L'installation Eat of Me While I Sleep est une exploration de la politique de prédation et des cycles dans lesquels les humains s'attaquent aux humains, les nations aux nations, et les nations à leurs propres citoyens. Même dans notre colère et notre rejet des systèmes qui nous contiennent, nous devenons des complices non consensuels d'un réseau de société et de citoyenneté, toujours à la merci des mécanismes et des technologies de la prédation. Depuis l'enfance, nous avons été endoctrinés et préparés à accepter la menace constante comme une normalité, à nous situer comme du gibier dans la ligne de mire des plus puissants.
L'installation sculpturale présente des moustiquaires, conçues pour nous protéger des insectes prédateurs pendant notre sommeil. Dans cette œuvre, les moustiquaires piègent le public tout en offrant un semblant de couverture translucide contre le monde extérieur, procurant un faux sentiment de sécurité et protégeant des interférences et des manipulations. L'espace interactif est entrecoupé d'échafaudages, infestés de grappes de clous. Les échafaudages évoquent une construction prédatrice masquée sous la forme d'un développement et d'un renforcement, tout en évoquant des images de la peine capitale infligée par les États à ceux qui ne se conforment pas ou n'obéissent pas.
Le paysage sonore de l'installation capture la suspension dans laquelle nous nous trouvons dans l'attente du prochain assaut et, à nouveau, dans le vide de l'après-événement. L'ensemble de ces éléments sculpturaux reflète le traumatisme psychologique persistant et omniprésent qui se développe en réponse à des expériences prolongées et répétées de prédation dans une réalité où l'évasion, ou même le répit, semblent impossibles.
L'œuvre, dans tous ses éléments, représente et incarne la vie à travers l'effondrement lorsque le voile se lève et que les réalités du monde prédateur sont inévitables. Pourtant, les sensations d'impuissance s'ouvrent sur le thème de l'interconnexion. Les moustiquaires transparentes et les échafaudages creux soulignent la nature commune et partagée des histoires. L'installation chorégraphique éloigne le public de son image d'isolement et l'encourage à transcender ses expériences individuelles pour réfléchir à l'anxiété collective qui perdure depuis des décennies de violence subliminale et manifeste.
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Johanne Allard (née en 1976) est une artiste multidisciplinaire canadienne basée au Liban. Elle a obtenu une licence en théâtre et arts visuels à l'Université du Québec à Montréal en 1999. Pendant cette période, elle a été encadrée par le sculpteur de bronze de renommée internationale Arto Tchakmakchian.
Installée à Beyrouth en 2000, elle enseigne l'art et le théâtre et met en scène plusieurs pièces. En 2007, Johanne rejoint le "Theater of the Oppressed Lab" à New York pour étudier sous la direction de son fondateur Augusto Boal et anime des ateliers pour les éducateurs et les responsables de communautés à Beyrouth.
En 2011, Johanne a commencé à créer des sculptures en utilisant la broderie pour capturer une impression vivante de l'agitation dans le Levant et les régions arabes. Sur les ailes des insectes sculptés, elle a brodé des images de la mécanique de la guerre et de la nature qui sont fortement symboliques et en rapport avec les pratiques traditionnelles et culturelles de la broderie. Son travail récent cherche à montrer, dans des détails graphiques et intimes, les réalités des tragédies et les conséquences bouleversantes et durables qu'elles ont sur les individus et la société.
En 2021, elle reçoit une subvention d'un an du Conseil des Arts du Canada pour créer une installation multimédia, Eat of Me While I Sleep.
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