Une trentaine de personnes étaient présentes mercredi dernier pour venir à la rencontre de la grande artiste palestinienne, Samia Halaby. Plus qu’une visite guidée, il s’agissait d’une envolée dans l’univers expressionniste, invitant le public à“de-coding colors” -en référence au titre de l’exposition -dans une atmosphère enivrante. L’Agenda Culturel vous présente une rétrospective de la visite guidée avec Samia Halaby. (Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir le programme des visites guidées)
Vivant à New York, et ce depuis les années 1950, Samia Halaby a évolué dans un contexte artistique marqué par l'expressionnisme abstrait, mouvement qu’elle intégrera par la suite. Son travail a réussi à s’imposer sur la scène internationale : au musée Guggenheim à New York, au Chicago Institute of Art, à l’Institut du Monde Arabe à Paris ou encore à la National Gallery of Art à Washington, DC, et continue d'être apprécié par le public. Il y a quelques semaines, Samia présentait ses œuvres à la galerie Ayyam de Dubaï.
En entrant dans les locaux, le public est invité à poser son regard sur les grandes toiles en acrylique, mises en relief par les murs olympiens de la galerie Sfeir-Semler. L’expérience se veut quasiment immersive : les bruits des installations télévisées intriguent l’oreille et les yeux se promènent sur les touches délicates de peintures. Une ambiance respectueuse s’impose directement, facilitée par le format très libre de questions-réponses choisi par l’artiste.
“Quel est votre lien à Beyrouth?” : voici la première question qui émerge du public, sur un ton plus qu’enthousiaste. Samia nous confie son amour pour cette ville où “la personnalité et la gentillesse des gens” règnent. Confiant et concentré, le groupe se déplace en harmonie avec l’artiste-peintre vers la première salle de la galerie.
Le propre de l’expressionnisme est de suggérer des paysages, des formes, à partir de coups de pinceau. Samia Halaby, redevenue professeure d’art le temps d’un instant, nous explique que sa peinture n’est pas influencée par ses états d'âmes : inutile d’y chercher des interprétations personnelles. Ce qui nourrit son travail, ce sont les visions de chacun sur ses toiles, le “décodage” pour revenir encore une fois au titre de l’exposition.
Au fil du parcours, les spectateurs découvrent le travail d’une vie, des années de perfectionnement et de dialogue entre Samia et ses œuvres. En effet, ses réalisations des années 1960 sont caractérisées par des lignes géométriques. Petit à petit, ces lignes ont laissé place à des traits en diagonales, ajoutés un par un et qui forment un ensemble plus dynamique. Samia porte un regard bienveillant sur l’évolution de ses travaux : le plus important est de laisser évoluer son œuvre, de la réfléchir afin de perfectionner sa technique. L’artiste nous montre ses récents travaux réalisés avec plus d'assurance, laissant suggérer les bienfaits de l’écoulement du temps sur le travail de l’artiste.
La ronde formée autour de Samia depuis le début de la visite parvient progressivement jusqu’aux installations télévisées. Sujet à de nombreuses questions, cet agencement est une mise en scène du programme informatique qui permet à l’artiste de créer des tableaux cinétiques associés à de la musique. Conçu et développé par l’artiste elle-même dans les années 1980, ce logiciel étonne : “vous êtes précurseur des NFT !” plaisante même une dame, en référence aux œuvres numériques en vogue depuis quelques années.
Connue pour ses engagements en lien avec la Palestine, Samia s’exprime très librement sur le sujet, faisant de son art un outil de lutte et de revendications. Sa grande victoire, c’est d’avoir réussi à exposer plusieurs fois aux États-Unis. Elle fait notamment référence à son exposition« Made in Palestine » organisée par le Station Museum of Art de Houston au Texas. Malgré une réussite absolue, cette exposition fut rejetée par plus de quatre-vingt-dix musées. Cependant, il est toujours très difficile d’accéder aux galeries d’art américaines en tant qu’artiste palestinien affirme-t-elle.
Enchantée par la visite et par l'accueil du public, Samia nous invite à nous replacer devant l'œuvre d’ouverture. Le fil rouge de l’exposition prend alors tout son sens et nous arrivons à décoder une nouvelle facette de la peinture de Samia Halaby. On y observe attentivement les courbes de peinture, en écho à la calligraphie arabe que Samia tenait à faire ressortir. Toujours avec la minutie et la précision qui la caractérisent elle et son travail, Samia a réussi à rendre les auditeurs familiers à son art.
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