« Le Parfum des Nuages » : l’exposition du bédéiste Zarbo à la Fondation Corm
22/02/2024|Garance Fontenette
La Fondation Corm ouvrira ses portes du 1er au 9 mars 2024 pour présenter l’exposition et la bande dessinée « Le Parfum des Nuages », d’Olivier Garro, connu sous le nom de Zarbo. Cette exposition offre un voyage captivant à travers le domaine de Chambouk au Akkar, où l'artiste y a résidé en mars dernier. Entre documentaire et récit de voyage, ses aquarelles nous immergent dans les paysages et les problématiques qui animent cette région. Accompagné d’une musique originale jouée par des artistes libanais, cet événement promet un moment immersif, offrant une combinaison envoûtante de documentaire et de récit de voyage.
Rencontre avec Olivier à la Fondation Corm qui nous partage son processus artistique pour cette bande dessinée et son engagement pour mettre en lumière les histoires « invisibles ».
Dès le début de notre entretien, Olivier m'a révélé qu’à l'origine, « Le Parfum des Nuages » avait été conçu comme une exposition avant de devenir aussi une bande dessinée. Il présentera douze grandes aquarelles représentant les douze mois de l'année, ainsi que 80 autres, plongeant ainsi les spectateurs au domaine de Chambouk. Pour offrir une expérience sensorielle aux visiteurs, l'exposition est accompagnée de sons enregistrés dans le Akkar ainsi que d'une musique originale jouée par des artistes libanais bénévoles. Zarbo décrit cette exposition comme « une promenade dans la ferme auberge de Chambouk », offrant ainsi aux visiteurs une pause ressourçante, loin de l'agitation de Beyrouth.
Sa première rencontre avec Haykal et son fils Thomas, deux figures emblématiques de Chambouk, lors de sa première visite, a été déterminante pour donner vie à ce projet. Bien que des liens humains se soient tissés, l’artiste insiste sur le fait que son objectif principal était de « raconter le lieu » à la manière d’un « documentaire ».
Une autre rencontre qui a été capitale pour l’artiste est celle avec Antoine Daher, l'auteur libanais qui l'accompagne dans la diffusion du « Parfum des Nuages ». Après leur première rencontre à Chambouk, Antoine a entrepris de traduire le texte de Zarbo en arabe. Une volonté de l’auteur pour rendre accessible cette bande dessinée aux libanais non francophones. Le texte étant « volontairement poétique dans le livre pour transmettre une ambiance » me précise-t-il, cette collaboration semble avoir permis de préserver l'essence même des récits.
Le processus de création de Zarbo.
Son processus de création pour ses bandes dessinées est rigoureux. Comme il le dit, « mes aquarelles ressemblent aux paysages réels, mais avec une touche personnelle ». Pour dépeindre un lieu ou une personne, il jongle avec de nombreux détails qu'il assemble habilement pour créer une harmonie. Chaque page de ses bandes dessinées raconte une histoire qui va au-delà du paysage. Dans « Le Parfum des Nuages », « la production d'arak et de fromage de chèvre est centrale, mais je traite également des problèmes de pollution, d’électricité et d’eau » m’explique-t-il en me montrant ses story-boards.À travers ses aquarelles et ses histoires, Zarbo nous transporte dans au cœur de la ferme de Chambouk, révélant les défis de la vie quotidienne dans cette région libanaise.
« Mon approche est un mélange de journalisme et d'anthropologie. Je m'immerge dans l'action, prenant des notes et analysant les moments que je vis » décrit le dessinateur. Il effectue des recherches approfondies aux archives et aux bibliothèques, réalise des croquis sur le terrain, enregistre des vidéos et des entretiens. De nombreuses recherches sur les couleurs également « car elles peuvent transmettre des ambiances et des émotions » m’explique-t-il. Chaque détail est donc soigneusement étudié et intégré dans ses œuvres, donnant vie à des récits authentiques et émouvants.
L’engagement de Zarbo envers les histoires « invisibles ».
Sa démarche artistique est sincère et authentique, « en tant que conteur d'histoires, mon objectif est de rendre visible ces histoires souvent ignorées », me décrit humblement Olivier. « Notre monde est rempli d'histoires racontées par des personnes comme les politiciens, les écrivains et les journalistes. Ces récits sont partout. Mais il y a surtout des histoires invisibles » m’explique-t-il. Pour lui, il est essentiel de mettre en lumière ceux que l'on ne voit pas, que l'on n'entend pas, mais qui jouent un rôle crucial dans le fonctionnement de la société. Pour cela, il se concentre sur « les personnes qui m'entourent et aux événements actuels, en essayant de rester fidèle à la réalité sans exagérer les histoires que je raconte », me précise l’auteur.
Zarbo cherche à diffuser son travail de différente manière, pour « faire sortir l’histoire du livre » comme il le dit. L’auteur en est conscient, « le public des bandes dessinées est souvent limité, et beaucoup de gens n'ont pas accès à ce média ». Pour amener son travail à d’autres publics, sa bande dessinée « Le Concombre » a été dévoilé intégralement sur Instagram avant que le livre officiel ne paraisse en juillet prochain. Actif sur Youtube, il expose également son processus de création à travers de courtes vidéos nous plongeant dans son univers créatif.
L’auteur revendique son statut d’artiste indépendant. « Je fabrique mes bandes dessinées de manière artisanale, comme un artisan. » Imprimé en seulement 500 éditions, ce fonctionnement lui permet « d'avoir une liberté totale sur les histoires que je raconte » m’explique-t-il. Pour réunir le budget nécessaire, il organise des financements participatifs. Il est ainsi présent sur la totalité du circuit de production de ses bandes dessinées. Et pour cause, « les grandes maisons d'édition ne s'intéressent généralement pas aux histoires invisibles que je veux partager » révèle amèrement l’auteur.
Cette exposition « Le Parfum des Nuages » a déjà rencontré le succès lors de sa présentation à Kobayat en novembre 2023, suscitant un échange enrichissant avec le public, notamment avec les groupes scolaires. Désormais l’exposition s'installe à la Fondation Corm à Beyrouth, promettant une expérience tout aussi enrichissante pour les visiteurs de la capitale libanaise.
Crédits : Olivier Garro
Évènements.
Samedi 2 mars à 17h : Inauguration à la fondation Corm en présence du bédéiste et de son traducteur Antoine Daher. Entrée Libre.
Mercredi 6 mars à 18h : Soirée « Distillation » mêlant lectures en arabe et en français par Antoine Daher, aquarelle par Zarbo et musique en directe, au Grand Lycée Franco-Libanais de Beyrouth. Entrée Libre.
Pour en savoir plus. cliuqez ici
A savoir
Les musiciens bénévoles :
Rita Abou Khalil au piano
Rita Slaiby Chahwan au chant
Tarek Ghandour à l’Oud
Louis Zeeny. aux Percussions
Bruno Filleton au saxophone
Blog : https://www.zarbo.info
Chaine Youtube : http://www.youtube.com/@zarbodessinateur8197
Instagram : @zarbo_dessin @le_concombre_
Campagne participative pour Le Concombre : https://fr.ulule.com/le-concombre/
Pour acheter ces livres (en papier ou en PDF) : https://ruedes.marinieres.org
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