Quel ouvrage avez-vous voulu dé-ranger ? Et où se trouvait-il ?
Mon ouvrage dérangé est “Récits et recettes” de Walid Mouzannar. Il était dans la bibliothèque du bureau, à l’Agenda Culturel. Je ne l’avais jamais lu, mais en le découvrant il y a quelques mois de cela et en le lisant je me suis dit que c’était une pépite en même temps qu’un témoignage précieux sur le Beyrouth d’autrefois. Il faut partager cette trace de notre histoire.
De plus, il est magnifiquement illustré par Mouna Bassili Sehnaoui.
Quel est le sujet/ l’histoire de ce livre ?
Je citerai d’abord Walid Mouzannar dans sa préface « A la mémoire de mes parents et à mes petits-enfants, pour que les nouvelles générations connaissent leurs traditions, leur terroir et leurs racines, et que se perpétue et se renforce l’esprit de famille».
Dans sa partie ‘Recits’, il raconte donc l’histoire de sa famille, mais aussi l’ambiance des années 40 et 50, les fêtes et traditions, les souks et autres histoires cocasses. C’est émouvant, nostalgique malgré nous, et très instructif. Dans la partie ‘Recettes’ il offre des dizaines de recettes traditionnelles et qui, oui, nous rattachent à nos racines.
Quels sont vos sentiments personnels par rapport à ce livre ?
Au début de la guerre, j’avais 8 ans. Je connaissais un peu le centre-ville et mes parents m’en parlaient de temps en temps. J’ai pu donc raviver ces souvenirs, les miens (quoique fragiles) et ceux de mes parents pour revivre cette part de notre histoire commune.
Je me suis aussi dit que cet ouvrage est important pour mes enfants Nour et Malek qui eux, n’ont même pas idée de ce que pouvait être alors Beyrouth. Mais leur faire lire un livre de nos jours ne sera pas très facile non plus……Peut être que je peux plus les attirer par les recettes que M. Mouzannar partage, sachant que les deux cuisinent bien, l’une à Londres et l’autre à Genève !
Le livre a aussi fait le bonheur de ma mère. Ma mère est française et vit au Liban depuis 60 ans. Elle a connu ce fameux âge d’or du Liban et a pu y retrouver les ambiances qu’elle avait vécues.
Les recettes aussi ont fait sa joie et elle se concocte des fatté et des courgettes ‘gheir chekel’ !
Un dernier mot
Ce livre est un petit trésor de par sa charge émotionnelle. Personnellement, j’ai tendance à penser et à répéter que « nous conjuguons notre pays au passé ». Ce livre en est aussi la triste preuve. A sa lecture on regrette tout ce qui a disparu dans le Beyrouth d’autrefois. On se console un peu néanmoins en tournant ces pages. Et bien sûr, les recettes sont une référence pour une bonne cuisine traditionnelle.
Ce livre est en français. Il a été édité aux éditions L’Orient-le jour en novembre 2010. Il a été vendu au bénéfice de l’Association du centre Mar Semaan et en soutien aux œuvres de l’Association Libanaise des Chevaliers de Malte. Il est encore disponible dans les librairies.
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