« Un grand jardin qui retient son ciel dans ses branches ». Vaporeux et onirique, le titre de l’exposition de Rima Amyuni transporte le public dans un au-delà poétique. Prendre de la hauteur, une nécessité lorsque l’on franchit les portes de la galerie située à Starco. Jusqu’au 11 février, les toiles de l’artiste habillent les murs. Le regard attentif du public participe à la floraison engendrée par l’artiste tout en galvanisant les couleurs apposées sur la toile. L’expressionnisme et le fauvisme sont souvent évoqués afin de lire les peintures de Rima, toutefois, cette proximité visuelle ne doit pas omettre la singularité d’un processus pictural, témoignage des pérégrinations de l’artiste aux confins de ses émotions.
Née en 1954 au Liban, Rima Amyuni étudie les arts à Londres puis à New-York avant de revenir dans son pays natal. L’artiste reçoit le premier prix de peinture au musée Sursock en 1995. La dualité de l’existence s’exprime par plusieurs procédés. La joie comme la tristesse font partie intégrante de ces toiles. La tristesse s’illustre par une accumulation de couches de peinture, une épaisseur gage d’un poids émotionnel. La joie, quant à elle, s’illustre par la vivacité des tons à l’instar du fuchsia qu’affectionne l’artiste. Ce traitement de la dualité fait transparaître une pureté frôlant une certaine innocence, masquant de prime abord la maturité du coup de pinceau. Cette maturité s’enracine par une sublimation permanente des émotions à travers les couleurs et les formes. Comme l’évoque Dominique Eddé « Rima a le courage rare et nu d'afficher sa faiblesse et sa force en même temps, au même endroit ».
Des paysages, des maisons, des autoportraits, des fleurs ; de multiples représentations à travers lesquelles se décline sous plusieurs visages l’âme de Rima. L’utilisation de la peinture à l’huile est à l’origine d’une intensité et d’une épaisseur permettant de donner corps à l’œuvre, la toile fait partie des vivants, on y séjourne en un regard.
Les fleurs sont fréquentes, notamment les cyclamens que Rima affectionne depuis petite, lui rappelant son enfance. Le sentier des réminiscences est un parcours sacré, faisant de ces fleurs un symbole commun de l’enfance libanaise. Déchiffrer ces sacres ne relève pas du mystère, le public s’approprie les représentations de Rima. S’érige une mémoire que le visiteur contribue à faire perdurer tout en créant par sa subjectivité une nouvelle histoire.
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