Le « Caminante » de Alida Torbay au MACAM: Une œuvre miroir d’une introspection sur l’évolution du monde
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Horaires d’ouverture : de Vendredi à Dimanche uniquement sur rendez-vous entre 10h et 16h.
Tél. : +961 79 15 79 18

L'artiste Alida Torbay - Photo par Georges Abou Ghazaly

Alida Torbay, artiste libano-vénézuélienne multidisciplinaire, présente l'exposition intitulée « Caminante » au MACAM (Modern And Contemporary Art Museum), après l’Institut Cervantes de Beyrouth. Inspirée du poème « Caminante » d'Antonio Machado, Alida Torbay célèbre le voyage de l'individu à travers la vie, incarnant l'idée que le chemin se crée en marchant.

« Caminante, no hay camino, se hace camino al andar » (« Marcheur, il n'y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant »), ces mots de Machado interpellent Alida Torbay et l'inspirent à entreprendre un voyage artistique qui explore la nature même de l'existence. Elle dévoile une œuvre, miroir d’une introspection sur l’évolution du monde. Alida Torbay puise au sein de ses propres voyages à travers le monde, ainsi que des expériences et des rencontres qui ont jalonné son chemin, nous invitant par là même à nous interroger sur notre propre cheminement à travers la vie.
Angelo Gioè, est le commissaire de cette exposition. Il dirige actuellement l’Institut Culturel Italien de Beyrouth.

L’exposition « Caminante » présente un mélange captivant de sculptures en bronze et en résine et d'installations qui symbolisent la nature dynamique du voyage.
Le public est accueilli à l’entrée par une installation sonore avec le poème « Caminante » lu en arabe par l’acteur Rifaat Torbey et en espagnol par Angelo Gioè.

Des sculptures en résine accompagnent le chemin tout au long du parcours représentant des pas géants, illustrant visuellement la progression constante de l'individu à travers le monde. Des statues en bronze occupent la salle, chacune avec sa propre connotation : l’une d’elles, une représentation en position assise sur un banc avec une valise ouverte, symbolisant l'émigrée. Une autre, « Fille avec des ballons » incarne le rêve et la légèreté, tandis que « Femme avec un masque » rappelle la dualité de notre identité, représentée par les masques que nous portons tout au long de notre vie.

Les visiteurs découvrent ainsi une vingtaine de sculptures anciennes et nouvelles, dont trois se distinguent par leur importance particulière. « Le Marcheur », porteur d'une vidéo dans son ventre, explore la complexité de notre identité façonnée par les masques que nous arborons. Deux mariées, l'une en blanc et l'autre en noir, reflètent respectivement la décomposition de la nature, la revendication à la différence et la lutte pour la liberté face aux défis de notre époque, aux dogmes religieux, aux démocraties en péril, aux nouvelles dictatures en tout genre et à la technologie non humaniste. Alida Torbay adopte une démarche visant à rappeler que les démocraties et les libertés sont fortement menacées si on ne les défend pas.

Pour Alida Torbay, « Physiquement et techniquement, émerge le surhomme surdimensionné, l’homme oublieux de sa dimension spirituelle, morale et éthique. Comment survivre sans humanisme ?».

« Caminante » est bien plus qu'une simple exposition ; c'est une véritable odyssée artistique qui transporte le spectateur à travers les émotions et les expériences qui ont marqué la vie de l’artiste, une exploration visuelle et sensorielle. À travers une série de sculptures en bronze et en résine, d'installations immersives et de vidéos évocatrices, elle nous guide dans un voyage introspectif, nous invitant à réfléchir sur notre propre chemin de vie.

Pour Angelo Gioè: « La condition du « Caminante » est la condition biologique primaire, inéluctable, de notre propre être humain. Marcher nous transforme, marcher nous rend humain, marcher dénoue nos nœuds, lubrifie nos pensées, active nos organes, nous accroit ».

Au cœur de « Caminante » se trouvent des thèmes universels tels que l'identité, le passage du temps, la liberté et la condition humaine.  À partir des mots intemporels de Machado, Alida Torbay s’emploie à explorer l'âme humaine, nous invite à contempler notre propre existence avec un regard neuf et ouvert mais surtout nous appelle à l'action : une invitation à réfléchir sur notre place dans le monde et sur les valeurs qui nous animent. Dans un monde en perpétuel mouvement, où les certitudes semblent s'effriter et où les repères traditionnels sont remis en question, « Caminante » offre un espace de réflexion et de contemplation, une opportunité de se reconnecter avec ce qui est essentiel et authentique dans nos vies à travers un voyage artistique qui éveillera les sens et nourrit l’esprit.

Une performance de danse contemporaine spécialement créée pour l’inauguration de l’exposition a été présentée par le Beirut Physical Lab.

Sur l’Artiste
Alida Torbay apporte à son travail toute la richesse de son parcours. Elle commence son chemin en tant qu'avocate après ses études de droits à l'Université St Joseph de Beyrouth. Puis, en 1989 elle quitte le Liban pour poursuivre des études de bioéthique à l'Université de Barcelone en Espagne, et des études de philosophie à l'Université Simon Bolivar de Caracas. Après avoir dirigé une compagnie de représentation médicale et avoir soutenu Milbermar, l'action sociale et médicale de plusieurs religieuses dans les Barrios de Los Teques, elle quitte le Venezuela en 2015 et devient citoyenne du monde. Une vraie « Caminante ».

Son expérience artistique a débuté dans les années 2000 au Venezuela, où elle a étudié la sculpture au Musée d'Art Contemporain de Caracas et où elle a participé à plusieurs expositions collectives. C'est là-bas qu'elle se découvre une passion pour l'art sculptural, explore les techniques et les expressions artistiques qui vont forger l’empreinte de son œuvre future. Son travail vient à bout de thèmes de l'identité, de la liberté et de la condition humaine. Son art est donc le résultat de ses réflexions profondes et de son engagement artistique envers la beauté et la vérité.

Photo de groupe: Alexandra Karam (réalisatrice), Moustapha Yamout (Zico House), Alida Torbay, Angelo Gioè et Diala Nammour (MACAM) - Photo par Georges Abou Ghazaly