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Le patrimoine matériel, comme défini au Liban, regroupe les bâtiments publics, les monuments archéologiques et historiques et les musées.
PATRIMOINE ARCHÉOLOGIQUE ET MUSÉAL
La Direction Générale des Antiquités, sous-direction du Ministère de la Culture, est divisée en trois services : un pour le mobilier et les fouilles archéologiques, un pour le patrimoine historique et un pour les musées. Ces trois sections sont en charge de la restauration, de la conservation, de la réhabilitation et de l’aménagement des sites et monuments historiques du Liban. Tous les fonctionnaires qui y travaillent doivent passer un concours au Conseil de la Fonction Publique et passer devant un jury de docteurs universitaires. Les fonctionnaires qui assurent la partie technique sur le terrain doivent également être archéologue, architecte et/ou doctorant. La DGA coopère avec l’Unesco et l’ICCROM (International Centre for the Study of the Preservation and Restoration of Cultural Property) ainsi qu’avec l’ICOMOS (International Council on Monuments and Sites).
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L’impact de la pandémie sur le secteur a été très important car il a entraîné de long mois de fermeture de musées et sites archéologiques, et avec elle, la mise à l’arrêt des professionnels du secteur. Durant les confinements répétés, les musées d’Etat ont fermé leurs portes. Parmi les musées privés, les musées d’université (de l’American University of Beirut, de l’Université Saint-Joseph et de Balamand) ont suivi les régulations prises par le gouvernement vis-à-vis des établissements d’enseignement supérieur. En dehors de la capitale, certains musées ont continué à ouvrir leurs portes mais la politique mise en place pour la réouverture des différentes institutions du pays a placé les institutions muséales en dernière place (en phase 4, c’est-à-dire en mars 2021). Si 90% des musées du monde ont fermé leurs portes à cause de la pandémie, les musées libanais ont également été affectés par les crises internes que connaît le pays depuis 2019. Plusieurs musées privés sont toujours fermés au public, comme le Musée de la Préhistoire libanaise, le musée Mouawad, le musée Sursock, Les Merveilles de la Mer, etc.. Les pénuries d’électricité ont aussi défavorisé la conservation des collections. Au Musée national par exemple, les changements drastiques de température et d'hygrométrie, entraînés par les mises en marche et mises à l’arrêt successives des systèmes de climatisation et des outils de conservation, fragilisent les collections.
Il y a cinq musées nationaux au Liban. Le Musée national de Beyrouth, qui a été réhabilité en 1999 puis en 2016, fait aujourd’hui l’objet d’un projet d’annexe, à l’initiative et grâce au financement de la Fondation nationale du Patrimoine, destinée à recevoir des expositions temporaires, des ateliers pédagogiques, des conférences ainsi qu’une cafétéria. Les quatre autres sont des musées de site qui font partie intégrante des sites archéologiques du pays, ils se trouvent à Byblos (financièrement soutenu par le gouvernement du Québec), à Baalbeck (aidé par le gouvernement allemand), à Beiteddine (fermé depuis plusieurs années, les objets y ont été enlevés afin de les protéger de la dégradation du bâtiment) et à Tripoli (dans la citadelle, dont la création a été soutenu par l’Agence Française du Développement). D’autres musées nationaux sont en cours de construction, notamment à Tyr (financé par l’Italie), à Saïda (le site archéologique est fouillé depuis 1998 par l’équipe du British Museum, grâce à un financement koweïtien, mais celui-ci a récemment été interrompu) et à Beyrouth (également soutenu par un fond koweïtien et également interrompu). Ces sites archéologiques sont sous contrôle et sous surveillance de l’État libanais, et leur protection est du ressort du Ministère de la Culture. Des fouilles archéologiques sont poursuivies au Liban, financées par des équipes étrangères, universitaires ou institutionnelles (à Byblos par exemple, le Musée du Louvre a accordé des fonds), mais elles sont aujourd’hui ralenties ou suspendues.
PROTECTION ET CONSERVATION DU PATRIMOINE MUSÉAL ET ARCHÉOLOGIQUE
Pour assurer la protection du patrimoine, il est nécessaire de l’identifier, de l’inventorier et de le classer et de le surveiller. Cette tâche relève des prérogatives de l’Etat. La loi 166 LR datant de 1933 détermine comme antiquité “tous les produits de l’activité humaine (...) antérieurs à l’année 1700”. Une loi de 2008 traite de la gestion et de la protection du patrimoine matériel, qu’elle incombe au Ministère de la Culture d’assumer et attribue au même Ministère le droit de s’approprier les biens concernés et de prendre toute mesure matérielle, légale ou judiciaire afin de les préserver. Seulement, l’application de ces lois est ralentie par l’absence d’une bonne gestion et des équipes restreintes, ainsi qu’un budget trop bas pour réellement couvrir des frais de restauration et de conservation. Aujourd’hui, les rares projets sont entrepris grâce à l’aide de donations ponctuelles d’organismes, de sponsors ou de mécènes. Il reste également à établir des normes communes à tous les musées du Liban. Il s’agit aussi de vérifier que ces institutions répondent effectivement aux impératifs et conditions tels qu’établis par le Comité International des Musées, en attendant que des législations nationales puissent être appliquées. Une plus ample coordination des initiatives des musées, qu’ils soient publics ou privés, reste également à entreprendre.
Une convention de l’Unesco contre le trafic illicite de 1970 a été ratifiée par le Liban en 1992. Seulement, ces lois sont plus ou moins respectées dans le pays. Elles ont besoin d’être davantage appliquées et modernisées car il existe encore des zones de flous qui permettent une déviance. Le pays a également besoin de légiférer les questions d’éthique et, le cas échéant, de s’organiser autour d’un comité capable de gérer ces considérations. |
PUBLICS
La fréquentation des musées libanais par le grand public a toujours été moindre, les principaux visiteurs étant des groupes scolaires, des touristes ou des universitaires. Pourtant des manifestations temporaires, comme la Nuit des Musées, montrent régulièrement que le public libanais est prêt à répondre à toute invitation à découvrir son patrimoine : plus de 10000 personnes ont participé à la dernière édition de cet évènement. Avec les crises sanitaires et financières, ces publics se sont encore amoindris : il y a moins de tourisme dans le pays, et les prix des transports (bus scolaires, taxis, essence) sont devenus trop importants pour être pris en charge par les institutions scolaires. Les restrictions liées à la crise sanitaire dans les lieux clos (comme Beiteddine) ont également rebuté les visiteurs qui, face aux mesures de distanciation, aux jauges et aux horaires restreints, ne se déplacent plus. Aujourd’hui, on compte par exemple une moyenne de cinquante visiteurs par jour au Musée national, alors que celui-ci a une capacité d’accueil de plus de 300 personnes par jour.
PATRIMOINE ARCHITECTURAL
En ce qui concerne le patrimoine bâti, il existe une dichotomie entre ce qui est officiellement protégé (c’est-à-dire les bâtisses construites avant 1700, selon la loi 166 LR de novembre 1933) et ce que le public considère comme élément du patrimoine libanais (qui regrouperait alors les maisons libanaises aux trois arcades et aux tuiles rouges, les bâtiments des années 1930/1940 de trois ou quatre étages agencés autour d’un espace central et l’architecture moderne, post-1930 jusqu’aux années 1970). Un projet de loi pour définir le cadre de la protection du patrimoine récent a été présenté au parlement en 2017 mais n’a toujours pas été voté.
Aujourd’hui, rares sont les bâtiments historiques qui reviennent à l’Etat, la quasi-totalité de ces bâtisses sont privées. Ces dernières années, la société libanaise a pris davantage conscience de la valeur du patrimoine bâti que de plus en plus de gens considèrent comme un double investissement, à la fois immobilier et patrimonial. Toutefois, la préservation du patrimoine immobilier libanais reste une considération importante car nombreux sont les promoteurs immobiliers qui entendent acquérir des bâtiments pour récupérer les terrains et y construire des immeubles modernes (par exemple, la loi de construction à Beyrouth permet de construire des bâtiments jusqu’à quinze étages de haut ou plus dans le centre historique, donc il est plus rentable pour les propriétaires de détruire une maison traditionnelle pour y faire construire une tour). Si un cadre légal existe, et stipule que “personne ne doit détruire ou apporter des modifications à un bâtiment dans les quartiers dévastés de Beyrouth sans avoir l’accord de la Direction Générale des Antiquités”, ces lois restent momentanées et périodiques (aujourd’hui, elles ne sont en vigueur que pour deux ans). A titre d’exemple, un projet de loi initié en 2000 concernant la protection du patrimoine immobilier de Beyrouth reste jusqu’à ce jour en révision et en discussion au parlement. Ainsi, le cadre législatif actuel ne protège pas effectivement les bâtiments historiques et la Direction Générale des Antiquités est parfois obligée de contourner la loi pour faire appliquer ses décisions. C’est dans cet objectif que la DGA a mené une politique très conservatrice, depuis 1996, afin d’empêcher au maximum la destruction de bâtiments historiques. Seulement, l’instance ne compte aujourd’hui que trois architectes et un topographe (le seul ingénieur ayant démissionné) pour la section patrimoine pour gérer l’ensemble du territoire libanais. Il faudrait environ une vingtaine d’architectes supplémentaires pour pouvoir pallier l’abondance de chantiers, mais les salaires offerts par le Ministère aujourd’hui sont trop bas pour intéresser les architectes qui préfèrent s’orienter vers le privé.
PROTECTION ET CONSERVATION DU PATRIMOINE BÂTI
640 bâtiments appartenant au patrimoine culturel libanais ont été endommagés par la double explosion du 4 août 2020, selon la première estimation de la DGA. Suite à cette tragédie, la loi 194 d’octobre 2020 a gelé les transactions immobilières pour une durée de deux ans, dans l’attente de la mise en place d’un plan pour la reconstruction et la protection des bâtiments et quartiers historiques par le Ministère de la Culture. La Direction Générale des Antiquités, faute de financements, n’a pas eu les moyens d’entamer de grands chantiers de restauration après la tragédie du 4 août. Si quelques aides d’organismes internationaux ont été perçues par l’instance, lui permettant d’échafauder ou de consolider quelques bâtiments en péril, l’absence de confiance des Etats envers l’Etat libanais a fortement minimisé les dons (notamment car ceux-ci étaient soumis à des conditions que le gouvernement libanais a refusé). Les directives internationales favorisent l’aide aux organismes privés, cette situation a forcé l'État à coopérer avec ces initiatives, parmi lesquelles Aliph (International Alliance for the Protection of Heritage in Conflict Areas) ou des architectes de Beirut Built Heritage Rescue, afin d’établir une liste de projets prioritaires dans la conservation du patrimoine dégradé. En parallèle de l’action étatique, l’Unesco a lancé, le 27 août 2020, Li Beirut, une initiative en faveur d’une reprise urbaine pour Beyrouth. Accompagné de chercheurs de l’AUB, l’Unesco œuvre à identifier et cartographier les éléments du patrimoine culturel dans les zones endommagées par l’explosion. L’Unesco accompagne également la Direction Générale des Antiquités dans l’élaboration d’un plan pour la protection du patrimoine bâti dans les quartiers détruits.
D’autres associations ont largement pris en charge la reconstruction des quartiers détruits de Beyrouth :
• Aliph a débloqué 5 millions de dollars pour la rénovation de bâtiments privés pour le compte du Musée national (donc de la Direction Générale des Antiquités), du Musée Sursock et pour quelques ONG ;
• Offre Joie a restauré des rues entières dans les quartiers de Mar Mikhaël et Karantina ;
• Beit el Baraka s’est affairé à restaurer autour du périmètre du jardin des Jésuites à Geitawi ;
• Beirut Heritage Initiative a donné la priorité à une vingtaine de bâtiments patrimoniaux habités en les protégeant des pluies et en assurant leur maintien, grâce à une aide d’Aliph. Ensuite, la BHI a lancé des opérations de reconstruction partielle et de restauration totale à Rmeil, Medawar et Achrafieh dans le cadre de la réhabilitation de clusters ;
• Nussaned et Live Love Beirut ont travaillé sur des bâtiments précis et orientent aujourd’hui leurs reconstructions autour de clusters à Mar Mikhaël ;
• les associations House of Christmas, Baytna Baytak, et Mada sont aussi parties prenantes de la reconstruction post-explosion du port.
Ainsi, et si un inventaire récent montre que 958 bâtiments patrimoniaux restent dans le périmètre de Beyrouth Est (entre l’avenue Charles Helou, l’avenue Bechara el Khoury et l’avenue de l’Indépendance) de la période 1860/1945, dont 53% ont été restaurés depuis la double explosion du port du 4 août, soit par leur propriétaire soit par des ONG, c’est-à-dire 511 bâtiments. 15% sont en cours de rénovation, ce qui signifie que 32% ne sont pas encore rénovés ou à l’abandon.
De façon générale, la défaillance de l’Etat a mené à une situation dans laquelle le gouvernement n’a pas les moyens de sa politique. Les lois de construction et les coefficients d’exploitation actuellement en vigueur touchent à des leviers politiques qu’aucun directeur au niveau de l’Etat n’ose soulever. Ainsi, face à la faiblesse du budget alloué au Ministère de la Culture, il est impossible pour la Direction Générale des Antiquités de faire appliquer la loi selon laquelle il leur est possible d’exproprier des propriétaires de bâtiments contre une compensation monétaire, afin de conserver certains monuments ou sites historiques. A titre d’exemple, la ville de Tripoli, qui abrite de nombreux joyaux du patrimoine bâti libanais, souffre d’un désintérêt notable de la part des instances agréées : si de nombreux rapports ont été entrepris, ils n’ont pas donné suite à des actions. Quelques donateurs privés ont aidé à la restauration de mosquées et hammams, mais il semblerait que ces soutiens soient faits à des fins électorales ou personnelles. En outre, de nombreuses maisons sont en train de s’effondrer, sans que personne ne s’en inquiète ; au contraire, cette situation est parfois vue par les propriétaires comme une opportunité de remplacer ces bâtisses par des immeubles plus hauts. Toutefois, il est à noter qu’au niveau national, la pression est moindre en dehors de la capitale car le coefficient de construction est moins élevé : il y a en effet moins de possibilités de rendements économiques en ce qui concerne la construction immobilière dans les régions. Ainsi, le patrimoine subsiste davantage hors de Beyrouth. Il est à noter que grâce au plan “Cultural Heritage and Urban Development” lancé en 2004 par le gouvernement libanais, grâce à l’entremise du Conseil de développement et de reconstruction (CDR) et avec le support de la Banque mondiale, de l’Agence française de développement et de la Coopération italienne, les sites archéologiques de Byblos, Baalbeck et Tyr ainsi que certains éléments des centres urbains historiques de Saida et Tripoli ont pu être protégés, réhabilités et revitalisés. Pour contrer le manque étatique, des associations militantes qui font du lobbying pour essayer de sauver des lieux en conditions critiques, ainsi que des associations qui travaillent au recensement, à la législation et intentent parfois des procès aux propriétaires qui essaient de porter atteinte à des bâtiments patrimoniaux. L’Unesco est également plus attentif à la protection du patrimoine depuis la double explosion du port du 4 août 2020. Ainsi, l’American University of Beirut travaille actuellement sur un projet, mandaté par l’Unesco, pour mettre en place des critères de classement basés sur la nouvelle notion de “historical landscapes” promue par l’Unesco. Toutefois, et si ces initiatives peuvent soulever des problématiques et les transmettre à des instances internationales ou aux médias, elles sont incapables de remplacer l’Etat et le rôle que celui-ci est censé jouer dans la protection du patrimoine.
FORMATION DE MAIN D’OEUVRE
Pour espérer pouvoir effectivement protéger le patrimoine, il est nécessaire de disposer d’un personnel encadrant et d’une main d'œuvre formée capable de respecter les matériaux et les techniques de construction d’origine ainsi que les chartes internationales de conservation et de préservation des sites et des bâtiments anciens. A cet effet, les restaurations de bâtiments patrimoniaux nécessitent l’octroi d’un permis par la Direction Générale des Antiquités. L’obtention de ces permis a été facilitée après l’explosion, afin d’accélérer le travail. Si le contrôle en est devenu moins évident, la DGA reste intransigeante sur les façades et les structures bien que moins regardante sur les intérieurs, à moins que le bâtiment ne soit classé historique. S'il existe un centre de formation qui enseigne aux architectes les techniques de restauration et de conservation des monuments et sites classifiés à l’Université Libanaise, il y a eu au Liban des associations non-spécialisées qui ont entrepris des réparations et ont causé d’importants dégâts. Certains propriétaires de bâtisses ont également fait appel, afin de limiter leurs frais, à des ouvriers non-qualifiés pour entretenir leurs maisons. Pour y remédier, la Direction Générale des Antiquités du Ministère de la Culture a lancé des sessions de formation à ces associations. Egalement, une initiative de l’Institut Européen de Coopération et de Développement, porté par la France et l’Allemagne, des stages, principalement à Beyrouth et parfois à Tripoli, de formation de main d'œuvre ont été mis en place depuis 2021 pour former plâtriers, maçons, menuisiers, etc.. Enfin, beaucoup d’entrepreneurs, qui géraient des bâtiments modernes initialement, se sont formés à la gestion de chantiers de restauration depuis le drame du 4 août 2020 car l’impact de l’explosion a créé une manne de travail dans le domaine. Ainsi, la tragédie du 4 août, bien qu’elle ait entraîné des catastrophes au niveau des reconstructions dans l’immédiat après-explosion, a forcé les entreprises à se conformer à des cahiers des charges et donc à former leurs ouvriers. Cela a résulté en une hausse du niveau de compétence de la main d'œuvre. Aujourd’hui, il est donc question de former du personnel qualifié, en attendant l’arrivée de fonds potentiels. Il s’agit, dans le contexte actuel du pays, de fonds uniquement étrangers, car les fonds locaux sont asséchés et les organismes publics ne financent que les espaces publics. A titre d’exemple, la Banque mondiale prépare actuellement un appel d’offre pour une trentaine de bâtiments beyrouthins, mais cette offre, prévue pour début 2022, reste à la fois minime et incertaine (le délai n’a pour l’instant pas été respecté, et la liste des bâtiments choisis n’a toujours pas été officialisée). Egalement, le plan “Reform, Recovery & Reconstruction Framework” lancé en décembre 2020 par l’Union Européenne, la Banque mondiale et l’ONU, prévoyait d’accorder, dans le cadre de son volet culturel, 8 millions de dollars à UN Habitat pour les dépenser dans la reconstruction de Beyrouth (sur un total de 13 millions de dollars en faveur de la réhabilitation des habitations et du soutien des industries culturelles de Beyrouth) ; ce projet a finalement été lancé en ce début 2022.
CONCLUSION SECTORIELLE
Ainsi, les patrimoines archéologique et architectural font aujourd’hui face aux problématiques suivantes :
• la double explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020 a ravagé de nombreux éléments du patrimoine bâti de la capitale libanaise. Elle a aussi touché quelques musées de la capitale ;
• les fouilles archéologiques et les projets de création de musées sont pour la plupart interrompus, faute de gestion et de budget ;
• les lois attenant à la protection et à la conservation du patrimoine muséal et des sites archéologiques ne sont que trop peu respectées à cause de moyens financiers et humains insuffisants ;
• la tenue de normes communes (impératifs, conditions) à tous les musées du Liban reste à légiférer ;
• le nombre de visiteurs dans les musées et sur les sites archéologiques a toujours été très faible au Liban. Cette situation s’est encore aggravée ces derniers temps à cause d’une difficulté pour le public de se déplacer, à cause de la hausse des prix des transports, et d’une peur généralisée liée à la crise sanitaire du Covid, ainsi que d’un désintérêt généralisé ;
• les lois de 1933 puis de 2008, concernant le patrimoine n’ayant pas été mises à jour, il existe aujourd’hui une dissonance entre ce que la législation libanaise protège, et ce qu’il serait justifié de considérer comme élément du patrimoine national ;
• les décisions en faveur de la protection du patrimoine bâti au Liban n’étant que momentanées et très peu respectées, les propriétaires de bâtisses protégées peuvent facilement les contourner et pousser à la destruction de leur patrimoine, pour y construire un immeuble plus haut qui leur accorderait plus de revenus ;
• la faiblesse du budget accordé par le Ministère de la Culture entraîne un manque de salariés spécialisés et une faible marge de manœuvre à la Direction Générale des Antiquités, entravant alors sa capacité d’action. Cette réalité a été d’autant plus problématique après l’explosion du port de Beyrouth;
• 32% des bâtiments patrimoniaux endommagés par la double explosion du port du 4 août 2020 restent non-rénovés à ce jour ;
• la main d’œuvre qualifiée manque, et celle qui existe est coûteuse. L’on assiste parfois à la prise en charge de la restauration du patrimoine par des ouvriers non agréés, ce qui porte atteinte à l’intégrité de ces bâtiments et peut potentiellement mettre en péril le patrimoine architectural du Liban. Toutefois, et depuis la forte demande de restauration qu’a entraîné la double explosion du port de Beyrouth du 4 août 2020, les formations données aux ouvriers ont fortement augmenté et les cahiers des charges ont été, la plupart du temps, respectés.
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