« La majorité de l’activité artistique et culturelle se centralise à Beyrouth, alors que la plus grande partie de la population vit en dehors de la capitale, il y a un gouffre abyssal d’accessibilité à la culture, pour nous c’est impensable », c’est ainsi qu’Éric Déniaud, membre du collectif Kahraba et co-directeur du festival « Nous, la lune et les voisins » ou « Nehna wel Amar wel Jiran » en arabe, explique comment le festival est né.
Diplômé de l’École Supérieure Nationale des Arts de la Marionnette de Charleville-Mézières, Éric Déniaud a participé depuis comme metteur en scène, interprète, constructeur et manipulateur de marionnettes, ou scénographe, à de nombreux projets, avec multiples compagnies telles que le Conservatoire National Supérieur d'Arts Dramatiques de Paris, l’Institut International des Arts de la Marionnette et Le grand Théâtre de Barcelone.
« On considère que où qu’il soit, notre public mérite qu’on lui offre une proposition artistique qui a été pensée et créée, indépendamment d’une situation précaire, d’un point de vue économique ou technique ».
Le résultat d’un long travail d’échange
Éric Déniaud nous explique que la programmation du festival est le reflet d’un parcours de hauts et de bas, mais surtout, ce qui s’est construit avec les artistes.
« Cette année particulièrement, on a fortement senti la grande difficulté à mener ce travail, mais n’ayant pas lâché pendant trois ans notre activité, cette fatigue est surmontée par la grande solidarité de tous les partenaires qui se sont joints à nous pour créer ce festival et nous en sommes extrêmement reconnaissants. (…) La dimension collective a repris tout son sens. »
Collectif Kahraba et le développement de l’imaginaire
Fondé en 2007, le Collectif Kahraba est une compagnie de spectacle vivant composée d'artistes et de techniciens d'horizons divers qui croient fermement que l'art est une voie de dialogue et d'ouverture. Grâce à un réseau grandissant d'acteurs, d'auteurs, de metteurs en scène, de photographes, de marionnettistes et de danseurs, réunis par la volonté d'échanger des outils et des connaissances et de rencontrer le public, le Collectif Kahraba interroge poétiquement le monde dans lequel nous évoluons.
Le festival a vu le jour en 2011, à Beyrouth, dans les escaliers Vendôme, à Mar Mikael, à la fois gratuit et pluridisciplinaire. En 2017, le Collectif Kahraba prend la direction artistique de Hammana Artist House, un espace de résidence pour artistes qu'il a cofondé avec Robert Eid. Avec Hammana Artist House, c'est l'art de la rencontre que le Collectif Kahraba choisit de mettre en avant comme vecteur pour développer l'imaginaire, la curiosité, le sens critique, et contribuer, dans une responsabilité partagée, à la construction d'une culture de la paix.
Partager avec les habitants
« Le festival est né du fruit de notre vie quotidienne avec les habitants de ce quartier. (…) Après cette première édition, le festival a grandi et on a proposé à d’autres artistes de nous rejoindre, soit pour présenter des spectacles qu’ils avaient déjà créés, soit pour en créer de nouveaux, c’est une occasion de se mettre au travail ensemble. »
Ce festival a vu passer des artistes locaux et internationaux de très haute renommée et d’autres, presque débutants. Le festival a réussi à se positionner comme une véritable plateforme de collaboration, d'échange entre le public et les artistes locaux et internationaux.
« Cette dimension était pour nous très importante, c’est-à-dire de proposer un évènement sans hiérarchie d’art, ni de type de public, donc d’être le plus populaire, dans le bon sens du terme, très exigeant artistiquement et ouvert à tout type de public. »
Un travail de décentralisation
Depuis maintenant trois éditions, le festival se déroule non seulement à Hammana, mais aussi dans d’autres villes. En 2023, le festival se déroulera à Saïda, à Burj El Barajneh, ainsi qu’au Hermel.
« Pour nous, ce travail se fait d’abord étroitement en collaboration avec les artistes invités, en l’occurrence, là il s’agit de la compagnie « Malpelo », qui est une grande compagnie de danse contemporaine en Espagne, qui joue le jeu avec nous de ce travail de décentralisation et qui est prête à nous rejoindre sur ce territoire »
Cette année, le festival va rassembler 28 propositions artistiques, et près de 50 présentations en 6 à 7 soirées, dans lesquelles vont vivre et exister de la danse contemporaine, de la musique, du théâtre, du théâtre de marionnettes, des spectacles pour enfants et pour adultes.
« Il ne s’agit pas tout simplement d’une programmation artistique, mais surtout d’un rassemblement de gens qui continuent ensemble de croire que la culture est essentielle à la fondation d’une société »
Consultez le programme en cliquant ici
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