Pour commémorer notre soulèvement du 17 octobre 2019, oui 3 ans déjà, je comptais intituler cet édito : A bout de souffle. Mais en y pensant, en jetant les quelques premiers mots sur l’écran, j’ai réalisé que non, nous ne sommes pas à bout de souffle.
Oui, nous sommes à bout, mais nous avons encore du souffle.
A bout. De nerfs, de patience, de tolérance, de banques, de factures d’énergie, de moteur, de prix des supermarchés, de médiocrité, de laisser aller. Nous n’acceptons plus de marcher sur des semi trottoirs crasseux et collants et de voir des enfants émerger des poubelles, nous n’avons plus envie de voir les infrastructures publiques agoniser au sol, happées par des camions ou autres chauffards. Nous n’avons plus de mots en entendant les histoires de ces personnes âgées qui, honnêtes et travailleuses toute leur vie, terminent leurs jours dans le dénuement et l’obligation de mendier. Nous redoutons la sourde colère des plus jeunes ayant perdu leur épargne et donc une partie de leurs rêves ; et la liste des ignominies est longue.
Mais nous avons encore du souffle. Le souffle créateur. La ville et le pays bouillonnent de projets, de spectacles, de gens qui dansent et jouent sur les planches, de gens qui lisent et d’autres qui peignent, et ceux qui chantent ou font retentir leurs instruments de musique. Les couleurs, les mots, les notes, les gestes s’entrelacent et Beyrouth palpite.
Alors, pour accompagner ce foisonnement, sortez ! Quittez votre intérieur, claquez la porte de chez vous et retrouvez-vous dehors, dans la rue, au théâtre, dans une galerie, dans une librairie. Faites-le non seulement pour soutenir les artistes mais aussi pour vous évader à travers leur art, leurs récits, leurs cris. Sortez et admirez notre ville, notre pays, nos artistes.
Les ressources sont nombreuses, les évènements pluriels. Faites du calendrier de l’Agenda Culturel, ou de Mym Agenda, votre compagnon quotidien et consommez de la culture. Cela ne fait que du bien. Pour vous, pour eux, pour les autres. On se tend la main, on se parle, on avance.
Et si dans leur hémicycle vintage ils palabrent et aiment s’entendre parler, nous, nous restons sous la lumière du Liban, dans une manif, à la plage ou à la montagne, en maillot, en jeans ou en Gucci. Tel que l’on est. Tels que nous sommes définis par notre ADN d’amour de la vie, des belles choses, d’art et de littérature, de théâtre et de musique et enfin, et surtout, d’un verre de vin entre amis un beau soir d’automne.
Notre souffle nous appartient. Rien ne nous l’enlèvera.
A l’occasion de la 3éme commémoration du soulèvement, revoir ici nos albums de la thawra
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