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«NFT, Il faut prendre le train en marche »

10/02/2022|Léa Samara

Pouvez-vous nous décrire votre projet ?

Je suis normalement basée au Liban, mais depuis quelques mois je suis aussi entre l’Arabie Saoudite, à Riyadh, où j’ai un petit atelier, et la France. J’ai posté une trentaine de toiles, grand format, sur la plateforme OpenSea, afin de les vendre en tant que NFT. Ce sont des peintures à l’huile, dont une partie a vocation à être vendue en physique également. L’autre partie a été conçue dans le cadre de ce projet et restera uniquement en NFT. 

Même si je ne suis plus sur place, le Liban ne me quitte jamais, je me sens toujours extrêmement concernée par la situation et j’ai mal au cœur. C’est pourquoi j’ai décidé qu’une partie des bénéfices de la vente, en proportion de chaque toile, irait à l’association Against Hunger, avec qui je travaille très régulièrement depuis le 4 août. Cette association supporte le Liban en partant du terrain, en évaluant les besoins diversifiés, comme des bonbonnes d’oxygène pendant la pandémie, et agit grâce à des dons. 

 

Qu’est-ce qui vous a décidé à vendre votre art en NFT ?

C’est mon fils, qui a une maitrise en finance, et qui s’intéresse beaucoup aux thématiques qui entourent les crypto monnaies qui m’a donné l’idée des NFT. Dans un pays où l’argent physique est une source de tensions et de problèmes incommensurable, c’est selon lui une perche que je devais absolument saisir. 

 

Quel a été le processus d’organisation ? Pourquoi avez-vous choisi la plateforme Opensea ?

Tout d’abord, j’ai fixé un prix pour chaque toile en dollars. Ensuite, accompagnés par la plateforme, nous avons pu déterminer son équivalence en crypto monnaie, en l’occurrence en Ethereum. Pour des toiles entre 500 et 2500 dollars, cela fait donc entre 0,2 et 1 Ethereum, au prix du marché actuel. 

 

La plateforme Opensea est la plus reconnue pour la vente de NFT. N’importe qui peut acheter mes toiles, à n’importe quel moment. Opensea permet un processus de vente-achat en one of one, c’est-à-dire sans aucune manipulation d’un tiers, et tout cela de manière complètement cryptée et traçable. Je sais que cette plateforme peut être considérée comme « fourre-tout », dans le sens où on ne trouve pas exclusivement de l’art physique minté, mais aussi de l’art digital, des GIF, et des jpeg de toute sorte. Néanmoins, pour cette première expérience, ma priorité était d’atteindre le public le plus large possible. 

 

Depuis votre position d’artiste, est ce qu’il y a des inconvénients à vendre votre art en NFT, comme le fait que celui-ci soit réduit à la 2D ?

Je travaille beaucoup au couteau, à la truelle, et autres outils, donc un des aspects les plus intéressants de mon travail est justement son relief, sa texture. Je choisis des toiles italiennes de 4 à 5 cm d’épaisseur et des matières premières de qualité. Habituellement, mes clients et mes amis me confient adorer toucher mes toiles. Dans ce cas, mon expression artistique est réduite aux couleurs et aux formes. Mais on ne peut pas tout avoir. Je veux être en phase avec mon temps. 

Parallèlement à cela, je pense être à l’aise avec le fait que mon travail puisse aussi être apprécié comme un ensemble de pixels sur un écran. 

 

Et les avantages ? 

Il y en a deux principaux selon moi, et ils ne sont pas négligeables ! Ce que j’aime le plus avec les NFT, c’est leur traçabilité. Lorsque je vends une toile à une connaissance ou à un ami, j’ai une vague idée d’où se trouve la toile, du cadre dans lequel elle est, de qui la regarde. Mais quand je vends à des inconnus, souvent étrangers, je perds définitivement toute trace de ma toile. Grâce à la technologue blockchain, chaque transaction de NFT est visible sur la plateforme ou celui-ci est vendu, en toute transparence. Je me dis que c’est une manière de garder un certain lien avec mon travail, et cela me rend joyeuse.

 

Deuxièmement, même si c’est toujours mon fils qui gère les technicités, je me rends bien compte que vendre son travail en NFT allège considérablement la logistique. En effet, pas de stockage, pas d’exposition, pas de livraison, pas d’entretien. 

 

En Arabie Saoudite, les NFT ne sont pas encore tout à fait là. Mais ils auront déjà une place d’honneur à Art Dubai 2022. Votre prévision pour le futur au Liban ? 

Je pense que je n’ai pas encore les cartes en main pour pouvoir avoir une vision claire de ce qui va se passer dans le secteur du marché de l’art, mais je vois que ces technologies arrivent à grande vitesse. Je suis allée voir une exposition de cartoons à Lille, ce n’étaient que des NFT, sur des écrans ! C’est là que je me suis également posé la question de la visualisation des NFT en post-achat, avec des écrans, des projecteurs…

 

Au Liban, nous connaissons une crise que l’histoire n’a jamais connu. La population se préoccupe de ce qu’elle va pouvoir manger, donc je comprends très bien que l’art ne soit pas une priorité, ne soit au-devant de la scène. Mais dès que le Liban sera dans une meilleure situation, ce secteur va exploser. Il faut prendre le train en marche.

 

Essayons de changer de perspective, et imaginons-nous cette fois du côté client. Pourriez-vous acheter une œuvre d’art en NFT ? 

Si je peux me l’offrir, oui je me l’achèterai. Il faudrait qu’il s’agisse d’un coup de cœur ! Néanmoins, je le verrai plus à travers le prisme de l’investissement, de la constitution d’un patrimoine, et moins à travers celui de la collection. 

 

A savoir
Instagram

https://opensea.io/RitaArtist
 

 

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