Trois amis qui se rencontrent au Liban, un intérêt commun pour l’artisanat et l’envie de monter un projet. C’est ainsi qu’est née Istamir, une jeune association lancée fin 2021 par Alban de Tarlé, Fanny Kaïkati et Imane Ayatillah.
« L’objectif de l’association c’est de valoriser et de promouvoir l’artisanat du Proche-Orient à travers une programmation culturelle », résume Alban. Pour cela, l’association travaille en partenariat avec trois ateliers basés au Liban et en Syrie.
L’atelier Hikayatouna à Beyrouth est géré par Hala El Jeraatly et Mona Zeitani, deux femmes syriennes spécialisées dans la broderie aghabani et l’utilisation de tampons et de pochoirs. Elles confectionnent des objets de maison comme des nappes ou des coussins.
Istamir est également en collaboration avec l’atelier de Samer Al Madani, situé à Hama en Syrie. Dans cet atelier familial, qui existe depuis 1863, celui qui est l’un des derniers tisserands de Syrie, fabrique du linge de bain à la main grâce à des métiers à tisser en bois.
Souad Abdallah de l’atelier Hamsah, établie à Beyrouth, est aussi en partenariat avec Istamir. Elle réalise des savons et des produits cosmétiques de manière artisanale à partir de plantes récoltées dans sa région d’origine, le Akkar au Nord du Liban.
Le but de l’association est d’être présente « à la fois dans le domaine de la recherche, du journalisme et de l’art pour mettre en connexion des ateliers d’artisanat, documenter leur travail, le mettre en récit et ensuite le partager auprès d’un public plus large », explique Alban. Une ambition déjà mise en œuvre à travers leur compte instagram.
« L’artisanat est parfois cantonné à un aspect purement technique, mais pour nous c’est un pan de l’activité culturelle et de l’héritage culturel de tous les pays », poursuit-il. Au sein d’Istamir, il y la volonté de transmettre les connaissances que possèdent ces artisans et de mettre en relation l’artisanat avec d’autres domaines artistiques.
« On se définit d’abord comme une initiative culturelle », souligne Alban. L’aspect économique de l’association est secondaire mais néanmoins essentiel. « Ce n’est pas le cœur de l’activité d’Istamir, mais c’est très important pour pouvoir apporter un appui financier aux artisans », ajoute Fanny. Au mois de décembre 2021, l’association a participé au marché de Noël d’Alésia à Paris dédié à l’artisanat et aux métiers d’art pour vendre les confections de ces trois ateliers.
Avec le contexte économique actuel au Liban et en Syrie, l’activité d’Istamir permet de donner un coup de pouce à ces ateliers. Le marché local est assez resserré car seulement une partie réduite de la population peut s’offrir des confections artisanales. Recevoir des revenus issus de ventes à l’étranger est donc fondamental, notamment pour pouvoir importer les matières premières nécessaires à leurs créations.
Istamir constitue un intermédiaire vers une nouvelle clientèle. « Beaucoup d’artisans ne peuvent pas fonctionner de manière autonome, car il leur manque le chaînon linguistique et l’accès au marché, alors même qu’ils sont très bons dans la production et la création », confie Fanny. Les initiatives privées comme Istamir, qu’elles prennent la forme d’entreprises sociales, d’ONG ou d’associations viennent combler le manque de politiques publiques au niveau artisanal et contribuent à soutenir ce secteur en difficulté.
Depuis quelques années, la préoccupation pour la préservation du patrimoine artisanal s’est renforcée, mais reste encore marginale. Avec la situation de crise, l’artisanat n’est pas perçu comme une priorité pour une grande majorité de la population. Mais les artisans eux-mêmes ne s’aperçoivent pas forcément de la valeur de leur travail et de l’importance de le transmettre. « Leur métier est avant tout un moyen de gagner leur vie, ils n’ont pas forcément conscience qu’ils sont aussi les dépositaires d’un héritage culturel », explique Alban.
Pour l’instant, l’association Istamir ne cherche pas à élargir le nombre d’ateliers avec lesquels elle travaille, afin de se concentrer sur les actuels, soutenir leur savoir-faire et leur engagement et établir une véritable relation de confiance avec eux.
Depuis Paris pour Alban, Marseille pour Imane et Beyrouth pour Fanny, les trois fondateurs d’Istamir souhaitent en 2022 organiser des événements à l’image de leur association : des événements à caractère culturel, associés à des ventes des créations de leurs ateliers. Conférences, expositions ou encore publications… de nombreuses possibilités sont envisagées et devraient se concrétiser prochainement.
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