Caroline Torbey, auteure franco-libanaise, née d’une mère française et d’un père libanais, lance deux ouvrages pour la jeunesse.
La lauréate du « Trophée des Français de l’Étranger » en 2018 et du Concours de la nouvelle George Sand en 2020 pour sa nouvelle « Refuge », publie régulièrement dans la presse francophone au Liban.
Lors de l’évènement, qui se tiendra à Beit Kanz (Achrafieh) le samedi 17 décembre 2022 de 16h à 20h, l’auteure présentera « Si j’avais un cèdre » et « Dessine-moi un proverbe (Tome 3) ».
Par ses ouvrages, Caroline Torbey désire apporter un sentiment de fierté d’être libanais aux jeunes. En mars 2019, avec le Tome 1 de « Dessine-moi un proverbe – les proverbes libanais racontés à nos enfants », l’auteure a remporté́ le premier prix de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger – AEFE.
Elle répond aux questions de l’Agenda Culturel.
La série de livres « Dessine-moi un proverbe – les proverbes libanais racontés à nos enfants », illustrés par Renée Thomas, vise à transmettre aux générations nouvelles le patrimoine du Liban. Ce sont des ouvrages en français pour parler du Liban. Après deux tomes, vous lancez le troisième. Comment a commencé l’écriture de « Dessine-moi un proverbe » ?
Étant une enfant de la diaspora, de mère française d’origine vietnamo-allemande et de père libanais, j’ai toujours eu du mal à me situer par rapport à mon appartenance. Mon père avait l’habitude de m’expliquer les choses à travers des proverbes, il répondait à mes questions en me lançant un proverbe duquel je devais me contenter pour comprendre sa réponse. Du coup, j’ai grandi avec ces vérités d’expérience tout droit venues du Liban et je les trouvais de bons conseils au quotidien. L’idée d’écrire une série de livres sur les proverbes libanais destinée à la jeunesse a germé dans ma tête en 2016. Je ne savais pas au début sous quelle forme le faire, bande dessinée, petits poèmes en proses, ou bien fiction. Finalement, j’ai opté pour la fable. Et puis, je trouvais qu’il fallait des couleurs et des dessins pour appuyer mes histoires, d’où l’idée d’en faire des albums illustrés.
Comment avez-vous rencontré l’illustratrice Renée Thomas ?
J’ai rencontré́ Renée par hasard, à travers une amie en commun à qui j’avais confié chercher un talent pour illustrer mon projet. Renée venait de sortir du monde de la pub et de l’évènementiel et peignait des murales pour des chambres d’enfants en plus de faire de l’illustration. Elle m’a montré son travail et je suis tout de suite tombée sous le charme. Elle a une façon très particulière de marier les couleurs et son univers bienveillant m’a convaincue. Il fallait qu’elle illustre la série. C’est parti comme ça...
Le premier tome nous fait découvrir la faune et la flore libanaise, le deuxième les traditions et le folklore. Et le troisième tome alors ?
Pour le tome 3, j’ai choisi de mettre en avant ces marques iconiques qui font le Liban. Il m’est apparu nécessaire de rendre hommage aux anciennes institutions et grandes marques libanaises avec lesquelles ont grandi plusieurs générations de libanais. Qui n’a jamais savouré un Unica, gaufrette phare de notre jeunesse confectionnée par GANDOUR, envoyé une lettre ou un petit colis par les bons soins de LIBANPOST, foulé le superbe carrelage de BLAT CHAAYA, tartiné de la labneh TAANAYEL ou mangé une glace BONJUS, s’être savonné avec les savons de KHAN EL SABOUN ou encore, avoir offert un bouquet de fleurs provenant de chez EXOTICA ? Pour finir, qui n’a pas une fois admiré la bienveillance et l’efficacité de la CROIX ROUGE LIBANAISE ?
Pourquoi avoir écrit le livre en français ?
Tout simplement pour véhiculer les valeurs de la francophonie à travers les traditions et la culture libanaises. Écrire en français a permis de toucher une tranche de la population qui ne s’intéressait pas spécialement aux livres sur le Liban, et finalement a beaucoup appris grâce à cela. La deuxième raison est que je suis beaucoup plus à l’aise pour écrire en français qu’en arabe !
Avez-vous le projet d’écrire un quatrième tome ?
J’aimerais beaucoup, j’ai assez de proverbes et d’imagination pour en écrire 10 ! Cependant, avant cela, j’aimerais trouver une maison d’édition qui saura faire briller ce projet à l’international, pour qu’il puisse trouver sa juste place dans les pays où la diaspora est nombreuse et a besoin de se rattacher au Liban. Quoi de plus réconfortant d’avoir un peu de chez soi lorsqu’on est ailleurs ?
Le deuxième ouvrage que vous lancez s’intitule « Si j’avais un Cèdre ». C’est une utopie bilingue, français – arabe, visant à renforcer le patriotisme et le sentiment d’appartenance au Liban. Ce livre est illustré par Shérine Raffoul.
Pouvez-vous nous présenter votre ouvrage ?
« Si j’avais un Cèdre » est une utopie bilingue en français et en arabe illustrée. C’est un livre tout public sur le Liban et son emblème : le Cèdre. Avec ses messages à portée universelle, tous inspirés de la jeunesse, il a pour but de renforcer le patriotisme, le sentiment d’appartenance et la fierté d’être libanais spécialement au vu de la situation critique actuelle. Il met en relief la beauté́ mais surtout, les valeurs, la chaleur et la richesse du Liban à travers un dialogue en prose.
L’originalité́ de l’ouvrage réside dans la forme de son écriture et dans le choix de son personnage principal-androgyne, qui entretient une relation particulière avec un Cèdre. Les illustrations créatives et expressives de Shérine Raffoul subliment l’ouvrage et lui donnent un aspect unique en son genre !
La quatrième de couverture de l’ouvrage nous donne vraiment envie d’en savoir plus sur l’histoire du personnage avec le Cèdre. D’ailleurs, celui-ci appellerait son Cèdre Arzé. Que se cache-t-il derrière ce nom ?
La symbolique du Cèdre fait tout particulièrement écho à ce dont, je pense, a besoin la jeunesse libanaise depuis plusieurs années. La grandeur, la puissance, la force, la noblesse, l’espoir et surtout, l’incorruptibilité confèrent à cet arbre son aspect majestueux. Et c’est l’image que les jeunes veulent avoir de leur pays. Le personnage va, dans mon livre, balader le lecteur de page en page à travers un Liban idéalisé mais surtout, souhaité – et ce par le biais d’un dialogue avec Arzé, le Cèdre (et donc les valeurs et symboles qui vont avec) qui lui a été offert au début de l’histoire...
Était-il important pour vous d’écrire sur les thèmes du patriotisme, de la fierté, de l’appartenance, des origines ? Et pourquoi ?
Je mets un point d’honneur à souvent bonifier et magnifier l’image de notre pays dans mes livres sur le Liban, surtout lorsque j’écris pour la jeunesse. Je suis moins clémente dans mes écrits pour les lecteurs adultes. Écrire sur les thèmes du patriotisme, de la fierté́ et de l’appartenance était pour moi quelque chose d’extrêmement important par les temps critiques que nous traversons pour réinsuffler l’amour du pays à cette jeunesse que je sens désenchantée, cette jeunesse qui a perdu espoir et confiance en son pays mais qui l’aime malgré tout. Je me dis que si cette génération, elle, baisse les bras, alors ce sera vraiment la fin du Liban tel que nous l’aimons. Du coup, j’essaye de travailler, à mon échelle et autant que je le peux durant mes interventions dans les écoles et les universités, à pousser ces élèves et ces étudiants à se battre pour sauver ce qui reste.
« Si j’avais un Cèdre » a l’originalité de mettre en scène un personnage androgyne. Pourquoi ce choix ?
Pour que jeune lecteur ou lectrice s’y identifie, sans exception. Pour l’égalité des sexes, dès le plus jeune âge. Pour faire réaliser que tout le monde est sur la même terre et que la supériorité́ d’un sexe n’existe pas.
A savoir
Le lancement est prévu le samedi 17 décembre 2022 à Beit Kanz, 61 rue Sursock, Achrafieh, de 16h à 20h dans le cadre d’un évènement portant sur le patrimoine et l’héritage libanais. L’auteure ainsi que les illustratrices seront présentes et vous attendent pour mettre à l’honneur le Liban. Une séance signature sera organisée.
Le travail des illustratrices sera également exposé.
Pour en savoir plus, cliquez ici
ARTICLES SIMILAIRES
Lecture 79 : Ketty Rouf, Mère absolument
Gisèle Kayata Eid
11/04/2024
Brigitte Labbé et les Goûters philo
Zeina Saleh Kayali
08/04/2024
« Profession Bonniche », la romance pour dire l'indicible
01/04/2024
Lecture 78 : Atlas du Moyen-Orient, Pierre Blanc et Jean-Paul Chagnollaud
Gisèle Kayata Eid
28/03/2024
Ouvrages rangés, à déranger : Le choix de Charif Majdalani
22/03/2024
Lecture 77 : Vent du Nord, Antoine Daher
Gisèle Kayata Eid
13/03/2024
Ouvrages rangés, à déranger : Le choix de Michèle Gharios
09/03/2024
Ouvrages rangés, à déranger : Le choix de Bruno Tabbal
06/03/2024
Lecture 75 : Triste Tigre, Neige Sinno
Gisèle Kayata Eid
29/02/2024
Les brésiliens-libanais au Liban
28/02/2024