Lecture 32 : De l’âme sœur à Tinder. Et si les réseaux sociaux nous empêchaient d’aimer ?
29/11/2022|Gisèle Kayata Eid
Un livre différent. Une apologie de l’amour au temps du numérique et des algorithmes qui s’appuie sur des films et des œuvres littéraires pour avancer dans son développement.
La normalienne, agrégée de philosophie a un parcours diversifié : elle alterne les romans intimistes, les grands romans historiques et les essais. Et c’est avec cette même approche que l’auteure d’« Instagrammable » (Premier titre de notre chronique) aborde le sujet brûlant de ce qui reste de nos amours en 2022.
À l’heure où « les scientifiques inventent une nouvelle doxa… (régi) par le Big data qui réduit le comportement, les performances et le potentiel des êtres humains à des chiffres » qu’est devenu l’amour considéré jadis comme un absolu, un idéal à l’heure du grand marché des sentiments orchestrés par le net désenchanteur ?
Un livre fouillé qu’attestent l’importante bibliographie, les œuvres citées et la liste des noms propres qui s’égrènent dans cet essai original dans lequel on relèvera beaucoup de réflexions intéressantes : « Entre la perte des repères et des valeurs et un besoin forcené de s’évader de ce monde angoissant… tout ressemble à un jeu ».La plus grande histoire d’amour de nos vies : notre portable. C’est de lui que nous sommes devenus dépendants, passionnément… L’amour se cristallise sur cet objet de transition, et se virtualise. C’est d’ailleurs lui qui reste après une rupture amoureuse ». Ou encore « Quel peut être l’avenir de l’amour dans ce monde de transhumanisme ? Dans cet univers sans spiritualité, sans symbolique, sans histoire, sans valeurs, sans conscience, sans croyances, quelle place pour le sentiment amoureux ? ». « La question de l’adultère… est celle d’un conflit de valeurs entre…le désir de ne pas faire souffrir l’autre et celui de ne pas renoncer à soi. N’être fidèle qu’à soi, qu’au soi technologique et numérique, ce soi créé par la petite pomme d’Apple : la tentation est forte, face à l’errance amoureuse propre à notre époque. »
Mais on ne s’y trompera pas. Le raisonnement d’Eliette Abécassis s’achemine vers l’apologie de l’amour qui « est plus qu’une story… Il est l’histoire par excellence. Une légende que l’on se raconte pour rendre la vie plus belle, plus riche, plus forte, pour lui donner un sens. Pour exister, pour exalter, pour exulter…. Il y a une éternité de l’amour qui est là en nous et qui peut s’épanouir au premier regard… »
Des mots qui font du bien comme l’attestent les 100 films, pièces de théâtre, séries, chansons et livres que l’auteure prend comme exemples pour illustrer ses propos très personnalisés dans ce livre de 150 pages.
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