Le peintre français Daniel Castan expose ses toiles entre figuratif et abstraction à la galerie Carré d'Artistes, au centre ville, jusqu'au 15 janvier. Rencontre avec un artiste haut en couleurs, jamais à court de métaphores sportives.
Vous avez fait l'école des Beaux-Arts en France puis travaillé dans le design pour finalement vous mettre à la peinture tardivement. Quel a été le déclic ?
J'ai fait ma crise existentielle à 40 ans. Je me suis dis "Daniel tu vas être artiste". Dans mon travail de designer, je passais mes journées derrière un écran. Ça me manquait de ne pas utiliser mes mains.
Donc j'ai acheté chevalet, pinceaux, toiles et je me suis lancé dans un premier tableau. C'était complètement nul donc j'ai tout balancé.
Quinze jours plus tard, je tombe par hasard sur un tableau et j'ai eu envie de retenter l’expérience. J'ai tout racheté et je me suis remis au travail. L'accouchement était douloureux mais j'ai réussi à parvenir à un résultat plus proche de ce que je voulais faire. Rapidement, en un an, j'ai peint une dizaine de toiles que j'ai exposé chez un copain restaurateur. Petit à petit, elles ont commencé à se vendre et j'ai eu envie de continuer. Pendant cinq ans, je peignais le week-end en parallèle de mon travail. Jusqu'au jour où j'ai quitté mon job pour me consacrer entièrement à la peinture. Ça a été un choix radical. Mon entourage me disait "qu'est-ce que tu fais ? On ne peut pas vivre de la peinture". Mais quand on se lance dans quelque chose à 300%, que ce soit dans l'art dans le sport ou dans n'importe quoi, on progresse beaucoup plus vite. Je n'ai pas changé mes habitudes d'entrepreneur par exemple. Je continue de me lever à 7h30 sauf que je ne m'assieds plus devant un ordinateur, mais devant mon chevalet, six jours sur sept.
Vous réalisez toutes vos peintures au couteau. C'est un outil qui s'est imposé rapidement dans votre pratique ?
Au début, c'était surtout par paresse. Je déteste laver mes pinceaux. Mais avec le recul je l'analyse différemment aujourd'hui. Je travaille très vite et le couteau est l'outil qui est le plus adapté à mon travail.
Vite, c’est-à-dire ?
Je fais souvent un parallèle avec le sport. Un coureur de 100 mètres court en 10 secondes, mais pour cela il s’entraîne chaque jour pendant des heures. C'est la même chose en peinture. On peut la terminer en deux ou trois heures, mais le travail en amont est long. Il m'arrive de me lever le matin et de terminer une peinture en quelques heures, d'en commencer une seconde qui va me prendre beaucoup plus de temps. Ça ne se décide pas.
Vos peintures représentent New York. Au début, vous travailliez à partir de photos. Est-ce toujours le cas aujourd'hui ?
Non. J'ai commencé avec des photos mais aujourd'hui je travaille avec des images que j'ai dans la tête. Les gens voient toujours New York dans mes peintures mais finalement c'est devenu plus un prétexte pour moi. Ce que j’aime c'est la verticalité, les fuites, l’épaisseur, la vitesse, les reflets. La ville importe peu. Ce qui reste de New York dans mes toiles, c'est souvent la présence d'un taxi jaune, mais rien de plus.
Vous travaillez sur d'autres thématiques que les paysages urbains ?
Au début on essaye un peu tout et après on trouve son univers. Je travaille sur des portraits aussi, mais ça fait quinze ans que je peins des villes et la façon dont je les aborde a beaucoup évoluée depuis. Il y a l'aisance technique qui s’affûte, la gestuelle qui est plus spontanée. On a toujours envie de faire autre chose, mais ça ne se décide pas. Parfois on me dit "pourquoi tu ne fais pas d'autres villes ? Pourquoi pas Beyrouth ?" Mais New York s'est imposé d'elle-même. Le prochain sujet devra s'imposer de lui-même aussi. Il n'y a pas de préméditation quand je travaille. Je suis dans l'impro. Ma peinture c'est du hasard maîtrisé. Mes toiles sont de plus en plus abstraites et j'ai envie de continuer dans cette direction. Pour reprendre mon analogie avec les sportifs, c'est comme demander à un coureur de 100 mètres de courir un 110 mètres haies. Ça demande une autre technique, une autre approche. C'est beaucoup de travail.
Vous êtes originaire de Dordogne en France. Ce n'est pas vraiment New York. Qu'est-ce qui vous fascine dans les mégalopoles ?
Ce qui me plaît c'est le côté structuré. Lorsque je vais à New York, j'y reste une semaine, jamais plus, après j'en ai marre. Mon univers personnel c'est plus la mer, la tranquillité. Je vie à moitié en Grèce, sur l'île de Paros. C'est vrai qu'il y a un côté un peu fou à peindre New York sur une île face à la mer.
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