Basir Mahmood expose à Letitia Art Gallery jusqu’au 3 novembre, des photographies et une vidéo qui illustrent les processus à partir desquels l’artiste réinvente ses expériences visuelles. Il nous en parle.
En quoi se caractérisent les photographies et la vidéo présentées dans l’exposition ‘Eyes Recently Seen’ ?
Au cours du processus de création, il devient pour moi difficile de concevoir la différence entre une vidéo, une photo ou autre chose que je suis en train de produire. J'aborde chaque œuvre au cours du processus de réflexion de manière plus ou moins similaire. L'idée qui se façonne détermine également le moyen. Cependant, pour un travail de production récent, je voulais reconsidérer la photographie comme une possibilité de documenter un récit en une seule image, de mon intention à l'image elle-même.
Deux principaux domaines d’intérêt ne cessent de se reproduire dans ma pratique, l'un est le travail que nous faisons pour survivre et l'autre est la nourriture que nous mangeons pour subvenir à nos besoins. Je pense que ces deux éléments sont étroitement liés.
Quels sont les processus à travers lesquels vous recréez vos expériences visuelles ?
Je ne fais plus de croquis pour savoir si cela fonctionnerait en pratique ou non, je garde les choses pour moi jusqu'à ce que je les évalue suffisamment. Il y a beaucoup d'œuvres qui sont restées au niveau conceptuel, et celles que j’arrive à produire doivent arriver à trouver leur propre pertinence ou contexte.
La plupart des œuvres récentes ont été produites dans un studio à Lahore. C'est là que sont généralement enregistrées les émissions du matin ou d'autres émissions télévisées. Mais quand les plateaux sont dégagés, vous vous retrouvez dans des espaces qui ont un caractère spécifique intemporel où vous pouvez aménager le milieu comme vous le souhaitez, et c'est exactement ce que j'ai fait.
Comment vos œuvres d’art reflètent votre position vis-à-vis des structures sociales ?
Je suppose que c'est dans la nature même du processus que je produis mes œuvres. Je collabore avec des personnes de milieux divers et qui jouent des rôles différents dans la société. Je suis intéressé par l’idée que leur idée du travail ou de la compétence pourrait devenir l’idée du travail dans lequel je les impliquerais, et c’est où dans la plupart du temps ils accomplissent eux-mêmes leur travail.
Vous avez accueilli dans votre studio de Lahore les participants qui ont rejoué leurs métiers ce qui vous a permis d’explorer les formes variées de l'interaction humaine. Parlez-nous de cette expérience.
Avec le temps, j'ai développé une façon très particulière de travailler avec les gens, qui change légèrement à chaque fois. On communique le script aux participants et on leur explique ce qu’ils devraient faire devant la caméra. Lorsque le script est mis en œuvre, je ne fais qu’observer, et je ne m'inquiète plus même si, au cours du processus, il se modifie par rapport à ce que j'avais initialement prévu.
Travailler avec un groupe est une expérience très différente de celle de travailler avec un seul individu, plus le nombre de personnes impliquées est important, moins je contrôle le travail, et ça ne me dérange pas.
Quels sont vos prochains projets ?
J’ai récemment visité Bradford au Royaume-Uni, invité par The National Science and Media Museum à travailler sur une nouvelle commission, au cours des prochains mois, qui sera présentée ici l'année prochaine. De là, je suis allé à Sharjah pour participer à l’exposition qui célèbre les dix ans du Production Programme organisée par Sharjah Art Foundation. Je travaille également sur ma première exposition personnelle aux Pays-Bas à la galerie Wilfried Lentz Rotterdam, tout en préparant en parallèle un programme pour le Stedlijk Museum Amsterdam et des expositions collectives pour cette année.
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