Voyage au bout de la matière avec l’artiste Chafa Ghaddar qui a visité les locaux de l’Agenda Culturel pour nous présenter son exposition ‘The Visit’ qui se déroule jusqu’au 12 janvier à la galerie Tanit.
Parlez-nous de votre nouvelle exposition ‘The visit’
Le titre de l’exposition The visit évoque un espace qui est celui de l’entre-deux, un espace liminal. Certaines œuvres sont des travaux sur papiers, des fresques, des interventions in situ, et des mix-médias sur toiles. L’ensemble évoque les limites et les barreaux d’un certain espace suggéré mental, émotionnel, et même spatial. Chaque œuvre propose une réception différente, où le spectateur se veut tantôt invité dans une intériorité intime ou une extériorité répulsive.
Quels sont les thématiques traitées par l’exposition ?
L’exposition est principalement axée autour des diverses manifestations temporelles sur des surfaces. L’idée de la peau, d’une certaine intériorité domestique et corporelle, et d’un ailleurs gravitent dans l’univers que je propose. Par exemple, la série de travaux sur papier intitulée ‘cheminement’, propose une lecture de la peau qui se présente comme un registre de mouvement, de porosité, de mutation et de dilatation. Des incisions verticales et centrales émanent de la surface de ces papiers tout en suggérant de nouvelles ouvertures, nouveaux portails et temporalités différentes.
Vous menez une pratique muraliste. Comment l’intégrez-vous dans l’exposition ?
Le mur est espace monumental avec lequel l’artiste a un engagement physique. Le mur propose un espace de projection et de révélation. Un mur est toujours construit selon plusieurs couches, presque sculpturales voire architecturales. Il suggère un espace incarné. Tous ces éléments se réunissent, même dans les travaux qui ne sont pas de nature murale dans mon exposition. Il existe d’autres œuvres également conçues à partir de différentes techniques murales telles que la fresque et la peinture décorative.
Qu’apporte la fresque à l’ensemble de ce travail ?
La fresque est le cœur de ma pratique et le noyau de mes recherches. Cette technique est basée sur des réactions chimiques naturelles où des pigments colorés se stabilisent dans de multiples couches de chaux. Elle subit deux âges, celui de la genèse de la matière et puis de sa fragmentation. Travailler avec la fresque me permet ainsi d’interroger le temps. Je propose des interventions avec cette matière qui oscille entre la construction et la dégradation. C’est ce qui renforce l’idée de la liminalité dans ce projet.
Quels sont vos prochains projets ?
Je construis une murale à base de céramique sur le bâtiment de la librairie al-Safa à Dubai. C’est un projet organisé par la curatrice Amanda Abi Khalil, en collaboration avec Art Dubai, Tashkeel, Dubai Cultural Authorithy (DCAA). Je serai aussi résidente à Tashkeel, comme membre du programme CPP Critical Practice Program 2019.
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