L’université AUNHOR reçoit le Prix de la Fondation Chirac 2020
19/01/2021
Lancé en 2009, ce prix est attribué à des personnes et organisations qui travaillent sans relâche pour prévenir les conflits à travers le dialogue, le travail humanitaire, l’éducation et le développement humain. C’est le prix le plus honorable créé par le défunt président Jacques Chirac et qui lui était cher puisque son titre reflète, selon lui, une règle fondamentale dans la vie sociale.
L'Université AUNHOR (Academic University for Non-Violence and Human Rights), a été créée par Ogarit Younan et Walid Slaiby en 2009 et reconnue officiellement en 2014. Leur esprit pionnier et leur action « pour la paix et la non-violence », comme l’indique la décision du Jury, ont été reconnus. Les fondateurs ont dédié ce prix à leurs étudiants.
Lors de sa conversation avec Dr Younan, la présidente de la fondation, Mme Claude Chirac a exprimé une grande reconnaissance d’avoir une telle université dans le monde et a souligné l'importance du prix qui lui est décerné dans de telles circonstances au Liban et dans la région.
Discussion avec Dr Ogarit Younan sur la non-violence au Liban et son application éventuelle au Liban.
Comment décrire le mouvement de non-violence ?
2020 aura été l’année du centenaire de la naissance du terme « non-violence ». Lancé en 1920 parle Mahatma Gandhi, ce mouvement est d’abord un mouvement de lutte et de résistance. Le non, dans non-violence est un acte, un positionnement, un refus des inégalités et injustices.
La non-violence n’est pas un mouvement passif, bien au contraire, c’est l’esprit d’une lutte active qui demande tout d’abord que ses partisans assument leur responsabilité dans le conflit en cours et qu’ils fassent preuve de persévérance sur le long terme. Cette lutte demande préparation et stratégie tout comme l’art stratégique d’une ‘guerre’ traditionnelle. Il faut connaitre ses buts, être créatif et planificateur sur toute la durée de la lutte.
La marche du sel de Gandhi ou la lutte des Noirs aux États-Unis en sont des exemples, parmi des milliers tout au long de l’histoire humaine, dans toutes les sociétés et quelques soient les régimes politiques et les violences endurées.
Quels sont les fondements de cette NON-VIOLENCE ?
Pour simplifier, ses fondements sont au nombre de quatre :
1 – Assumer un choix personnel de NE PAS être violent
2 – Assumer une responsabilité personnelle de NE PAS accepter d’être soi-même victime de violence
3 –Admettre que les fins et les moyens soient toujours ‘un’ à l’image de l’arbre et ses racines
4 – En delà du pacifisme, la non-violence est plus radicale, c’est un Refus et une Lutte à la fois.
Comment ce mouvement peut-il aider les Libanais à trouver une issue à la crise existentielle par laquelle ils passent ?
Nous avons besoin d’un groupe bien organisé, imprégné de ce ‘désir’ de révolution « thawra », déclarant une non-violence radicale, et ne retournant sur le terrain qu’après avoir défini une stratégie en collaboration avec des stratèges expérimentés dans la lutte non- violente. L’étape cruciale ne pourrait être que par l’identification d’une idée alternative concrète, d’une première grande ‘victoire’ à atteindre. Et cela nécessite un gros travail de préparation ; il faut avoir le souffle long, une persévérance dans la révolte et savoir être patient, jour après jour.
Or, jusqu’à aujourd’hui, cette alternative n’a pas encore vu le jour. On ne peut pas juste dire que l’on veut transformer le système ou se débarrasser de toute la classe politique, bien qu’il le faille absolument, mais certainement suivre une autre stratégie. Il faut donc trouver la « petite » idée hors commun qui sera le levier permettant par la suite d’atteindre tous nos buts comme une boule de neige...
Ecouter un podcast dans lequel elle revient sur ce mouvement. :
Podcast : « Rencontre avec une héroïne des temps modernes… »
Lire aussi 'Rencontre avec Ogarit Younan' pour plus de détails sut leur université
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