Recommandé par un ami qui, une fois n’est pas coutume, me conseilla vivement de lire ce roman qui rend fou, je ne peux que le partager avec vous, tant il est puissant et prenant.
Quand l’injustice, la violence, le cynisme se réunissent sous la bannière de la science… cela ne peut laisser indifférent.
Un roman qui s’appuie sur des faits réels qui se produisaient dans le fameux hôpital de la Salpêtrière où professait le non moins célèbre chantre de la neurologie : Jean-Martin Charcot, bonze au 19ème siècle de la psychiatrie. Cet homme qu’on qualifiait de dur, croyait ferme que des traitements chocs pouvaient guérir les femmes de leur hystérie, à savoir les blessures de l’âme que les prostituées, femmes battues, violées, traumatisées vivaient et que les hommes de leur entourage mettaient sur le compte d’un déséquilibre mental.
C’est ainsi qu’Eugénie qui rentrait en contact avec les esprits fut traînée, par son père, assisté de son frère, dans l’antre de ce qui était destiné à ses débuts, au 17ème siècle, à emprisonner les mendiants, puis qui fut transformé par la suite en hospice où ces pauvres créatures subissaient des « traitements » des plus atroces : chocs électriques, bains glacés, flagellation, etc.
Intéressée par l’histoire de ce bâtiment du XIIIème arrondissement, la jeune Victoria Mas monte une énigme qui trouve son apogée lors d’une activité, prétendument bénéfique, mais en fait indigne des femmes internées. Pour les occuper et les sortir de leur état neurasthénique (entretenu à coups de pilules et de piqûres), elles étaient sensées se préparer pendant des mois à un bal masqué qui, en fait, était destiné à amuser tout le gratin parisien, invité chaque année, plus précisément le mardi gras, à rigoler et à « toucher de près » celles qui faisaient office de bêtes de cirque.
Pour un premier roman, ce fut un coup de maître puisque « Le bal des folles » remporta le Prix Renaudot des lycéens (2019). A 31 ans, la fille de la chanteuse Jeanne Mas démontre un talent avéré. Elle arrive à décrire puissamment l’ambiance de cet abominable asile où des femmes sont emprisonnées à vie, leur complicité (ou leur duplicité à l’occasion), l’espoir fou de vouloir en échapper, le désespoir courageux, l’atrocité du machisme ignorant, l’amour, jamais trop loin, et la compassion pour une héroïne « allumée » qui nous rentre dans la peau. Le tout avec un style qui vous prend à la gorge et ne vous lâche qu’au bout de 250 pages.
C’est à quoi il faut s’attendre dans ce livre porté un an plus tard à l’écran par Mélanie Laurent, sous le titre éponyme, produit par Amazone Prime Video (premier film francophone de la plateforme) qu’on peut visionner depuis septembre 2021.
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