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Plume de Sang, un roman noir et palpitant de Nada B. Raad

06/04/2023|Nelly Helou

Architecte, écrivaine et journaliste, née à Beyrouth, Nada Bejjani Raad vit en France depuis 1989 où elle exerce son métier d’architecte, sans pour autant cesser d’écrire depuis son plus jeune âge. Après son premier roman « Le jour où l'agave crie » en 2017, elle publie aujourd’hui un nouveau roman sous la forme d’une enquête policière, intitulé « PLUME DE SANG » et publié par les éditions Artliban Calima que dirige Nidal Haddad.

 

Une histoire de meurtres en série à la lumière de l’enquête de… l’inculpé.

Le sujet traité par l’auteure dans ce roman fascinant et noir est loin d’être ordinaire. C’est une histoire réelle survenue en 2008 dans un des pays de l’Ex-Yougoslavie. La police y avait arrêté un journaliste soupçonné d’être le reporter de ses propres crimes. Trois femmes âgées avaient été séquestrées, violentées et tuées à quelques années d’intervalle, dans une ville jusque-là sans histoire.

 

Au fil de ce récit palpitant et sombre, l’auteure croise les faits avec les propres écrits du suspect, et déroule, avec l’histoire, les questionnements de ce dernier, ses phases d’euphorie et d’abattement et le clivage de sa personnalité. Elle se rend en Ex-Yougoslavie sur les lieux du crime, séjourne sur place et ébauche en arrière-plan la fresque historique et sociale d’un pays engoncé dans une profonde crise économique.

 

Nous avons posé quelques questions à Nada B. Raad pour un meilleur éclairage sur son roman.

 

Pourquoi avoir choisi ce sujet ? 

J’étais à mon bureau quand j’ai découvert dans la presse cet article insolite, illustré par la photo de ce bel homme svelte qui semblait fourvoyé par mégarde dans une histoire qui le dépassait. Voulant comprendre ce qui s’était passé, j’ai mis de côté les coupures de journaux me promettant qu’un jour je me pencherai sur l’affaire. Ce que j’ai fait dix ans plus tard. 

 

Par où faut-il commencer une enquête pareille ?

J’étais persuadée que pour comprendre cet homme, il fallait d’abord lire ses articles. Or j’ai constaté que, sur le net, ils avaient tous disparu. J’ai alors pris contact avec tous ceux qui avaient relayé l’affaire. Grands reporters, journalistes, cinéastes ainsi que la rédactrice qui publiait ses billets et une physicienne locale de renom qui, dans les divers reportages, était la seule à les aborder. C’est elle qui, suite à mes demandes réitérées, finit par me les transmettre. Bien que nécessitant un long travail de traduction, ils ont dépassé toutes mes attentes. Elle m’a même servi de guide lors du voyage que j’ai entrepris là-bas. 

 

Peut-on rentrer dans la tête des tueurs en série ? 

J’ai beaucoup lu à leur sujet, en particulier ce qu’avait écrit John Douglas, un des premiers profileurs du FBI, ainsi que les écrits du psychiatre Daniel Zagury qui décrit comme l’orfèvre de l’expertise pénale. J’avais déjà étudié la perversion narcissique dont il dit qu’elle est présente dans leur personnalité avec deux autres traits de caractère : la psychopathie et l’angoisse de néantisation, tous trois à des degrés variables. J’ai même relu Poil de carottes et Vipère au poing, que Michel Fourniret cite d’emblée quand on l’interroge sur son enfance. Tenter de comprendre un tueur en série est une expérience unique et très dure dont on ne sort pas vraiment indemne. Ainsi, on perçoit chez lui, avec le clivage de sa personnalité, quelque chose de dévitalisé qui nous affecte. 

 

Vous dites que cette énigme, jusque-là, n’était pas entièrement résolue. Quelles sont les potentielles répercussions sur votre roman ? 

Jusque là, dans les documentaires ou les articles publiés à son sujet, seules quelques phrases de l’inculpé sont citées : « La cause du double acte criminel reste un mystère », « Le corps était […] entouré d'un câble téléphonique qui avait précédemment servi à étrangler la malheureuse. ». Détail qui n’avait jamais été livré à la presse et qui a mis la police en alerte. L’intérêt de ce roman est le déroulé conjoint à l’histoire de la propre chronique du journaliste, concomitante parfois avec les faits. En plus d’offrir au lecteur la rare opportunité de lire dans le texte celui qui fut peut-être un tueur en série, ces éléments encore inexploités apportent indéniablement à l’énigme un éclairage nouveau. 

 

Êtes-vous toujours intéressée de connaître les développements de l’enquête pour donner suite à votre roman ?

Écrire est, pour moi, une action qui se suffit à elle-même. J’étais étonnée par le passé de voir avec quelle facilité je pouvais tourner la page, une fois un sujet couché sur papier. Je crois qu’en traitant celui-là de manière si exhaustive, j’ai eu mon content et ai été payée de retour. 

 

Après ce premier roman policier, envisagez-vous de vous lancer dans ce genre littéraire ? Y a-t-il du nouveau dans vos projets ?

Pour le prochain, je me laisserai porter. Je ne prévois pas ce que j’écris à l’avance. Même si je constate, à en juger les premiers, que j’ai besoin de me mettre en danger, j’espère que le prochain sera lumineux et serein. 

 

A savoir

PLUME DE SANG de Nada B. Raad, Artliban Calima, 190 pages, 15 $

Le lancement du roman aura lieu le mercredi 12 avril

De 16h00 à 18h00

À l’Ordre des Médecins - Tahwita.

 

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