Zaïmna. Mon Zaïm. Le Liban sait bien ce que ce mot veut dire. Ce que ce mot implique. Et de tous temps on a eu envie de suivre un homme. D’adhérer à ses idées. De lui confier nos vies. De lui faire allégeance. Et la vie était simple puisque le Zaïm était là. Là pour nous consoler de nos pertes. Là pour nous féliciter de nos exploits. Là pour résoudre nos problèmes. Là pour aplanir un litige. Sa maison nous était ouverte et son temps nous était consacré. Dans chaque village, bourgade, caza, coin perdu, il y avait un Zaïm. Et puis est venu l’ère des milices, l’ère des partis. Et puis sont venues les guerres, les divisions. Et puis se sont imposés les 14 et les 8. Deux idées diamétralement opposées du chemin que devaient prendre nos idées. Et le Zaïm s’est dilué dans les idéologies. Aujourd’hui tu votes pour un parti. Tu votes pour une liste complète. Tu adhères à un parti. Tu suis ces idéologies. Tu obéis à ces ordres. Tu deviens aveugle et sourd à ce qui n’est pas le parti. Et peu importe l’homme. Peu importe le profil. Peu importe les compétences. L’important est le parti. Et le gâteau Liban si juteux n’est plus que parts pour les partis.
Mais alors où sont les hommes ? Les Zaïms ? Les bons, les justes, les à leur place ? Un homme de médecine à la santé. Un homme de culture à la culture. Un homme de justice à la justice. Les élections nous ont bien montré que la formule est fausse. Indécente. Dramatique. Que le nom des hommes de bien s’est dilué dans des listes indigestes. Il est des hommes politiques aujourd’hui qui ont bien rempli leur rôle. Qui ont mené à bien leur mission. Il est des hommes politiques qui ont su rehausser le nom du Liban, qui se sont penchés sur les dossiers, qui ont investi leurs fonctions. On nous a si bien longtemps servi l’adage que « ils sont tous pareils » qu’on a fini par y croire et par ne plus voter que pour des partis. Sans plus jamais avoir le droit de demander des comptes. Brouillage de pistes volontaire qui a fini par faire couler le vaisseau. Rendez-nous nos bons zaïms. Rendez-nous nos hommes politiques. Les vrais. Ceux qui ont des programmes et une conscience. Ceux qui veulent servir leur pays et leur ministère. Rendez-nous nos hommes politiques. Les vrais.
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