Quelle est la place de la photo dans le monde de l’Art au Liban ?
Elle occupe une place importante et ce depuis longtemps. Le Liban possède un patrimoine photographique d’une grande richesse qui prouve que ce médium fait partie de l’histoire artistique du pays.
La scène photographique contemporaine est très dynamique et compte de nombreux talents que ce soit dans le domaine du photojournalisme et du documentaire ou dans le domaine de la photographie plasticienne. C’est véritablement une scène vibrante qui continue à être en émulation permanente et qui rayonne d’ailleurs régulièrement à l’internationale.
Mais la création contemporaine manque de soutien en particulier institutionnel. La quasi-absence d’infrastructures est flagrante et les lacunes dans le domaine de la formation sont colossales, ce qui à long terme pourrait avoir des conséquences désastreuses. Il faut souligner l’engagement des galeries privées comme la galerie Tanit qui soutient et promeut ce médium au Liban et à l’étranger ou celui des collectionneurs qui jouent un rôle important.
Quand a été créé le festival et comment envisagez-vous son évolution ?
Le festival a été créé en 2021, à l’initiative de Patrick Baz et d’Ammar Abd Rabbo, avec la volonté de répondre à une nécessité, et de pouvoir offrir gratuitement aux photographes, qu’ils soient professionnels ou amateurs, des outils de formation notamment à travers des workshops mais aussi un temps de visibilité dans un contexte difficile où les opportunités se font de plus en plus rares.
Notre programmation se développe au fur et à mesure et nous renforçons progressivement notre action en offrant une programmation densifiée. Mais on a toujours « envie de faire plus »,
notre idéal serait de pouvoir investir un espace qui serait un lieu d’expérimentation, de formation et de démonstration, véritable outil et ressource pour les photographes libanais contemporains.
Comment avez-vous conçu l’expo « sens » qui se tient du 22 au 24 mars et pourquoi ne faut-il pas la rater ?
« Sens » est un projet qui s’appuie sur la solidarité dont les photographes font preuve aujourd’hui et bien évidemment sur nos échanges artistiques réguliers. L’événement a pour objectif de lever des fonds permettant d’organiser la prochaine édition de Beyrouth Photo, mais je souhaitais un fil conducteur qui fassent le lien entre les artistes et la diversité de leurs regards. « Sens » réunit ainsi Ammar Abd Rabbo, Patrick Baz, Myriam Boulos, Omar Gabriel et Gilbert Hage autour de la sensualité et de l’érotisme. L’exposition représente donc une occasion de découvrir des œuvres qui sont encore trop souvent confidentielles de photographes qu’on ne présente plus. Et cela représente également une occasion de soutenir notre initiative car la culture est aujourd’hui plus que jamais essentielle et nous devons préserver sa diversité.
Credit photo © Omar Gabriel
A propos de Beyrouth Photo :
Créé en partenariat avec l’Institut Français du Liban, Beyrouth Photo est un festival à vocation éducative qui a pour objectif d’offrir des outils pédagogiques aux photographes amateurs ou professionnels tout en cherchant à préserver la diversité des regards et des écritures photographiques au Liban. La prochaine édition se tiendra du 20 au 26 novembre 2023.
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