La journaliste et biographe Randa Sadaka raconte la vie de Fouad Tomb et met en relief la dimension cosmopolite d’un artiste exposant de l’Amérique du Nord, au Maghreb en passant par le Proche-Orient et la Péninsule Arabique.
L’ouvrage se présente sous le format « Beau-livre ». Il dissèque la personnalité d’un artiste aux solides bases académiques. Tomb est diplômé en dessin et peinture de l’Université du Québec à Montréal. Il suit par ailleurs d’importants séminaires dans les techniques des grands maîtres ainsi et de multiples ateliers de dialogue et mise en pratique avec des confrères au Canada et aux États-Unis.
Au cœur de l’étude non exhaustive de l’œuvre étudiée, le lecteur trouvera des paysages impressionnistes lumineux. Les scènes de vie présentent un Liban nostalgique. L’impressionnant bestiaire croque d’élégants chevaux ; l’univers équestre fascine le peintre qui met un point d’honneur à traduire l’éclat à travers des postures vives, gaies, fières. Le portraitiste immortalise des personnages particulièrement expressifs. Sous son talentueux trait, les natures deviennent de poétiques «natures vivantes». La couleur soutient systématiquement les compositions. La puissante palette chromatique jongle entre la luminosité et l’intensité, cela est d’autant plus vrai en ce qui concerne les toiles oniriques abstraites…
L’aquarelle sublimée par Maroun est dignement reprise par Fouad. Ce dernier se distingue toutefois (aussi) par son traitement de l’huile, procédé raffiné et exigeant exclusivement manié sur du lin, support qu’affectionne spécialement le plasticien. La gouache, l’acrylique ou le fusain ont également une place spéciale dans sa production, tout comme le quartz sec, enduit granulé donnant de la profondeur à la matière sans l’alourdir pour autant.
Les nombreux séjours et exils de l’homme rendent le pays du Cèdre plus que jamais présent dans son cœur. Il le sert de différentes manières. Enseigner constitue en effetle second pôle d’activité de Fouad Tomb. Cofondateur de l’école «Arts et Renaissance» avec son épouse May Ziadé, le couple a formé des milliers artistes au Liban et dans le monde depuis plus de vingt-cinq ans.
Au sein de l’établissement, l’initiation aux Beaux-arts consiste à manier le dessin, se familiariser aux tons, dompter les couleurs, aborder la reproduction des grands maîtres, composer d’après un modèle vivant ou d’après une scène en pleine nature.
Fouad et May Tomb honorent la mémoire de Maroun, peintre palestinien d’origine libanaise, dont l’impact sur la scène régionale a été considérable. Forte de ce legs développé avec finesse, la fille ainée du couple, Joëlle Tomb, initie et préside la fondation «Fouad et May Tomb» depuis 2019. L’organisme entend valoriser le patrimoine familial artistique et éducatif en devenant un interlocuteur majeur.
L’institution produira une exposition dévoilant le dialogue pictural entre Maroun Tomb et son fils Fouad à l’automne 2022 à Dar El Nimer. Le commissariat de Randa Sadaka proposera en plus de l’accrochage un programme de conférences réunissant d’importantes figures de la scène culturelle offrant une nouvelle expérience esthétique en rupture avec le monde quotidien.
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