?
Cette période délicate que nous traversons devrait amener l’humanité à poser plusieurs questions d’ordre existentiel. L’être humain est devenu au début de ce XXIème siècle un esclave de l’égoïsme et de l’individualisme, esclave de la machine, esclave du pouvoir, esclave de l’argent, esclave de ses désirs qui le poussent parfois à mépriser son frère pour atteindre son but. Avec ce que nous vivons actuellement, une remise en question de tout le système socio-économique mondialisé basé sur le libéralisme absolu s’impose. Je pense que la course au pouvoir et à l’argent a été destructive pour l’homme et pour la planète terre sur laquelle nous vivons tous. Néanmoins, une lueur d’espoir demeure. L’entraide entre les hommes est à son apogée maintenant. Nous voyons plus en l’autre un obstacle à notre évolution mais plutôt un frère à soutenir afin d’avancer ensemble.
Enfin, comment oublier la musique qui joue actuellement un rôle rassembleur hors normes. Son langage universel rassemble en ces moments les hommes et leur donne la force nécessaire afin de surmonter cette période difficile.
De quoi est fait votre quotidien en temps de confinement ?
Cette période m’a donné l’occasion de travailler et finaliser l’intégrale des œuvres de piano de trois compositeurs libanais : Wadia Sabra, Georges Baz et Stéphane Emiyan. J’espère qu’après cette crise j’aurai l’occasion de les enregistrer. Je prépare aussi avec mon amie la Soprano Marie-José Matar un récital lyrique à l’occasion du centenaire de la création du Grand-Liban et qui sera organisé par l’Association des Anciens du Collège Notre-Dame de Jamhour à Paris. Il aura lieu le 21 juin 2020 en la Cathédrale Notre-Dame du Liban à Paris. Parallèlement, et avec mon amie Zeina Saleh Kayali, nous nous sommes projetés sur la préparation de la deuxième édition du festival « Les Musicales du Liban » qui aura lieu au mois de novembre prochain. Étant aussi historien, j’ai pu finir un article en histoire économique qui sera publié prochainement dans la revue économique de la Banque de France. Je suis également en révision de ma thèse en Histoire économique que j’ai soutenue en décembre 2019 dans le but de la publier. À part le travail académique, je suis aussi les devoirs de ma fille ainsi que ses répétitions de violoncelle.
Des petits bonheurs simples d’une vie active, qu’est-ce qui vous manque le plus ?
Le côté pédagogique occupe une place importante dans ma vie professionnelle. Le fait de ne pas voir mes élèves, surtout les tout petits (et qui sont d’excellents professeurs), me manque. De ce fait, je m’adapte et je donne mes cours via skype, zoom ou whatsapp. C’est une expérience assez concluante, surtout que c’est la première fois que je l’essaye. Vive le numérique ! D’un autre côté, les préparatifs de divers concerts et enregistrements sont au point mort actuellement. Comme c’est le cas dans le monde entier, la vie culturelle et musicale est à l’arrêt, ce qui est bien dommage.
Qu’est-ce qui ne vous manque pas ?
Rentrer le soir tard après le travail !
Pour tromper l’ennui que suggérez-vous à nos lecteurs ?
Je pourrai leur proposer « Musique au château du ciel, un portrait de Jean-Sébastien Bach » de John Eliot Gradiner. C’est un livre passionnant qui retrace le quotidien du grand compositeur. Ainsi que« le naufrage des civilisations » de notre compatriote Amine Maalouf, récemment décoré par le Président Macron. Côté écoute, j’ai découvert récemment les œuvres du compositeur libanais Abdallah El-Masri que j’écoute avec beaucoup d’enthousiasme. Donc, je les recommande vivement. Les grands musées se sont aussi adaptés afin de partager leurs patrimoines avec leurs publics comme le musée Van Gogh à Amsterdam et le musée d’Orsay à Paris. Je suis aussi un cinéphile et un grand admirateur du western spaghetti. « La trilogie du Dollars » du cinéaste Sergio Leone avec Clint Eastwood pourrait être pour les fans du genre un passe-temps de qualité, ou pour les néophytes une éventuelle belle découverte. Petit rappel, la musique est composée par le grand Ennio Morricone…
Un dernier mot aux lecteurs ?
Comme nous disons au Liban, après chaque descente il y a une montée… Ayez confiance et n’ayez pas peur…
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