Confessions en temps de Corona : Zeina Nader Selwan
19/03/2020
Zeina Nader Selwan, peintre et auteure
Pensez-vous que cette situation va amener à un changement ? et si oui, comment ?
Je crois surtout que le changement qui aura lieu sera au niveau des profondes valeurs humaines. Nous commencerons à apprécier les tout petits plaisirs de la vie. Embrasser ou enlacer retrouvera la force de l’impact du contact. Nous sommes des êtres faits de chair et nous avons besoin de partager et d’aimer. Il faudra pour cela descendre du piédestal de l’arrogance et devenir humble. Nous aurons appris à mieux passer le temps en famille et avec les êtres chers. Nous penserons plus aux personnes dans le besoin parce que nous aurons nous-mêmes ressenti le manque. Nous saurons aussi mieux mesurer le temps. Nous comprendrons qu’il est court et qu’il faudra le gérer pour le meilleur.
Le plus beau changement aura lieu lorsque l’homme aura enfin compris l’ampleur de sa faiblesse.
De quoi est fait votre quotidien en temps de confinement ?
J’arrive à faire encore la chose que j’aime le plus pour me sentir bien : peindre. Vivre de couleurs est un éternel ressourcement et je ne m’en prive pas. C’est ma meilleure désintoxication antivirale, car elle booste mon système immunitaire et me permet d’être heureuse malgré tout.
Des petits bonheurs simples d’une vie active, qu’est-ce qui vous manque le plus ?
Aller à la gym chaque matin comme je le faisais me manque énormément. Cette heure en compagnie de mes compagnons de sport me délectait et me donnait de l’énergie physique et morale.
Recevoir mes élèves à l’atelier de peinture me manque aussi. Je prenais un plaisir fou à peindre avec petits et grands et partager des moments hauts en couleurs.
Enfin, embrasser et enlacer ceux que j’aime me manque plus que tout.
Qu’est-ce qui ne vous manque pas ?
Les embouteillages, le stress d’être en retard, les queues dans les aéroports, les policiers qui sifflent, les gens qui s’énervent dans leurs voitures, les klaxons, le bruit de la ville, la pollution, la vitesse, la fumée des cheminées des usines, le réveil- matin.
Pour tromper l’ennui que suggérez-vous à nos lecteurs comme :
LIVRE : le dernier roman de mon amie Salma Kojok : « Le dérisoire tremblement des femmes »
SERIE :« Las Chicas del cable », que j’ai pris plaisir à visionner en espagnol. Bonne idée pour ne pas oublier cette langue et refaire un voyage à Madrid dans les années 20.
ŒUVRE MUSICALE : J’écoute des valses (de Strauss, de Chopin, de Ravel, de Fauré ou de Liszt) et je me laisse emporter par la danse. Ça ouvre les fenêtres et brise les murs !
VISITE VIRTUELLE SUR LE NET : Je vous proposerais, non seulement les musées qui ouvrent virtuellement leurs portes, mais surtout l’Opéra de Paris qui partage ses spectacles en ligne.
Je vous suggère aussi de revoir les photos de l’Italie. Admirer l’art et la nature de ce beau pays et se dire qu’il ira bien malgré tout !
Autre chose ?
Prenez un pinceau, faites glisser la couleur, on ne sait jamais, votre don d’artiste se cachait peut-être derrière ce confinement forcé !
Un mot d’encouragement
Ce n’est pas la fin du monde. C’est juste un tournant vers la beauté.
Vos projets :
Préparation d’une exposition en solo. Écriture d’un nouveau livre.
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