Depuis le 7 octobre, la Galerie Kaf située à Achrafieh accueille l'exposition « Vagabonde » de l’artiste-peintre libanaise, Irène Ghanem. Une trentaine de toiles sont exposées, traçant l’itinéraire mémoriel de l’artiste composé de voyages et de ses ressentis. Être vagabonde pour Irène ? C’est la fusion du voyage physique et intérieur, c’est un voyage au bout de soi. Ses toiles se mutent en réceptacle, ses souvenirs les pigmentent avec vivacité.
Née à Beyrouth, Irène Ghanem débute son parcours artistique à l’Académie des Beaux-arts du Liban en 1988. À l’âge de 20 ans elle se rend à Paris et étudie durant trois ans à l'Académie de la Grande Chaumière pour finalement se rendre à Los Angeles en 1995. Son goût du voyage ne tarie pas : elle se prélasse au café des délices à Sidi Bou Saïd en Tunisie, se délecte des quais colorés du port de Nyhavn à Copenhague comme le met en exergue ses œuvres.
Oscillant entre peinture figurative et abstraite, Irène Ghanem fait don de son regard et de ses sens. Après un voyage, elle témoigne se sentir “pleine” et “apte à peindre”. Son processus pictural est multi sensoriel : l'ouïe et la vue lui servent d’outil pour composer. Elle admet que le public rentre plus facilement en connivence avec les œuvres figuratives, à l’instar de paysages car les traits représentants le réel sont davantage intelligibles pour l'œil. Pour autant, l’abstraction fait émerger un autre type de réel car les couleurs et les formes permettent de saisir l’essence. Comme le mentionne Irène, “le spectateur fait vivre l'œuvre", une relation intime émerge entre la toile et son spectateur.
Pour Irène, la peinture est également un processus cathartique à travers lequel les mouvements de son pinceau sont un exutoire. Dans son œuvre, Le cœur et le pinceau, elle assimile son pinceau à une arme ; la tête du peintre et sa toile fusionnent pour ne faire qu’un.
À travers sa peinture Mon Waterloo inspirée par la musique d’ABBA dont elle m’offre quelques joyeuses notes lors de l’entretien, se dégage une violence sublimée, “c’est une bataille pour exister" me dit-elle.
Son rapport au spirituel est traité dans l'œuvre tryptique Ma prière qu’elle confie avoir détruit à trois reprises avant d’arriver à la version finale. Sa spiritualité est un humanisme, celle-ci se détache de toute appartenance religieuse.
Les œuvres d’Irène Ghanem sont souvent apparentées au courant expressionniste ou encore au fauvisme, un effort de catégorisation qu’elle réfute. Elle n’écarte pas le fait d’être influencée par Henri Matisse ou Jean-Baptiste Basquiat mais refuse d’être placée dans un héritage artistique. Comme elle l’exprime simplement : “Je suis Irène... je veux être libre”.
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