Au départ de Beyrouth, une petite heure de voiture en direction des montagnes à l’est et nous voilà arrivé dans le village de Hammana. Jadis grand centre culturel et touristique du Mont-Liban, elle est aujourd’hui connue pour ses cerises, ses pommes, et sa résidence d’artiste, objet de notre visite.
Inaugurée en 2017 par le Collectif Kahraba et l'initiateur et mécène du projet, le Dr Robert Eid, la Hammana Artist House est un espace de 1700 m2 dédié à la créativité et aux rencontres. Ses balcons somptueux faits d’arcs brisés, ses passerelles, ses volets bleus, ses innombrables pièces… La résidence, par sa taille imposante et la beauté de son architecture, ne laisse indifférente ni les artistes ni les visiteurs qu’elle accueille. Sa terrasse, qui devient un théâtre en plein air durant l’été, baigne dans une lumière naturelle qui ne cesse de rougir à mesure que le soleil termine sa course derrière les montagnes. C’est dans ce cadre inspirant que 16 artistes du spectacle vivant (comédien, dramaturge, metteur en scène...), tous issus de régions francophones (Bénin, Canada, France, Congo, Belgique…), ont été sélectionné pour participer à cette résidence de deux semaines dans le but de travailler et de créer ensemble autour d’un thème : Itinérances, voyager léger et s’abreuver d’ailleurs.
« Voyager léger », un défi pour ces artistes étrangers qui ne connaissent du Liban que les titres de la presse étrangère. Une réelle appréhension existait chez certains à l’idée de venir dans un pays du Moyen-Orient en crise. Mais ces inquiétudes ont rapidement été balayé par la richesse qu’offre le Pays du Cèdre : celle de ses paysages, de sa culture et de ses habitants.
Tous les « pépins » sont unanimes : l’expérience est riche d’apprentissage et d’ouverture sur le monde. À travers de nombreux ateliers dirigés par des artistes libanais (du spectacle de marionnettes à l’atelier drag queen), des rencontres, des visites… Ces artistes étrangers ont découvert la culture et l’hospitalité libanaise, se sont imprégnés de cet environnement et de cette humanité, ce qui les a amenés à remettre en question les préconçus qu’ils avaient sur le pays et la réalité de sa situation.
Au sein de cette bulle artistique, la frontière entre connexion et déconnexion est trouble. Mais c’est cette alchimie, entre une volonté de s’ouvrir (à l’autre, à l’inconnu...) et de se soustraire (au covid, aux interférences…) qui a permis de créer une expérience inédite. Autre enjeu : comment s’inspirer de son environnement pour créer sans s’approprier une culture et une histoire dont on n’est pas coutumier ? L’ouverture, le respect et l’échange, trois maîtres-mots que les 16 artistes se sont appliqués à faire transparaître dans leur travail.
La « sortie de laboratoire » à laquelle nous avons pu assister, sorte de présentation ou de partage du travail effectué pendant ces deux semaines, était saisissante d’émotion et de talent : un condensé de ressentis individuels et d’expériences collectives. Des mots des organisateurs, des représentants d’institutions présents et des artistes sélectionnés, l’expérience est une vraie réussite. On attend avec impatience les prochains pépins de l’Hammana Artist House.
ARTICLES SIMILAIRES
Le premier lieu culturel dédié à la langue française
09/11/2023
La Boutique Rockfort, l’espace de vie culturel, lance sa chaîne de podcasts
Nadine Fardon
26/09/2023
L'UNESCO et l'Italie réhabilitent la gare emblématique de Beyrouth
27/07/2023
Une scène culturelle bouillonnante au Liban avec Myriam Nasr Shuman
30/03/2023
Appel à projets « BERYT »
30/03/2023
Récit d’une virée poétique avec Antoine Boulad
Lise Picquette
27/02/2023
L'association MARCH Lebanon, au service de la paix à Tripoli
Zoe Lunven
21/12/2022
Clôture du programme NAFAS & nouvelles perspectives
11/12/2022
Le palais Sursock : Vers une renaissance
Nadine Fardon
18/10/2022
Des étudiants libanais brillent au concours de culture générale de la Journée de l'Europe
11/05/2022