Le changement est une constante.
Je suis artiste indépendante, Franco-Libanaise, vivant au Liban depuis 2017. Mais ça n’a pas toujours été le cas et qui sait où je serai dans le futur. Car le changement, c’est mon expérience.
Et c’est le message que je vous livre.
J’étais avocat à Paris, j’ai appris le chinois mandarin pour aider mes clients mais aussi par curiosité. Ce fut une véritable passion. Appuyée par un professeur exigeant et qui croyait en moi, j’ai passé différents tests HSK (test de langue), ai été invitée en Chine par le gouvernement chinois en 2012. Ce fut une révélation.
À mon retour, il n’y avait plus de doute et aucune autre voie possible : il fallait que je vive en Chine. J’ai laissé ma robe d’avocat, je suis redevenue étudiante en gestion de projets humanitaires, et j’ai travaillé avec acharnement cette langue. Je voulais travailler pour le droit à l’éducation en Chine. Après une recherche, je suis tombée sur une association française « Couleurs de Chine » qui opère uniquement dans une région montagneuse et reculée du sud de la Chine auprès des minorités ethniques chinoises (une association avec une histoire hors du commun qui mérite un article). J’ai été embauchée et j’ai vécu pendant quatre ans dans les montagnes et les rizières du Guangxi où, à l’époque, la première ville était à six heures de route (les choses ont bien changé avec l’arrivée du train).
Je suis revenue en France en 2017. J’avais besoin d’un break. Libanaise de l’étranger, je connaissais le Liban lors de vacances d’été mais je n’y avait jamais vécu. Je me suis posée une question : si je devais mourir maintenant quel serait mon regret ? La réponse : ne jamais avoir connu mon pays.
L’été 2017 je suis revenue au Liban, au début c’était pour prendre un cours de libanais à l’USJ, puis j’ai regardé les offres d’emploi et j’ai trouvé une offre quasiment équivalente à ce que je faisais. J’ai été embauchée en tant que chef de projet de centres d’éducation et PSS (soutien psychosocial) pour les enfants vulnérables libanais et réfugiés. J’ai connu les camps de réfugiés, les écoles publiques libanaises et le travail de qualité des professionnels de l’éducation. Chaque soir, je rentrais et je faisais mon second métier ; l’écriture. Une vocation que j’ai depuis toujours. Mais à l’époque j’avais peur de tout quitter pour m’y consacrer, alors j’attendais… quoi ? J’attendais et je devenais démotivée, car je ne voyais plus de défi dans ce que je faisais, plus de passion. L’écriture était tout pour moi. Je commençais à m’ennuyer, à perdre mon temps… pour un salaire avec le stress, les horaires imposés, le même chemin tous les matins et les soirs sur les routes libanaises. Puis la révolution, puis l’explosion… et ma décision : je pars. C’était en avril 2021.
J’ai quitté ce métier et la « sécurité » d’un salaire, pour cette fois-ci répondre à mon souhait vital : écrire.
Je suis depuis 2021 écrivain et créatrice visuelle indépendante. J’ai autoédité deux romans, un récit poétique est édité en ce moment par la maison d’édition française Hello et une de mes nouvelles de science-fiction va paraître dans le recueil 2024 d’une autre maison. Mes créations visuelles figurent dans différents collectifs pour artistes émergents.
J’avance petit à petit avec l’envie de poursuivre, de me dépasser.
On pourrait se demander : pourquoi quitter un métier pour créer ? Car certains considèrent que la création est un passe-temps… ou encore, on ne comprend pas où elle va, ce qu’elle fait ? Et… comment gagne-t-elle sa vie ?
Je répondrai : écrire est un métier, peindre est un métier, l’Art est un métier. Je répondrai : je suis humaine, je vis ma vie comme le miracle qu’elle est, au rythme de la découverte de qui je suis.
Car nous ne sommes pas des êtres définis, arrêtés dans le temps par une voie qu’on épouse comme une identité à vie alors que nos cœurs se perdent, qu’on ne les entend même plus. Et la vie n’est pas à « gagner », elle est notre leg de naissance.
Financièrement, j’ai mis de côté une partie de mon salaire de mon ancien job pour pouvoir tenir, j’ai aussi quitté mon appartement et vis avec ma famille pour éviter trop de dépenses. Je corrige les manuscrits et conseille à l’autoédition, je vends des tableaux. Je tiens aussi parce que ma famille est solidaire, parce que je fais très peu de dépenses et parce que je sais. Je sais que ma réussite vient de ma passion de ce que je vis, de mon évolution, de ma prise de risque, du courage renouvelé.
Le reste, viendra. Car l’Univers fait bien les choses.
Voici mon message, à travers mon expérience. Je m’adresse à tous ceux qui ont dans le cœur la rage de vivre pleinement : Libérez-vous des modèles de pensée, n’ayez peur de rien. L’eau quand elle rencontre un barrage, s’adapte et le contourne. C’est la souplesse de vivre en prenant les risques nécessaires, quitte à échouer, au moins ne pas regretter.
S’émanciper du regard des autres, de votre propre jugement sur vous-mêmes. Connaissez-vous, allez à votre propre recherche. Car cette vie, c’est l’expérience de soi avant tout, de votre potentiel infini.
Ayez la curiosité et le respect des rêves de chacun, à commencer par le vôtre. Des rêves qui peuvent changer avec le temps. Et pourquoi pas ? Ne sommes-nous pas en vie pour explorer notre potentiel humain ?
Si vous avez envie d’écrire un livre, lancez-vous ! Si vous voulez le voir publier mais aucune maison d’édition ne vous répond, publiez-le ! J’ai moi-même autoédité deux romans pour lesquels je n’avais trouvé aucune maison d’édition. Soyez confiants et patients, vous trouverez vos lecteurs.
Dans le chaos qu’on nous présente, les injustices dont nous sommes témoins, je nous souhaite de nous tenir forts, positifs et confiants. Car, à mon avis, le peureux ouvre la voie au courageux.
Vive la Liberté ! Vive la création !
A savoir
Pour en savoir plus, cliquez ici (je propose aussi la correction de manuscrits et l’aide à l’édition)
Mes livres et créations visuelles : ici
Instagram : @nora_lbs
Enfin, « Astar », récit poétique surréaliste vient de sortir en prévente chez Hello éditions. Il est possible de l’acheter sur leur site.
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