La romancière Yasmine Khlat, établie à Paris, parle à l'Agenda Culturel de son dernier roman ‘Egypte 51’, publié aux éditions Elyzad.
Ce roman est une forme de retour aux sources pour vous ?
Oui, je suis née à Ismaïlia en 59 et nous avons quitté l’Egypte en 62. Ça faisait longtemps que j’avais envie d’écrire sur les années cinquante dans ce pays, sur l’ambiance qui régnait dans certains milieux cosmopolites.
J’ai été très heureuse de rencontrer durant la préparation de mon livre des témoins de l’époque ainsi que des historiens et des journalistes. Je suis entrée en contact notamment avec l’Association du Souvenir de Ferdinand de Lesseps et du Canal de Suez et ai pu visionner un film ancien sur Ismaïlia. Je me suis intéressée aux navires du monde entier qui passaient là dans le désert entre la rive Asie et la rive Afrique. On m’a parlé des enfants qui se jetaient dans les vagues que soulevaient leurs étraves. Du village arabe, des quartiers européens. On m’a parlé des étoiles et des vents, des arbres, du lac Timsah. De la plage. Et j’ai pu rêver cette ville dont je n’ai aucun souvenir.
En Egypte on vous appelait les Syriens, au Liban vous étiez les Egyptiens et en France vous êtes des Libanais. Comment gérer cette multiplicité d’identités ?
Je ne pense pas qu’on gère cela mais qu’on le vit comme on peut. C’est une richesse mais il y a toujours comme un léger décalage. On me demande souvent avec étonnement, ici en France, mais aussi au Liban : ‘ D’où viens-tu ?’. Je pourrais répondre que je viens d’un creuset de tendresse, né dans une Egypte cosmopolite, qui n’a pas résisté aux exils et aux guerres, aux assauts du temps, et dont j’ai voulu dans ce livre retrouver l’accent et la gaieté.
Ce roman est-il nostalgique ?
Certains passages sont nostalgiques. Ceux qui suivent le départ d’Egypte. Il y a un personnage, à Monrovia, ‘ Jo, le watchman’, un gardien fou d’amour pour ceux dont il garde le bungalow mais qui n’a à leur offrir que le roulis de l’océan, l’éclat fort du midi et le souffle du vent. C’est lui qui chante la nostalgie du livre.
Allez-vous le présenter au Liban ?
J’espère venir, oui. Je serais heureuse de présenter mon livre au public libanais.
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