L’Agenda Culturel vous présente ces associations et les personnes qui leur donnent vie. Voici le parcours de Lana el Solh, fondatrice de l’association Min Beib La Beib.
Quelle est la mission de votre association ?
Min Beib La Beib (de Porte à Porte) a pour mission de collecter les meubles dont vous n’avez plus besoin et de les livrer aux familles démunies avec qui nous sommes en contact sur tout le territoire libanais. Nous nous occupons, bien sûr, des frais de transport.
Qu’est-ce qui vous a motivée au niveau personnel pour entreprendre cette initiative ?
Depuis mon plus jeune âge j’ai été sensibilisée au bénévolat, notamment grâce à l’engagement de ma tante Sana Tawil, une femme au grand cœur.
Ma première expérience de gestion d’ONG était en Roumanie où j’ai vécu pendant quelques années. J’étais en charge de l’ONG “Pentru Familie” qui prenait en charge les familles démunies et des enfants délaissés dans les quartiers pauvres de Bucarest. J’étais très investie et mes filles ont vécu et grandi au rythme de cette ONG. Puis nous sommes rentrés à Beyrouth en 2008 et ce même sentiment de tendre la main vers l’autre ne me quittait pas. Je suis devenue membre de l’association Ashghalouna, une association qui vient en aide à un groupe de veuves de Beyrouth.
En septembre 2019, un incendie ravage l’appartement d’une des veuves et de ses enfants. Elle se retrouve sans logement et demande désespérément de l’aide. Bien qu’ayant fait tout notre possible au centre pour l’aider et l’ayant aussi soutenue moi-même sur le plan personnel, ce n’était pas suffisant. L’idée de publier un appel sur Facebook était la seule solution envisageable pour obtenir de l’aide.
Devant l’afflux d’aides reçues, grâce à la générosité des familles libanaises, la veuve a pu surmonter ses difficultés. Quel bonheur ! On ne s’y attendait vraiment pas. Ensuite, le fait que d’autres familles en détresse pourraient être dans la même situation me tourmentait. Je ne pensais qu’à ça : ouvrir un dépôt, recevoir des meubles en bon état et les redistribuer à des familles nécessiteuses et ainsi leur apporter du réconfort tout en leur montrant qu’elles ne sont pas abandonnées. Un projet qui ne me laissera pas dormir jusqu’à ce que Min Beib La Beib voit le jour en décembre 2019. Partageant cette initiative avec un groupe d’amies, nous travaillons inlassablement pour ouvrir un dépôt, puis un bureau, à créer un logo… Le projet a connu rapidement un grand succès.
Avec les difficultés que traverse notre pays, Min Beib La Beib apporte un réconfort aux personnes qui sont de plus en plus dans le besoin. C’est aussi un projet qui rapproche les gens : on embauche la camionnette d’un monsieur au chômage et son voisin participe ! Main dans la main, on travaille “de porte à porte” sans répit. Les jeunes volontaires se précipitent pour trier les gros colis d’habits reçus ce qui demande beaucoup de travail d’organisation. Grâce à la générosité de notre entourage, au nombre de meubles, d’habits, de boites de nourritures et d’aides que nous recevons de toutes les régions libanaises, Min Beib La Beib réussit à ramener une lueur d’espoir et de gaité aux plus démunis.
Comment entrez-vous en contact avec les personnes que vous aidez ?
Au départ, nous avons bien sûr informé plusieurs associations autour de nous des services qu’offrait notre initiative. C’est un projet qui n’existe pratiquement pas au Liban et devant la gravité de la situation actuelle, nous avons rapidement reçu des appels de familles en détresse en plein cœur de Beyrouth ainsi que dans les régions. Avant de leur venir en aide, nous nous rendons à leur domicile pour évaluer leurs vrais besoins. Notre intervention repose sur ces enquêtes. Nous avons en ce moment une liste qui comprend 450 familles.
De qui est composée votre équipe ?
Le comité est formé d’un groupe d’amies qui partagent le même enthousiasme. Il s’agit de Ghida Yammine, Rawiya Baalbaki, Dina El Fil et Maya Tawil, qui est derrière le logo du projet. Mon mari, notre conseiller et partenaire silencieux est très impliqué dans la stratégie et la démarche à suivre pour Min Beib La Beib. La réussite de notre projet dépend de la qualité du travail réalisé individuellement par chacune !
Comment êtes-vous financés ?
Min Beib La Beib est un projet principalement basé sur des donations matérielles. C’est ce qui en fait son succès principal. Toutefois, un financement était indispensable pour le transport et nous l’avons assuré au début par nous-même. Puis, grâce à la reconnaissance de notre mission, beaucoup d’aides financières nous sont parvenues ce qui nous a permis d’ajouter à chaque livraison de meubles un carton de denrées alimentaires qui est toujours le bienvenu !
Quels sont vos plus grands défis ?
La pandémie de covid-19 nous a contraints à prendre d’autres mesures d’aides tout en préservant notre mission principale. Devant la détresse de nos familles, nous avons lancé la campagne de distribution de bons d’achats de COOP aux 450 familles que nous soutenons ; une campagne qui dure toujours. La crise nous oblige à avoir une relation virtuelle avec nos familles. Notre plus grand défi est de reprendre notre activité principale en entamant des visites sur place et comprendre mieux leur désarroi et leurs besoins.
Quels sont vos projets futurs ?
Les projets de Min Beib La Beib évoluent selon la situation du pays. Cependant notre équipe veut mettre en œuvre indépendamment de la crise, un projet de réhabilitation des appartements avant l’installation des meubles ainsi qu’une aide financière pour le paiement des frais de location. La création d’une chaine d’aide alimentaire dans plusieurs quartiers est aussi sous étude pour le moment.
Comment peut-on aider ?
Pour les donations, vous pouvez nous contacter à travers notre email ou notre page Instagram.
Un compte sur la plateforme de crowdfunding zoomaal.com a été créé pour les aides venant de l’étranger et les paiements par carte de crédit.
Min Beib La Beib
Immeuble Tajer, Rue Clemenceau, Beirut
+961 3552044 / 76 075 139
Instagram : @minbeiblabeib
Facebook : Min Beib La Beib
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