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Vente de la collection de Nada Takla

29/02/2024|Garance Fontenette

Une vente en direct « de gré à gré » de la collection d'art de Nada Takla, amassées au fil de sa vie à travers trois continents, se déroule du 27 février au 2 mars dans le quartier Saint-Nicolas de Beyrouth. Cet évènement propose plus de 500 lots variés, comprenant des tableaux européens et libanais, des icônes russes, de l'argent massif européen et ottoman, des cristaux de Bohême, des verreries de Murano, des objets d'art, des porcelaines, du mobilier anglais, français et ottoman, des tapis caucasiens et persans, ainsi que des photographies et des livres reliés.

 

Questions à Johnny Sarkis, antiquaire et organisateur de la vente pour comprendre l’histoire de cette collection et l’organisation de cette vente. 

 

 

Pouvez-vous nous en dire plus sur l'histoire unique derrière la collection d'art de Nada Takla ?

Cette collection s'est constituée sur deux générations, de 1920 à 2020, sur près d'un siècle. Le père de Madame Nada Takla était le propriétaire du journal égyptien en langue arabe le plus lu et le plus important du monde arabe, « Al Ahram », qui a été nationalisé en 1956 par le président égyptien Abdel Nasser lors de la nationalisation des biens des Libanais. Gabriel Takla Pacha, ancien ministre et député du Roi Farouk, a réussi, grâce à ses relations, à sauver ses collections de tableaux, d'œuvres d'art et de tapis des nouveaux maîtres de l'Égypte, et à les mettre à l'abri à Genève et à Paris dans ses appartements. De son côté, la mère de Nada, Renée Takla, née Sabbagh, était héritière et partenaire de la Banque Libanaise, connue dans les années 30 à 70, qui plus tard fut rachetée par les Frères Kassar pour devenir la Fransabank. Renée était une grande collectionneuse de cristaux de Bohème et d'argent massif ottoman. 

 

Quant à Nada, leur fille, elle était une grande amatrice de porcelaines, notamment de Sèvres du 18e siècle, des pièces rares. Même pendant la guerre, elle continuait de venir habiter son appartement de la rue Sursock, qui était son nid, et qu'elle ornait des acquisitions provenant du monde entier. Très sensible à l'art contemporain, notamment grâce à ses amis d'enfance, cheikh Sami El Khazen et sa soeur Madame Fayza El Khazen. Auprès d’eux, Nada a constitué une impressionnante collection d'objets d'art, de tableaux et surtout, en avant-garde, une collection de photographies professionnelles. Cette amitié s'est transformée en collaboration lorsque Sami El Khazen a ouvert un immense espace dédié à la décoration et au design à Paris, dans un hôtel particulier de la rue François Ier.

 

Grâce aussi à son amitié avec la galeriste libanaise d'art contemporain Naila Alfred Kettaneh, grande connaisseuse dans ce domaine, elle a enrichi sa collection. Mais, Nada Takla, cette dame d'un autre temps a tiré sa révérence dans la plus grande dignité, emportée par une maladie fulgurante, laissant de nombreux amis orphelins, épris d'art et de culture, tels que son ami d'enfance d'Égypte, l'artiste et antiquaire Georges Doche, ou sa célèbre voisine, Lady Sursock Cochrane, grande protectrice des arts et présidente de l'association des demeures anciennes à Beyrouth. Et enfin, ses amis les plus fidèles, ses 20 chats, ont été distribués selon ses volontés aux familles amies. »

 

 

Comment avez-vous été impliqué dans l'organisation de cette vente ?

Notre rencontre initiale avec Nada s'est déroulée dans mon ancien magasin à Saint Georges, où elle cherchait des cristaux de Bohème, une passion qu'elle partageait avec feu son père. Son désir de pièces uniques et significatives a immédiatement capté mon attention. Il est rare de trouver quelqu'un au Liban prêt à investir dans des pièces aussi rares que des jarres d’Extrême-Orient par exemple. C'est à partir de ce moment que notre amitié est née.

 

 

Comment se déroule une vente en direct « de gré à gré » ?

Pour la vente en direct, je prépare un catalogue que j'envoie également en format PDF. Ce catalogue comprend le numéro du lot, sa description, son origine géographique, son état, sa taille, son prix, ses dimensions, une photo, son ancienneté et une estimation. Une fois que le catalogue est reçu, les acheteurs potentiels peuvent me contacter pour effectuer des achats avant l'ouverture de l'exposition. Cette vente repose sur une relation de confiance mutuelle. Ensuite, l'exposition débute, permettant aux visiteurs d'acheter des objets de la collection directement depuis l’appartement. Généralement, la semaine suivante, certains articles des collections peuvent être réduits de prix, avec l'accord des héritiers. 

 

Quelles sont vos attentes ou vos espoirs pour le succès de cette vente ? 

Au vu de la situation politique et économique précaire au Liban, mes attentes restent adaptées à la situation du pays. Heureusement, les événements culturels continuent de se dérouler même en temps de conflit.

 

Pour en savoir plus, cliquez ici

 

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