Confessions en temps de Corona : Nadine Majdalani Begdache
20/03/2020
Nadine Majdalani Begdache, Propriétaire et directrice de la Galerie Janine Rubeiz
Pensez-vous que cette situation va mener à un changement ? et si oui,comment?
Sûrement, cette situation va amener plus qu’un changement. Un bouleversement des habitudes sociales.
Déjà avant l’épidémie du Coronavirus, la société libanaise avait commencé sa propre révolution, la remise en question des structures sociales, économiques et politiques du pays.
Je souhaite que ce confinement nous mette face à face avec nous-mêmes en provoquant un retour à soi, un retour à l’essentiel et aux vraies valeurs de la vie.
Le numérique, l’électronique comme le télétravail, les études en ligne, la lecture sur écran et non plus sur papier, vont surement perdurer et j’espère se développer de façon plus positive, plus raisonnable.
Ce face-à-face existentiel va, je le souhaite, mettre de côté les anciennes règles telles que la course effrénée contre la montre pour le succès, pour le gain matériel, pour la compétition injuste, pour notre quotidien, et ralentir les pressions économiques, professionnelles et sociales en laissant de côté les « je dois », « il faut »… Bref, ce tourbillon fou dans lequel nous vivions et qui a abouti à un bilan « zéro ».
Il nous a fallu un bouleversement pour nous rappeler que nous sommes tous logés à la même enseigne.
C’est peut-être fonder beaucoup d’espoirs mais l’homme sait faire la différence et choisir les valeurs essentielles ; l’importance de la nature, du beau, de la santé et surtout la lutte pour l’égalité, la justice et contre la pauvreté et la souffrance. Cette catastrophe nous a donné une grande leçon d’humilité.
De quoi est fait votre quotidien en temps de confinement ?
J’ai la chance de vivre dans un appartement clair avec une terrasse au bord de la mer… J’ai le temps d’apprécier les changements naturels de la mer, du ciel, le lever et le coucher du soleil, les couleurs de la nature…, toutes ces étapes de la journée que je ratais étant en dehors de chez moi. Ce que j’aime le plus, c’est d’admirer ma maison, dans ses détails, et de réaliser la chance que j’ai. J’aime être chez moi, c’est un lieu paisible, lumineux où je me sens à l’aise.
Quelques pas sur la terrasse quand il y a du soleil et quelques exercices physiques pour maintenir la forme et le dos en mauvais état…
Je lis tous les livres laissés non lus et d’autres plus récents et surtout des revues et articles politiques… tout cela sur ma tablette en regardant le feu dans la cheminée que mon mari adore et entretient si bien. Sans oublier la cuisine, car bien manger est un bonheur pour moi.
Naturellement, il y a aussi Mezzo avec surtout ses opéras, des films, des interviews politiques, Canal +, BFM TV…
Toutes ces activités simples me donnent l’occasion d’apprécier le temps qui passe paisiblement et sans crises de nerfs.
Des petits bonheurs simples d’une vie active, qu’est-ce qui vous manque le plus ?
D’abord et surtout de voir mes enfants et mes petits-enfants. Car pour le moment, nous nous interdisons ces visites, pour nous protéger les uns les autres.
La galerie me manque avec son équipe et le contact avec le public et les artistes.
Voir quelques amis proches et certains membres de la famille.
Regarder de nouvelles œuvres et les sentir, découvrir de nouveaux artistes et de nouvelles expositions, ressentir des émotions…parce que les visites virtuelles des musées ou autres expositions ne me procurent aucune satisfaction.
Qu’est-ce qui ne vous manque pas ?
Les déjeuners et les soirées inutiles et ennuyeuses, le shopping, les prises de bec …
Pour tromper l’ennui que suggérez-vous à nos lecteurs comme :
Je ne peux rien suggérer, à eux de faire leur choix dans ce qu’ils aiment le plus.
Un mot d’encouragement
Je pourrais simplement dire à chacun de faire son propre bilan, avec d’un côté toutes leurs actions positives et de l’autre leurs actions négatives et de juger du comportement à choisir pour l’avenir.
Et surtout d’apprécier tout ce que nous avons reçu et accompli jusqu’à ce jour, en toute humilité.
ARTICLES SIMILAIRES
Confessions en temps de Corona: Joelle Kurdi
16/05/2020
Confessions en temps de Corona: Chadi Zein
04/05/2020
Confessions in times of Corona: Michelle Wehbe
01/05/2020
Confessions en temps de Corona: Sabine Mazloum
30/04/2020
Confessions in times of Corona: Matteo El Khodr
30/04/2020
Confessions in times of corona : Dalal Mawad
29/04/2020
Confessions in times of Corona : Tatiana Kaadou
29/04/2020
Confessions en temps de Corona : Rita Aad
28/04/2020
Confessions of a schizophrenic Zena/Also Zena in times of Corona
28/04/2020
Confessions in times of Corona : Wissam Saliba
24/04/2020