Le 16 mai 2022 s’est tenu le vernissage de l'exposition Return to Childhood, de l’artiste Avetis Khachatrian. Regroupant une série d’huiles sur toile, l’exposition se tient au cœur de Zaytuna Bay, dans la nouvelle antenne d’Aramé Art Gallery : un espace qui soutient depuis plusieurs années un grand nombre de peintres et sculpteurs arméniens tels que Samvel Saghatelian, Tigran Matulian, Gagik Ghazanchian, pour n’en citer que quelques-uns.
Aramé Art Gallery avait accueilli une précédente exposition d’Avetis en 2015, organisée sous le patronage de l'Ambassade de la République d'Arménie au Liban. C’est donc avec une certaine émotion que l’artiste revient sept années plus tard nous dévoiler ses derniers travaux. Entre deux conversations, il a répondu à certaines de nos questions !
Un peintre arménien qui s’exporte à l'international
Né à Erevan, en Arménie, Avetis grandit dans une famille d'artistes et développe très jeune une forte sensibilité artistique. Son père, peintre, sculpteur et musicien, le nourrit de ses connaissances tout en lui transmettant ses nombreux savoir-faire. En âge d’étudier, Avetis s’inscrit à la Faculté de sculpture sur bois de l'École supérieure d'art d'Erevan, dont il sort diplômé en 2000, à l'âge de 21 ans. Il complète ensuite sa formation à la faculté des arts visuels du Panos Terlemezian Arts College, ce qui lui permet de rejoindre l'Union des artistes d'Arménie en 2006.
Il expose principalement dans son pays natal, jusqu’en 2009, date à laquelle il obtient la première place du Winterfest Armenia. Cette reconnaissance précoce sert alors de tremplin à la carrière internationale du jeune artiste qui est invité à exposer dans de nombreux pays étrangers. Dans le cadre d'expositions collectives et individuelles, ses œuvres s’exportent entre le Liban, la Russie, les États-Unis, Malte, l'Italie, le Koweït et l'Autriche.
Ces multiples voyages seront sources d’inspiration pour Avetis. Lors de notre échange sur l'exposition Return to Childhood, il nous confirme que, bien que la plupart des scènes représentées se déroulent en Arménie, elles restent intrinsèquement influencées par ses nombreux déplacements qui ont nourri son inspiration et sa création. Riche de ces influences, sa peinture délivre un message universel, accessible à tous les néophytes de la peinture arménienne.
Une routine créative mélancolique et intuitive
La finalité universelle de l’exposition fait sens car Avetis ne revendique pas une appartenance à un mouvement artistique particulier. De son art peuvent émaner certaines influences liées aux travaux de différents artistes, dont son père, mais ces manifestations restent inconscientes. Il trouve l’inspiration principalement dans sa vie quotidienne, ce qui l’amène à se définir comme un artiste figuratif.
Avetis vit dans un studio qui est également son lieu de travail. Lorsqu'il est seul, il médite pour se remémorer les souvenirs de son enfance en Arménie. Sa création est très cathartique. Par conséquent, il ne pense jamais lorsqu'il crée, il s'agit plutôt d'un processus intuitif. Selon son humeur, il sélectionne une palette de couleurs, et c'est le point de départ de ses œuvres. S'il est triste, il dessine quelque chose à ce sujet. S'il est amoureux, il représente une belle histoire d'amour.
Il arrive souvent que lorsqu'il commence une œuvre, il s'arrête pour en commencer une autre et n'y revienne qu'une ou deux années plus tard. Il lui faut plusieurs étapes pour être pleinement satisfait d'un tableau. Lorsqu'il l'est, c'est le moment symbolique où il peut enfin apposer sa signature.
Des sujets folkloriques aux regards multiples
Portés par une explosion de couleurs vives, les personnages caricaturaux qu'il représente dépeignent de manière typique les expressions usuelles de la vie quotidienne. Que ce soit à vélo, en train de jardiner ou enveloppés lors d’une étreinte amoureuse, ses sujets donnent au public un aperçu de leurs sentiments intimes, de leurs propres désirs et de leurs rêves.
Simultanément, l’artiste admet mêler une part de lui-même à ses personnages, tout en expliquant redonner vie au travers de son œuvre, aux contes de fées de son enfance, d’où le titre de l’exposition. Avetis confie considérer les sujets de ses œuvres comme des membres de sa famille, allant jusqu’à monologuer avec eux lorsqu'ils passent devant la toile. Habitant ses rêves, tels des hôtes privilégiés, leurs absences lui font défaut lorsqu'ils sont inéluctablement vendus.
De son œuvre, forte de sa singularité et de la puissance de ses couleurs, émane une caractéristique commune : le regard. Le regard d’un enfant qui fixe l'artiste, ébloui, surpris, parfois attristé, mais toujours porté par le quotidien des sujets qu’il projette par un processus d'identification et de transfert.
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