Alors qu’ici les étagères croulent sous les bébelles, que les magasins grouillent d’acheteurs compulsifs et que les cartes de crédits font exploser leurs plafonds, sous d’autres cieux, les déplacés, les terrorisés, les oubliés de la planète se débattent contre des tragédies imposées.
Zoom in : le scénario est le même à plus petite échelle. Dans un même pays, des citoyens sensés être égaux se fendent la peau des fesses pour boucler leurs fins de mois alors qu’une poignée de happy few s’étripe sur un gâteau lui-même convoité par les plus puissants. Ceux là même qui bouffent voix et avoirs de milliards de personnes noyées dans une société de divertissement extrême, cédant ce qui leur reste comme indignation dans une effroyable spirale de déni ; chacun essayant de tirer la couverture de son côté, dans un réflexe de survie. Et le mot n’est pas exagéré.
Sauf que, l’année 2019, que nous avons hâte à voir se terminer, a quand même, dans son désarroi, assisté à une onde de protestations inusitée. La révolte s’est installée un peu partout sur la planète. Des centaines de milliers de gens se mobilisent pour dire « Non ». Chili, Guinée, Catalogne, Hong Kong, Algérie, Soudan, Bolivie, Inde, Irak, Haïti, France jusqu’à la Suède où la petite Jeanne d’arc de l’environnement, Greta Thunberg, crie « non » sur le bûcher du réchauffement climatique ; tous ces pays, le Liban en tête, sont de concert pour s’ébouriffer, se dépoussiérer et espérer le mieux pour la nouvelle année.
Quant à nous, Libanais, en cette veille de Noël, nous avons une demande extrême au Père Noël : Réussir à être un véritable pays-message qui va révolutionner le monde.
Et puis pourquoi pas ? Le Sauveur est bien né dans nos régions. Il a prêché la tolérance que nous vivons au quotidien. L’entraide, la solidarité, le partage auquel nous assistons n’est-il pas le fruit de son enseignement ? Et si on se mettait à espérer que notre « Non » pacifique soit une réponse à la violence et à la guerre dans le monde ? Et si on rêvait d’être ce peuple parti à la reconquête de notre humanité au bord de la détresse, perdue dans la consommation et l’appât de toutes sortes de gains?
Dans la nuit du 24 décembre, les souhaits les plus fous peuvent être exaucés. Il suffit d’y croire.
ARTICLES SIMILAIRES
Claude et France Lemand Chevaliers de la Légion d’honneur
08/04/2024
"Violence du cœur. Violence de la raison"
Carole Medawar
05/03/2024
Le musée byzantin de Beyrouth
Zeina Saleh Kayali
07/01/2024
La réouverture tant attendue du Musée de la Préhistoire libanaise
Lise Picquette
15/02/2023
Prix Boghossian : appel à candidatures
Amaya Singh
11/08/2022
Le calvaire des libraires après le 4 août
05/08/2022
La dichotomie d’une nation
Myriam Nasr Shuman
04/08/2021
Les lauréats du programme NAFAS révélés !
01/07/2021
Les mots de Janine Safa
Gisèle Kayata Eid
25/05/2021
Lancement du programme 'NAFAS', 100 résidences d’artistes libanais en France
15/03/2021