La Zico House accueille la première exposition en solo de la photographe française Joséphine Parenthou, Tough Flowers. Son travail se concentre sur les émotions qui émanent des détails du quotidien- des détails qui évoquent la présence humaine, mais aussi son absence. Une quête de lucidité, entre tendresse et ironie. Dans cette série, elle propose d’interroger les interstices de l’intime, conjugués au masculin.
Joséphine Parenthou répond aux questions de l’Agenda Culturel.
Le titre de votre exposition est évocateur, contrasté. Où nous emmenez-vous ?
Il y a quelques années j’ai découvert l’expression “I feel tough enough to be a flower” dans une chanson d’Edward Sharpe and the Magnetic Zeros. C’est resté dans un coin de ma tête. Une expression toute simple est capable de résumer la contradiction entre l’intime, rempli d’interactions tendres et désarmantes, et un extérieur rigide.
Dans cette exposition, je souhaitais montrer cet espace privé à travers une collection de photographies prises au fil des ans : il s’agit majoritairement de proches, dans des moments où le voile tombe. Pas de modèle, de lumière artificielle ni de set up.
C’est au Liban que vous choisissez de faire votre première exposition en solo. Pourquoi ?
Cette série n’existerait pas si je n’avais pas vécu ici et rencontré une grande partie des personnes photographiées : elles ont orienté mon regard vers ces interstices émotionnels, rares, éphémères, presque insaisissables.
En même temps, mon propos n’est pas spécifique au contexte libanais et se rapproche plus d’une recherche esthétique personnelle et de l’expression d’émotions universelles. Je joue d’ailleurs avec la pluralité des médiums, qu’il s’agisse de collage numérique ou de surimpression argentique, pour proposer une re-présentation sensible de ces non-événements du quotidien.
Vous êtes également chercheuse en science politique et sociologie. Comment s’insère la photographie dans votre parcours ?
J’ai eu mon premier appareil à huit ans. Un cadeau de ma marraine, un Point & Shoot très basique. Je photographiais surtout des objets d’art – la faute à un père antiquaire qui m’emmenait dans ses pérégrinations. Je viens d’une famille d’artistes, ce qui m’a poussé à trouver ma propre voie. Je n’ai jamais cessé de prendre des photos depuis, principalement des objets et des personnes qui m’entourent - une manière de toujours se sentir chez soi, partout.
Ce moyen d’expression reste pourtant une passion. Évidemment ce que je fais en photographie est lié d’une manière ou d’une autre à une posture d’analyse. Mais à l’inverse de la photographie documentaire ou du « storytelling », j’ai besoin de me détacher lorsque je pratique la photographie, de créer un peu de beauté et de tendresse.
Quelles sont vos inspirations ?
Je crois que mes inspirations sont aussi éparses que ma vie professionnelle ou mes centres d’intérêts ! Concrètement, ça veut dire que je m’inspire autant de concepts philosophiques, d’autres disciplines artistiques comme le graffiti ou la peinture classique que de la culture populaire et sinistrée du nord de la France, ma région d’origine. Comme je le disais plus haut, je suis très attentive au regard porté aux objets, quels qu’ils soient. D’ailleurs, les natures mortes d’Irving Penn m’inspirent particulièrement. L’habileté des artisans comme du photographe à faire art à partir d’un détail me passionne et c’est ce qui a toujours forcé la composition de mes images.
Curatoriat : Célia Hassani
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