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Le chant de la sixième saison de Gérard Bejjani

05/02/2024

Pourquoi ce titre ‘Chant de la sixième saison’ ?

La première question qui nous vient à l’esprit concerne le titre, mais pour ce recueil – et sans doute pour les recueils qui vont suivre – le titre s’impose de lui-même. D’abord parce que le mot « chant » renvoie à une tradition poétique millénaire, depuis les aèdes chez les Grecs, puis les trouvères et les troubadours au Moyen Âge. Ensuite parce que j’ai déjà écrit quatre recueils consacrés aux quatre saisons, Écumes (été), Brumes (automne), Glaces (hiver), Pousses (printemps). J’ai inventé la cinquième saison, celle où tout serait possible dans mon dernier recueil, Chant des cinq saisons. Il s’agit donc d’une suite ou d’une série, qui devra continuer tant que j’aurai envie d’écrire.

 

Alors, justement d’où vous vient cette envie d’écrire de la poésie ?

Elle me vient à chaque fois que j’ai des émotions fortes que je n’arrive pas à contenir. Cela m’arrive surtout quand je suis devant la mer ou au milieu de la nature, avec le sentiment que quelque chose de grand et d’immuable se trouve devant moi et l’envie de le saisir, de capter ce moment très court et en même temps infini est immédiate. Alors les mots sortent d’eux-mêmes, le début, le premier vers advient et ainsi de suite. Si j’ai un papier et un crayon, je me sens plus à l’aise. Sinon, j’écris sur ce que je trouve à ma portée, une serviette de table, un morceau de journal, et au pire ou en dernier recours, sur mon portable.

 

Mais ce recueil est aussi inspiré d’une histoire d’amour ?

Oui, une ou plusieurs histoires d’amour. Là encore, il s’agit d’une émotion forte, surtout l’amour naissant. Mon cœur s’était un peu refroidi au cours des dernières années, puis il y eut une rencontre amoureuse qui lui a redonné une nouvelle jeunesse. L’entrain est revenu, une sorte d’enchantement qui a commencé en Égypte, sauf que la ferveur retombe aussitôt, les déceptions, la blessure, les chutes, vous connaissez la chanson, il n’y a pas d’amour heureux. Et il a fallu exsuder toutes ces émotions, les exorciser quand elles étaient intenables, alors j’ai écrit. Tantôt dans la joie et l’extase, tantôt dans la douleur.

 

Vous dites que ça a commencé en Égypte, mais il y a quatre continents dans le recueil ?

Le déclic, c’était une rencontre inouïe au Caire, en effet. J’en fais mon premier poème. Puis cela s’est déplacé au cours de mes voyages... parce que je suis un grand voyageur. J’ai été en Italie, en Suisse, en France, dans des archipels, mais aussi jusqu’en Alaska. Le sentiment amoureux a continué à distance, il s’est mêlé à d’autres histoires, d’autres rencontres. J’ai projeté mon état d’âme sur des paysages très différents, les glaciers en Amérique du Nord, les villes européennes, les villages, les îles éoliennes, puis des lieux plus familiers du Liban.

 

Vos poèmes ont été traduits en arabe par Leila Nassif : pourquoi avoir voulu les traduire ?

Pour deux raisons : la première par fidélité à l’Égypte qui m’a inspiré ce recueil, écrit en langue française pour un dédicataire qui n’est pas francophone ! Il fallait donc que la personne concernée pût lire ces textes dans sa langue maternelle. La deuxième par amitié pour Leila Nassif, qui est l’une des personnes les plus admirables que je connaisse. Leila assiste à mon cours de littérature à l’Université Pour Tous, et ses interventions sont toujours exceptionnelles : elle est capable de vous réciter de mémoire des poèmes entiers en langue arabe. Naturellement. Alors je me suis dit que ce serait une chance inespérée de lui confier mes textes. Je pense même que certains sont plus beaux en arabe qu’en français. Voici pourquoi Leila et moi ferons une lecture à deux voix lors de la signature le 13 février.

 

Des dessins et des couleurs accompagnent vos textes : comment les avez-vous choisis ?

J’ai confié le design à un ami égyptien, Amr Shérif, qui ne lit pas le français. La traduction de Leila lui a donc été très utile. Nous nous sommes assis ensemble pendant une après-midi et je lui ai résumé l’idée inspiratrice de chaque poème. Cela lui a suffi pour créer des icônes ou des mascottes souvent très adéquates, sans jamais paraphraser le contenu. Il est très doué et nous avons tous les deux le même souci du minimalisme et de la sobriété. Le résultat est un beau livre, j’espère qu’il plaira aux lecteurs.

 

Pourquoi avez-vous choisi de vous faire éditer cette fois-ci au Liban, chez Artliban Calima plus particulièrement ?

J’ai choisi d’éditer le livre au Liban pour trois raisons : d’abord parce que je crois que la francophonie doit le mieux rayonner à travers ses acteurs et défenseurs en dehors de l’Hexagone, dans tous les pays où elle continue à s’exprimer, en l’occurrence le Liban ; ensuite parce qu’il était important que les poèmes soient traduits dans notre langue maternelle, grâce au travail admirable de Leila Nassif et enfin parce que j’ai beaucoup d’admiration pour Artliban Calima qui, dans la conjoncture difficile du Moyen-Orient et les circonstances économiques les plus défavorables, continue à œuvrer pour que le mot et la plume aient leur place d’honneur dans la région car un pays sans poésie, sans livre et sans violon est un pays perdu.

 

 

Gérard Bejjani est Professeur-Chercheur de littérature à l’Université Saint-Joseph, titulaire de la Chaire Senghor de la francophonie de Beyrouth. Critique, romancier et poète.

 

Le mardi 13 février 2024, Gérard Bejjani signe son recueil de poèmes Chant de la sixième saison, paru aux Éditions Artliban Calima, à l’Université Pour Tous. 

 

Programme : 

  • 19h Accueil à l’UPT
  • 19h30 Mot de Nidal Haddad
  • Lecture à deux voix : Gérard Bejjani et Leila Nassif
  • 20h Signature
  • 20h30 Célébration poétique

 

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