Pourquoi un ouvrage sur l’Italie en particulier ? Qu’est-ce qui a motivé votre écriture ?
Z.N : L’Italie a toujours été mon pays de rêves et d’évasion. Il est la source de l’art et de la beauté. J’avais l’habitude d’y voyager régulièrement pour participer à des expositions et à des résidences artistiques.
Lors de la pandémie, tout a été évidemment annulé. De plus, lorsque la situation sanitaire y a basculé de façon catastrophique, en mars 2020, j’ai été prise de nostalgie et de tristesse pour ce pays qui était mon échappatoire. Nous avons commencé à écrire des textes souvenirs de nos voyages, pour nous laisser rêver et espérer y retourner vite et surtout, pour oublier la crise qui sévissait au Liban. Ces écrits, que nous partagions d’abord pour le plaisir, Bélinda et moi, sont vite devenus notre pain quotidien, notre soupape d’énergie positive. Elle écrivait et je répondais. Nous étions simplement heureuses de pouvoir voguer sur une autre onde que celle de notre lourd quotidien. C’est alors que l’idée d’en faire un livre s’est imposée spontanément. Et les textes ont déferlé, en nous emportant du Nord au Sud de la plus belle botte du monde. Puis le 4 août nous est tombé sur la tête et nous avons cessé d’écrire car nous étions, comme tous les Libanais en état de choc. Nous étions d’abord attendries par l’Italie en crise, mais la nôtre de catastrophe était beaucoup plus forte. Et de l’Italie au Liban, du Liban à l’Italie, les textes ont repris pour clôturer le livre par une merveilleuse lettre dédiée au pape, écrite par Bélinda.
B.I : L’Italie est mon pays de cœur, mon fantasme permanent. Je vis et j’assume pleinement cet « état amoureux » qui reste un mystère pour mon entourage. Il suffit que je sois en terre italienne pour que je me transforme intérieurement et extérieurement. Je dis souvent que je deviens incandescente. C’est quasi miraculeux et les témoins sont légion.
Lorsque le Covid a mis l’Italie à genoux, je l’ai vécu comme s’il s’agissait des miens. Zeina aussi. Nous comptions les morts et étions sidérées au sens littéral du terme. Nous avons commencé par écrire des textes, histoire de narguer le sort et de donner de la force à notre botte bien-aimée. C’est ainsi que le projet est né, spontanément.
Un ouvrage à quatre mains repose sur le choix du partenaire d’écriture. Cette expérience a-t-elle été à la hauteur de vos attentes ?
Z.N : Bélinda et moi avons une passion commune, celle de l’Italie mais aussi celle de l’art en général, de l’écriture et de la peinture. Bélinda a aussi été mon éditrice pour mes deux premiers ouvrages et, mis à part mon amitié profonde à son égard, j’ai déjà expérimenté son professionnalisme et sa plume magnifique. Écrire avec elle a été un plaisir pur, un moment de bonheur, une thérapie contre toutes les guerres que nous vivons. Et parler de l’Italie, en tant que Libanaises, a également été une sorte de voyage spirituel quotidien, à défaut de pouvoir le faire en réalité. J’attendais ses textes dans ma boîte aux lettres et la suite venait avec fluidité et aisance. Je n’ai pas choisi d’écrire avec Bélinda, je n’ai pas non plus décidé d’écrire un livre, cela est venu à moi comme un cadeau durant une période des plus difficiles au Liban.
B.I : Comme Zeina l’a si bien dit : nous partageons la, voire les mêmes passions. Dès lors, tout devient plus simple. Aussi, nous n’avons effectué qu’un seul voyage ensemble, mais avons, chacune de son côté, sillonné l’Italie. Pour moi, écrire l’Italie avec Zeina s’est imposé comme une évidence. Nous nous consumons au même feu. Qu’il s’agisse de la passion italienne, de l’amour des mots ou de celui de la peinture, bien plus maîtrisé par Zeina que par moi qui suis à mes débuts. Zeina est une peintre de renom.
Le lancement de la version italienne « ITALIAMORE » se fera-t-il en Italie ? Si oui, où et quand ?
Z.N : Évidemment, le lancement se fera en Italie et dans plusieurs villes. Nous comptons signer à Rome, à Milan et à Naples à partir de septembre prochain. Les dates et lieux des événements seront diffusés ultérieurement en détails.
B.I : Les ouvrages dans les deux langues seront bientôt disponibles sur www.pumbo.fr pour la France et l’Europe et sur www.bouquinbec.ca pour le Canada et les USA selon le principe de l’impression sur demande.
Quelle est la région d’Italie qui a votre préférence et pourquoi ?
Z.N : J’ai un faible pour le sud de l’Italie. J’y ai souvent participé à des séminaires et résidences artistiques, dont je parle dans le livre.
Du côté des Pouilles, j’ai découvert un paysage superbe et des habitants si proches de mes compatriotes libanais. Je me sens chez moi au milieu de ces gens si gentils, chaleureux et heureux de vivre.
Et de l’autre côté du talon de la botte, sur la côte amalfitaine, j’ai aussi un morceau de mon cœur. Naples et toutes les belles villes de la « costeria », m’ont donné des souvenirs colorés, joyeux et inoubliables.
B.I : Les deux villes dans lesquelles j’adorerai vivre sont Florence et Naples avec une mention spéciale pour cette dernière qui ressemble tellement à Beyrouth et où j’ai une famille de cœur qui y vit.
Vous lancez vos deux ouvrages dans un Liban qui implose. Quel message d’espoir apportez-vous aux Libanais ?
Z.N : C’est en effet un défi malgré tout ce qui arrive, de vouloir lancer un nouvel ouvrage et de s’accrocher à l’art. Mais je crois que notre Liban a besoin de rêve et nous essayons d’offrir un moment lumineux et plein d’évasion pour sortir du marasme ambiant. C’est un message d’espoir. C’est le triomphe de la culture ! J’y crois.
B.I : Nous sommes paradoxalement à la fois condamnés au désespoir et à l’espoir. Ce dernier est l’unique antidote à la misère ambiante.
A savoir
Signature le jeudi 17 juin au Kudeta à Badaro à partir de 17h.
Qui sont-elles ? Bélinda Ibrahim - www.belindaibrahim.com Née à Beyrouth, journaliste indépendante, éditrice et auteure d’expression française, elle a à son actif plusieurs ouvrages et collabore avec la presse libanaise francophone. Parmi ses publications aux éditions Noir Blanc Et Caetera : Liban : Conte d’un été meurtrier (2014) ; Ces amours de papier qui prennent l’eau (2015) ; et Last Seen (2018). Zeina Nader - www.zeinanader.com Née à Beyrouth et diplômée en études scéniques, audiovisuelles et cinématographiques, Zeina a toujours été éprise de l’art sous toutes ses formes. Après en avoir touché différentes facettes, elle trouve son bonheur grâce à la plume et au pinceau. Sa peinture, qui a été exposée dans divers musées et galeries au Liban et à l’étranger, a été couronnée par plusieurs distinctions internationales. Ses ouvrages Mots sur Couleurs et Non je ne suis pas une blogueuse ont été publiés en 2016 et 2018 et signés aux Salons du livre francophone de Beyrouth et de Paris. |
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