C’est dans son atelier du troisième étage, d’un vieil immeuble traditionnel de la rue Gouraud, que Nada Debs a choisi de ré-installer en mars 2018, ses œuvres et ses créations. Un lieu qui respire la sérénité et l’authenticité, à l’instar de ses objets qu’elle présente au public et aux créateurs. Rencontre avec l’artiste.
Entre les larges baies vitrées de cette demeure d’une grande poésie, et le marbre ancien du sol, la lumière s’invite pour mettre en valeur la pureté des objets et des meubles, qui racontent chacun l’esprit et les tendances de la créatrice. ‘‘Je voulais me reconnecter avec le monde, ouvrir mon espace et mon atelier aux clients, qu’ils soient plus près de mes créations, et surtout qu’ils apprivoisent ce monde du design, présenté élégamment dans cet espace qui navigue entre passé et présent’’, explique Nada Debs parlant de son concept ‘Up Close and Personal’. Dans un amalgame de bois, de matériaux, d’outils et de couleurs, l’artiste invite les clients à déambuler dans les trois pièces de son atelier, réparties autour de la grande salle principale, où trône une magnifique table colorée, leur offrant même le ‘luxe’ de créer des objets personnalisés, qui répondent à leurs besoins, leurs désirs et leurs propres envies.
Un espace qui marie tradition et modernité
Chaque coin de son showroom raconte l’évolution du travail de l’artiste qui a toujours voulu garder un mariage équilibré entre artisanat et technologie, tradition et modernité. ‘‘Je suis et je resterai toujours très attachée aux savoir-faire artisanaux et à la préservation de notre héritage, confie l’artiste, avouant tout de même avoir opté pour la démocratisation du design. Je crois aujourd’hui, qu’il est important de suivre les tendances et l’évolution du monde qui recherche plus de modernité et de simplicité dans les objets et le design’’. Au fil des années et de ses créations, l’artiste s’inspire des motifs traditionnels artisanaux, et y ajoute sa touche contemporaine, marie les formes et les couleurs, oppose l’ancien au nouveau, le tout dans une harmonie qui se conjugue au plus-que-parfait.
‘‘Ce tapis fait par des pièces de laines nouées et crées à la main par des femmes tisseuses afghanes, est un peu comme une histoire d’amour entre deux textures de formes et de couleurs différentes qui se lient et fusionnent pour ne plus former qu’un’’, raconte doucement l’artiste en avouant s’être imprégnée de l’esprit Umi qui dit : ‘‘Apparently two but in one soul’’. Elle s’inspire également des motifs islamiques, les travaille de façon artisanale en utilisant des matériaux modernes, ajoute dans ses nouvelles créations, sa touche ‘zen et épurée’, héritage de ses années au Japon, et revisite les matériaux qu’elle modernise et introduit dans tous ses objets. Elle mariera alors le nacre et le bois sur ses tables et ses consoles, arrondira les angles de ses meubles, jouera avec les couleurs et la géométrie des formes, comme dans ses miroirs pivotants accrochés aux murs.
La marqueterie selon Nada Debs.
Fidèle à sa signature qui la caractérise si bien, Nada apporte, avec sa nouvelle ligne ‘Marqueterie mania’ une fois de plus, une sensibilité contemporaine et ludique à la marqueterie traditionnelle en bois, cette technique artisanale qui consiste à réaliser avec des placages de bois ou divers autres matières découpées et assemblées suivant un dessin, des images géométriques, figuratives ou abstraites. Inspirée des motifs qui caractérisent un grand nombre d’objets orientaux, telle ces tables de tric-trac, elle découpe les petits bouts de bois, les assemble en lattes de bois fines et élancées forme des motifs auxquels elle y ajoutera un amalgame de couleurs, et les pliera selon ses envies et son modèle. Et ainsi elle agrémentera de ces fines lamelles de bois, les meubles et les objets de sa nouvelle collection, ajoutera cette touche orientale à ses tables modernes aux lignes épurées et arrondies. La marqueterie selon Nada Debs, viendra se greffer tout naturellement à sa signature déjà reconnue à l’international.
‘My Beirut’, la couleur de Beyrouth
C’est parce qu’elle a voulu immortaliser les couleurs de son pays, que Nada Debs s’est inspirée de ce décor qui l’entoure et de ces ruelles qui racontent sa ville d’antan. ‘‘Si pour d’autres, Beyrouth c’est le bleu du ciel et le blanc des cimes enneigées en hiver, pour moi mon Beyrouth, ce sont ces maisons aux tuiles rouges que je vois de ma fenêtre, c’est cette rue qui respire l’ancien et le traditionnel, et ce sont toutes ces couleurs fondues, que j’ai eu envie de reproduire dans une même palette’’, explique l’artiste, en présentant ‘My Beirut’, cette couleur ocre-brun qu’elle a créé en hommage à cette ville qu’elle chérit tant. En collaboration avec la société norvégienne de peinture décorative ‘Jotun’ elle a créé cette nouvelle tonalité qui figure aujourd’hui dans le catalogue de la société.
Vingt ans plus tard, l’artiste continue à se réinventer, fidèle à son langage personnel où se retrouvent le Japon de son enfance et le Moyen-Orient de ses origines, faisant d’elle un des fer de lance du design moderne.
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