Fantine Samaha, de mère française et de père libanais, s’intéresse très tôt à la musique et aux mots. Son avenir en tant qu’autrice, compositrice et chanteuse est tout tracé. C’est cependant un premier dessin qui lui ouvre soudain la voie vers une autre destinée artistique. Fantine Samaha dessine et peint depuis 2013 son monde onirique où l’animal et l’être humain se trouvent et se retrouvent en parfaite symbiose. Ayant expérimenté plusieurs techniques à travers les différents thèmes élaborés et acquis par ailleurs une certaine maîtrise, elle s’adonne à son œuvre réaliste.
 

Artiste autodidacte et inventive, elle rêve son art à travers le noir qui en capte toutes les tonalités lumineuses. Elle en fait un fond qui diffuse le spectre total des couleurs et éclaire ses dessins ciselés avec minutie, comme de la dentelle. Elle trouve son bonheur dans cette expression personnelle de l’art qui diffuse ses idées et ses émotions. Son amour inconditionnel pour les animaux en fait un de ses sujets favoris. Dans une recherche approfondie du détail, elle maîtrise la technique réaliste où l’on reconnaît facilement ses sujets, représentés dans d’élégantes postures sensuelles. Quant à ses dessins, ils reflètent sa personnalité, provoquant un effet suspendu dans le temps et l’espace.

Dans cette exposition, organisée par Muriel Asmar à la Bibliothèque nationale, Fantine Samaha élabore notamment le thème de l’animal en osmose avec l’être humain. Idylle, le titre, est une projection personnelle de l’artiste dans un monde idéalisé où l’homme ne fait plus qu’un avec l’animal. Il s’agit d’une posture, d’une attitude, d’un mouvement ou d’une émotion en fusion. Il suffit parfois de la communion par le regard entre les deux sujets pour que la toile parle et touche l’observateur.
 

Par son style réaliste, l’artiste fait pénétrer les spectateurs au cœur même de ses toiles. On découvre un dialogue imaginaire et fantastique entre le lion et la femme, ou alors la suspension d’un instant entre le poisson et l’humain. Les duos évoluent et suscitent la curiosité. Le personnage capte tantôt l’attention, tandis que l’animal accapare parfois les regards. Il s’agit certes de peinture réaliste: le thème mis en œuvre et la manière de l’élucider se font à travers les yeux d’une artiste qui rêve d’un monde meilleur. C’est un pinceau qui travaille le menu détail d’une blouse en mousseline transparente, mettant en valeur le regard perçant d’un hibou, ou celui d’une chevelure dans le vent qui communique avec la crinière d’un lion, ou même du profil dur d’un personnage aux cheveux rasés qui épouse si bien la petitesse et la fragilité d’un oiseau posé sur une épaule nue.

Tous ces détails, méticuleusement peints avec un réalisme délicat et patient, sont le fruit de l’imagination d’une artiste qui vogue sur un nuage très éloigné des réalités de la vie. Elle transmet un message d’amour entre les créatures, et le fait avec style et passion.

On se déplace, de toile en toile, dans ce lieu si riche en histoires et en contes. On lit des fables féeriques qui se diluent dans la fourrure d’un chat ou la peau nue d’une femme. Puis, le regard descend d’un étage pour se fondre dans les étagères de livres remplis de mots et d’illusions qui gisent inertes dans cette bibliothèque. Fantine Samaha explore le détail et la beauté, elle cisèle l’instant et capte l’attention en peignant cette magnifique idylle, qui se meut, sereine et sauvage, entre l’homme et l’animal.
 

Une émotion particulière émane de ses toiles aux grands formats, à voir et ressentir à la Bibliothèque nationale du Liban, à Beyrouth.

Par Zeina Nader

Cet article a été originalement publié sur le site Ici Beyrouth