Dar el Fatwa désigne le siège de l’administration du mufti de la république. Ce grand bâtiment aux murs beiges, qui forme comme un îlot arrondi est pourtant bien ancré au milieu d’un quartier où les piétons slaloment entre les voitures pour faire leurs courses matinales. Dans un brouhaha coloré, les légumes présentent leur ventre gorgé de soleil, les ustensiles de cuisine brillent à la lumière et les interpellations fusent, nullement troublées par la présence de cette solide institution qui a vu le jour le 13 janvier 1955. Dar el Fatwa réunit les services religieux, éducatifs et caritatifs ainsi que l’administration des waqf de la communauté sunnite.
Entre les grands immeubles, un petit coin de verdure accueille les enfants après l’école. Le jardin Hassan Khaled, établi par le conseil des grands travaux de la ville de Beyrouth en 1971, s’étend sur une superficie de 4500 mètres carrés et comporte un bassin rectangulaire. Hassan Khaled, ancien mufti de la République libanaise, présida les cours islamiques du pays pendant plus de 23 ans. Très modéré, il prônait l’unité nationale jusqu’à ce qu’une voiture piégée lui ôte la vie, le 16 mai 1989.
L’association Makassed, fondée en 1878, est une organisation non gouvernementale qui dirige plusieurs activités d’ordre pédagogique, médical et socioculturel. Dans un Liban qui s’ouvre au savoir, la Jamiyat el Maqasid el Khayriyya al Islamiyya prend conscience de l’importance d’assurer une éducation aux filles et leur offre une école au cœur de la ville et une deuxième à Bachoura. Deux autres écoles pour garçons suivent et Makassed étend vite ses activités. Des services sociaux et un hôpital renforcent cette association dont les objectifs sont de promouvoir le bien-être social, le développement humain durable et l’amélioration de la qualité de vie. Actuellement, les Makassed ont ouvert plus de trente-sept écoles primaires au Liban et sept collèges dans la capitale, un centre de formation technique et professionnelle, un centre supérieur d’études islamiques et une école supérieure d’infirmières. Plusieurs associations travaillent également en étroite collaboration avec les Makassed.
Le furn n’est pas seulement une boulangerie. Véritable espace de vie, il rassemble les hommes et les femmes tout au long de la journée. Une vraie complicité s’établit entre le boulanger et le client ; les galettes de thym ou de fromage se préparent suivant les goûts et les habitudes. Croustillante ou épaisse, avec du thym allégé ou du « double » fromage, avec des tomates ou de la menthe, des olives ou du labné, certains indécis demandent même une galette moitié thym-moitié fromage. Au four, au saj ou au tannour, les déclinaisons répondent à toutes les gourmandises. Impensable de rater le passage obligé du matin, si délicieux que parfois les manakich n’ont plus d’horaires. Galette à midi et galette le soir, il faut goûter pour comprendre ce régal des sens, chaud comme une tendresse, sacré comme une promesse. Peut-être parce que, tous les matins, à l’heure où Beyrouth s’étire, avant de pétrir la pâte, le boulanger prononce le nom de Dieu.
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