Il sera question dans cette édition des Rencontres de films dans lesquels les cinéastes se tournent vers leur famille, leurs proches, leurs voisin·es.

Si les cinéastes se retrouvent en terrain de connaissance, ce qui est un véritable atout, avec des personnes qu’il est - plus ou moins - facile de convaincre de participer au film, il s’agit de ne pas se replier sur ces acquis et de veiller à partager avec les spectateur·rices l’intérêt porté, hors caméra, aux personnes qui sont filmées. Dans cet esprit, les cinéastes se doivent également de trouver une place et une distance juste,

ce qui suppose de quitter, le temps de la fabrication du film, leur seule position de frère, amie ou voisin pour celle de réalisateur·rice à part entière, en invitant leurs proches à se mettre au travail du film. À cela s’adjoint le caractère performatif de films qui lient étroitement la vie et le cinéma. Ainsi dans i hate myself :) de Joanna Arnow, le monteur du film demande à la réalisatrice en proie au doute : « Quelle est la solidité d’une relation qui ne survit pas au tournage d’un film ? », soulignant à quel point c’est une réelle prise de risque.

Il nous revient en mémoire la conclusion d’un débat de Sergey Dvortsevoy, invité des Rencontres en 2006, qui peut nous donner, en l’occurence, matière à méditer. Le cinéaste russe y exprimait son souhait de ne plus réaliser de documentaires mais d’aller vers la fiction. Il expliquait que filmer des personnes réelles, dont il faisait la rencontre à l’occasion du film, impliquait trop de responsabilités, que cet engagement lui pesait et que, s’il devait réaliser encore des documentaires, ce serait seulement sur sa famille ou ses proches. Depuis lors, il a signé 2 longs métrages de fiction : Tulpan et Ayka et aucun documentaire...

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