À l’occasion de la fermeture de l’exposition « Allô Beirut ? » le 2 Juillet, l’Agenda Culturel se rend sur place, dans le bâtiment de Beit Beirut, ce grand bâtiment jaune, situé sur l’ancienne ligne de démarcation, aussi appelé ‘La maison jaune. C’est un bâtiment emblématique de la culture et de l’histoire libanaise.
Pour accompagner la clôture de l’exposition installée en Septembre 2022 par la journaliste Delphine Abirached Darmency et le directeur artistique Roy Dib, les éditions Dar Onboz ont publié « Beirut 360 : un musée de poche ».
Une histoire sans début et sans fin
« L’histoire n’a ni début ni fin », c’est comme ça que Nadine Touma, artiste, écrivain et également réalisatrice de films décrit ce petit livre de poche lors de notre interview. Il s’agit de 624 pages en arabe qui reflètent, à travers différentes images, le travail d’artistes, d’écrivains, de géologues, d’archéologues, d’architectes… et la liste est longue.
Touma nous explique qu’il y a trois raisons qui expliquent le choix de ‘360’. D’une part, 360 vient de la division des jours d’une année, en effet, les quatre saisons de l’année servent de fil conducteur dans ce livre.
D’autre part 360° est aussi une façon de changer de perspective et voir une autre version de Beyrouth. Finalement, il y a aussi l’aspect du mouvement quotidien du soleil. Les gens peuvent voir le lever de soleil de la montagne, ce même soleil qui descend ensuite dans la mer, c’est une boucle qui se clôture, pour ensuite se répéter à nouveau le jour suivant. C’est la fermeture d’un cercle quotidien, tout comme pour la Lune.
« La terre tourne autour du soleil, et le soleil autour de lui, l’année et ses jours ; le cercle où il commence et se termine ; 360 degrés d’escaliers de Beyrouth qui relient la mer à la colline : 360 marches reliant les deux Beyrouth sur l’un des croisements et lignes de contact au temps des divisions et des guerres civiles et étrangères (…) ».
L’objectif de ce livre est de partager cette richesse culturelle à un large public et qu’elle soit accessible, sans pour autant vouloir évoquer un sentiment de nostalgie.
« C’est important de montrer aux gens qu’ils viennent d’un passé, mais sans non plus évoquer cette nostalgie. Trop souvent, la richesse culturelle et le passé de Beyrouth ne sont pas connus par ses habitants. »
À travers ce musée de poche, les visiteurs entreprennent alors un voyage de réflexion.
L’arabe : un choix linguistique d’accessibilité
L’atteinte de cette accessibilité à un grand public se joue notamment à travers la langue, raison pour laquelle le livre est écrit entièrement en arabe. Lors de la clôture, le livre est offert à l’entrée, à chaque visiteur qui souhaite voir l’exposition. Pour la diffusion de cette œuvre, Nadine Touma et sa partenaire créative Sivine Ariss ont parcouru les différents quartiers de Beyrouth à l’arrière d’une camionnette de livraison de légumes en distribuant des exemplaires du livres.
« On s’est concentrés sur les chauffeurs de taxi, on leur a dit de prendre deux copies et d’en laisser une dans leur voiture pour que les touristes et les gens de passage puissent aussi être au courant ».
À l’avenir, Touma souhaite agrandir ce projet et pouvoir le refaire et le recréer dans d’autres villes du Liban, telles que Tripoli ou Saïda. Pour elle, les souvenirs constituent un rôle essentiel dans notre identité, d’où l’importance de partager et que tout le monde puisse avoir accès à cette culture en une langue qui a le pouvoir de rendre compréhensible des textes à une majorité de personnes. Comme nous le raconte Nadine Touma, cette richesse n’est pas assez enseignée ou transmise dans les manuels, les livres, les école et les universités.
Ce livre est plus que de simples images, il s’agit de connaissance, d’histoire et de recherche. Passé-présent, tout se mélange dans cette richesse culturelle infinie.
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