Pour en savoir plus, lire : ENTRE AVANT-GARDISME ET PERFECTIONNISME : L’UNIVERS DE SAMIA HALABY

La galerie Sfeir-Semler  présente la première exposition personnelle de SAMIA HALABY.

Samia Halaby (née en 1936 à Jérusalem) est une artiste, activiste et universitaire palestino-américaine vivant et travaillant à New York. Elle a reçu son éducation dans les années 1950 dans le Midwest américain, à une époque où l’expressionnisme abstrait était populaire mais où les femmes pratiquant la peinture abstraite étaient souvent méconnues.

Dans les années 1960, elle a commencé à travailler avec des couleurs intenses pour construire des formes géométriques qui se répétaient et s’étalaient sur la toile. Avec le temps, les formes géométriques se sont transformées en lignes et diagonales, définissant la dynamique de ses compositions, puis se retirant finalement pour libérer des coups de pinceaux texturés et très colorés.

Dans sa tentative de saisir le processus de croissance et de changement observé dans la nature et inévitablement lié au flux des réalités sociales, Halaby développe sa signature artistique particulière: sa manière de peindre est basée sur la perception visuelle de son environnement, et traduite sur la toile par un vocabulaire abstrait, dans un esprit radical d’expérimentation et de créativité.

Alors que la plupart de ses contemporains américains, tels que Joan Mitchell, Frank Stella, Clifford Still ou Ellsworth Kelly, utilisent toute la surface de la toile pour créer une composition, laissant la couleur goutter ou tomber et construisant le tableau autour de formes centrales, Halaby ajoute souvent ses formes courbes ou géométriques l’une après l’autre, comme les lettres d’un mot. Ce faisant, elle se réfère à des techniques ancestrales de calligraphie ou d’arabesque, utilisant des formes triangulaires, des carrés, des cercles ou des points pour concevoir son propre alphabet. Ce qui semble être, au premier coup d’œil, une explosion spontanée de couleurs, est en fait une composition systématiquement – presque mathématiquement – scénarisée. Halaby semble “écrire” ses peintures: elle aligne formes, couleurs et énergies et les fait s’écouler les unes dans les autres, comme si elles suivaient une pensée errante qui ne reconnaîtrait pas les bords de la toile comme limites. Ses peintures donnent l’impression de constituer une galaxie de phrases colorées qui se chevauchent, changent de direction et explosent dans un récit vivant, saisi à travers une expression abstraite.

Tôt dans sa pratique artistique, ses œuvres ont abandonné la traditionnelle toile rectangulaire tendue, pour prendre des formes de toile différentes, s’étaler dans des installations suspendues, ou même devenir des peintures numériques animées. Au milieu des années 1980, elle a développé son propre programme informatique sur un ordinateur Amiga pour créer des formes mouvantes sur l’écran.

Halaby a constamment accordé une importance extrême aux œuvres et aux techniques et, rétrospectivement, elle a été à l’avant-garde de la production artistique durant toute sa carrière. Dans son œuvre, elle réussit à retracer son histoire biographique et politique, tout en saisissant avec une extrême acuité l’essence même de la peinture abstraite.